Refus italien d’accueillir les migrants de l'Aquarius : "ce n'est pas du racisme"

Matteo Salvini a fait fermer les ports italiens juste avant le début des élections municipales
Matteo Salvini a fait fermer les ports italiens juste avant le début des élections municipales
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Gwendoline Debono, édité par Ugo Pascolo
Le refus de Matteo Salvini, ministre de l'Intérieur italien, d'accueillir les migrants bloqués sur l'Aquarius semble faire l'unanimité dans les rues de Naples. Mais le maire de la ville dénonce le cynisme et le calcul politique qui se cache derrière cette décision. 

Le refus italien a été catégorique. Alors que les 629 personnes à bord de l'Aquarius devraient finalement rallier l'Espagne, la première décision de Matteo Salvini, a été ferme : non, l'Italie n'accueillera pas ces migrants. Mais à Naples, la décision du nouveau ministre de l'Intérieur issu du parti d'extrême droite de la Ligue semble faire l'unanimité, même si le maire de la principale ville de Campanie en appelle à l'humanisme. 

"Ce n'est pas du racisme". "Matteo Salvini a fait plus en une semaine que tous les gouvernements précédents". Il n'est pas rare d'entendre cette phrase dans les rues de Naples où s'est rendue notre journaliste. "Ce n'est pas que Salvini refuse personnellement d'accueillir ces gens", explique un napolitain. "Mais à un moment, il fallait prendre cette décision. (...) Je suis d'accord avec lui et ce n'est pas du racisme : ce n'est pas juste que nous, Napolitains, méridionaux, soyons les seuls à payer pour eux", développe-t-il. 

"L'Europe a laissé l'Italie seule". Avec 700.000 migrants arrivés en cinq ans, l'annonce de Matteo Salvini porte aux oreilles des Italiens. Mais certains dénoncent le cynisme derrière cette décision. "On a devant nous des personnes qui sont en train de mourir. Si tu ne les sauves pas, tu es qui ? Qu'est-ce que tu veux construire ?", lance Luigi de Magistris, maire de Naples, qui a proposé d'accueillir les migrants de l'Aquarius. 

"Après, nous sommes tous d'accord pour dire que l'Europe a laissé l’Italie seule, mais face à ça nous devons penser d’abord à la condition humaine. Alors que Salvini, lui, est encore en campagne électorale", explique l'édile. L'analyse du maire de Naples semble cohérente : Matteo Salvini a annoncé la fermeture des ports juste avant le début des élections municipales [le 10 juin, 10% des communes italiennes ont voté, ndlr]. La Ligue, dont il est le chef, y a enregistré une forte progression.

Finalement, sous la pression, l'Italie a consenti à affréter des navires pour transporter les migrants jusqu'en Espagne, où le nouveau gouvernement de Pedro Sanchez a proposé son accueil.