Des habitants de Téhéran, devant un graffiti de pistolet aux couleurs américaines 1:37
  • Copié
Jean-Sébastien Soldaïni, édité par Maxime Dewilder , modifié à
Téhéran a décidé de reprendre ses activités nucléaires et de revenir sur l’accord de Vienne conclu en 2015 en réponse aux sanctions américaines. Sur place, la population fait les frais des décisions gouvernementales.
REPORTAGE

Lorsque les Iraniens font les comptes sur leurs listes de courses, ils ont le tournis. La flambée des prix est vertigineuse. Sur les étals, sucre, riz ou poulet coûtent trois fois plus cher qu'il y a un an. Cette augmentation est une conséquence directe des sanctions américaines contre l'Iran.

Sur place, Leïla ne voit plus d'intérêt à des tractations sur le nucléaire iranien qui s'éternisent : "En se retirant progressivement de l'accord, ils n'agissent pas pour le peuple, ils agissent pour leurs propres intérêts. Allez voir certains puits de pétrole et vous comprendrez qu'ils arrivent à contourner les sanctions. Ils ne font rien pour nous. Les prix du pain et du beurre, c'est de pire en pire..."

"Les gens ont peur de manifester"

Aux abords du marché, Adi surprend la conversation. Il demande à s'éloigner un peu de la foule pour lui aussi désapprouver la stratégie de son gouvernement : "Tout ce qu'ils veulent, c'est gagner du temps pour rester au pouvoir et protéger toute leur clique. Pendant ce temps, il y a un vrai mécontentement qui monte, progressivement. Ça se voit sur certains réseaux sociaux. Ça se limite à ça pour l'instant car les gens ont peur de manifester. Ils craignent une répression..."

Et le sujet visiblement passionne. À la vue d'un micro étranger, beaucoup se présentent spontanément pour valider ou contester la stratégie des dirigeants iraniens. Une envie de parler qui sonne presque comme un appel à l'aide.