Régis le Sommier 1:58
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Manon Fossat , modifié à
Une attaque-suicide contre des soldats français au Mali a eu lieu lundi, blessant six d'entre eux. Sur Europe 1 mardi matin, le grand reporter Régis le Sommier l'a qualifiée d'inédite et a estimé que nos forces spéciales ne peuvent endiguer les causes du terrorisme et que le Mali doit reprendre son destin en main.
INTERVIEW

Une voiture piégée a attaqué lundi un véhicule de Barkhane dans le centre du Mali, blessant six soldats de la force anti-djihadiste française et quatre civils, dont un enfant. Invité d'Europe Matin mardi, le grand reporter et directeur de Paris Match, Régis le Sommier, a estimé que cette attaque était inédite. D'autant qu'elle intervient à l'heure où la France se prépare à entamer un désengagement progressif du Sahel. La force Barkhane (5100 hommes actuellement) va en effet disparaître au profit d'un dispositif recentré sur la lutte antiterroriste et l'accompagnement au combat des armées locales. 

"Les pays africains doivent reprendre les choses en main"

"Mettre fin à l'opération Barkhane est courageux. À un moment il faut prendre une décision et dire à ces pays que c'est à eux de prendre les choses en main maintenant, a jugé le grand reporter. On fait du militaire, on est excellent dans le militaire, mais on ne fait pas de contre-terrorisme, c'est-à-dire qu'on ne fait pas en sorte que les peuples reprennent leur destin en main". 

Selon lui, cette guerre est une guerre asymétrique. "C'est le message du faible au fort. Nous, nous avons toute l'armure, toutes les forces spéciales mais les terroristes ont le temps et le territoire", a-t-il poursuivi. Pour Régis le Sommier, il faut donc de former les Maliens, sans ré instaurer de conventionnel par la suite. "L'idée c'est de ne pas ramener encore des soldats français en Afrique et de se désengager progressivement. Parce que la solution politique passera par le retour de l'état Malien dans certaines zones". 

"Des conditions extrêmement hostiles"

Le projet étudié par Paris prévoit en effet que la France quitte des bases du nord du Mali - Tessalit, Kidal et Tombouctou - d'ici à fin 2021 pour concentrer sa présence sur les emprises de Gao et Ménaka, plus proches de la zone dite des "trois frontières", aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso, ainsi qu'à Niamey, la capitale du Niger. 

Encore sur place il y a quelques semaines pour suivre la force d'intervention Takuba, Régis le Sommier est également revenu sur les conditions dans lesquelles vivent les soldats français. "Il n'y a pas que les groupes armés terroristes. Le climat lui aussi est hostile et ce sont des circonstances extrêmement éprouvantes. Lorsque nous étions sur place, il a fait jusqu'à 54,8 degrés, un record. Le désert et la savane sont des conditions extrêmement arides et tout est fait pour user l'organisme".