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Nicolas Tonev (à Mykolaïv), édité par Laura Laplaud , modifié à
En Ukraine, les troupes russes ont encore progressé et ne cessent de bombarder le Donbass et le sud du pays au point que certains habitants, qui ne voulaient en aucun cas quitter leurs maisons, doivent désormais s'y résoudre après quatre mois de guerre. L'envoyé spécial d'Europe 1, Nicolas Tonev, est sur place à Mykolaïv.
REPORTAGE

Ils étaient déterminés à résister, ils auront tenu quatre mois. Alors que les forces russes intensifient leurs bombardements sur le Donbass et le sud de l’Ukraine, certains parmi les Ukrainiens qui avaient décidé de ne quitter à aucun prix leur village, commencent finalement à le faire. C'est le cas dans la région de Mykolaïv, à une centaine de kilomètres d’Odessa. Notre envoyé spécial est sur place.

L'exil avant de perdre la raison

La ville est le verrou stratégique qui empêche les Russes de progresser vers Odessa. Les Russes le savent bien et c'est pour cette raison que la région fait l’objet de bombardements quotidiens. Après quatre mois de guerre, certains de ceux qui restaient sur place n’en peuvent plus et choisissent finalement l’exil avant de perdre la raison.

Les 86 noms des personnes résolues à fuir le pays sont appelés à monter dans un bus qui les conduira à Chișinău en Moldavie. Sous les bombes depuis des mois, ces hommes et femmes ont craqué. "Devant nos yeux, un immeuble de cinq étages a brûlé, carbonisé, tout y est passé...", raconte une habitante. "Je n'en peux plus, tout simplement. C'est terrible, ça prend les nerfs. Je ne veux plus vivre ici alors que c'est chez moi, alors que ma famille, mes parents, sont enterrés ici. Tout est horrible", continue-t-elle en pleurant.

Les personnes avec un handicap ou avec des animaux entrent en premier dans le bus blanc. "Pas d'inquiétude, il y a assez de place", précise Sacha, le conducteur. Un trajet de 10 heures que Yevgeny fera avec sa mère de 80 ans, Valentina. "On a plus d'économies, plus de salaire et plus de travail", déplore-t-elle.

"La Russie a volé notre vieillesse"

"Nous avons peur, tenir dans une telle situation n'est pas possible, on ne sait pas combien de temps ça va durer, tu ne vois pas de perspective, tu ne vois pas d'avenir, la Russie a volé notre vieillesse", regrette Valentina. Le bus s'éloigne de Mykolaïv mais la tension est toujours présente. "Chers passagers, détendez-vous, ne vous inquiétez plus, il nous reste trois heures avant la frontière, on essaye de faire le plus vite possible", informe le conducteur. La dernière épreuve : quatre heures entre les douanes avant cette triste garantie de sécurité pour tous, hors de leur patrie.