L'historien Jean-François Colosimo et le chroniqueur international Renaud Girard étaient les invités du Grand Rendez-vous d'Europe 1/CNews/Les Échos. 4:49
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Laura Laplaud , modifié à
Au lendemain d'un coup de force spectaculaire du groupe paramilitaire Wagner en Russie, faisant trembler le Kremlin et affaiblissant Vladimir Poutine, l'historien Jean-François Colosimo et le chroniqueur international du "Figaro" Renaud Girard étaient les invités du Grand Rendez-vous d'Europe 1/CNews/Les Échos ce dimanche. Désormais, la question du possible soutien de l’armée et des services de renseignement à la rébellion se pose.

Pourquoi Evguéni Prigojine n'est-il pas allé jusqu'au bout de sa rébellion ? Au lendemain d'une journée sous haute tension en Russie, marquée par la rébellion armée du groupe Wagner, cette question est dans toutes les têtes. Alors qu'il affirmait être samedi matin dans le quartier général de l'armée russe dans la ville de Rostov, centre clé pour l'assaut russe contre l'Ukraine, et avoir pris le contrôle de sites militaires, dont un aérodrome, et se diriger droit vers Moscou, il a finalement fait machine-arrière après une médiation menée par le président biélorusse Alexandre Loukachenko.

Poutine considéré comme "un looser"

Tous les regards se tournent désormais vers Vladimir Poutine. La présidence ukrainienne a d'ailleurs immédiatement pointé du doigt la "faiblesse" du dirigeant russe "humilié par Prigojine"

D'après le chroniqueur international du Figaro Renaud Girard, invité du Grand Rendez-vous d'Europe 1/CNews/Les Échos dimanche, Vladimir Poutine est désormais considéré par beaucoup comme un "mou", un "looser". "Ce qui est intéressant chez Prigojine, c'est qu'il n'a pas seulement critiqué tactiquement Poutine. C'est aussi une critique stratégique car dans sa déclaration samedi matin, il a critiqué l'entrée en guerre de l'Ukraine. Il a même dit que Poutine avait menti à la population et il avait promis de 'libérer la Russie du mensonge et de la corruption'. Évidemment, il n'a rien fait", a-t-il évoqué.

Prigojine aurait-il eu "des formes de feux verts implicites" ?

Alors qu'Evguéni Prigojine s'était dit prêt à mourir avec ses 25.000 hommes et prêt à détruire tout ce qui sera mis sur sa route, le chef du groupe Wagner va finalement quitter le pays pour le Bélarus et l'enquête pénale le visant va être abandonnée. Comment Vladimir Poutine, considéré comme l'homme fort de la Russie, a-t-il pu se laisser frontalement défier ? "Poutine n'a pas plus de poids que cela, il a perdu sa domination", a avancé l'historien Jean-François Colosimo, invité du Grand Rendez-vous d'Europe 1/CNews/Les Échos, qui ne croit pas qu'Evguéni Prigojine ait pu agir seul. 

Pour lui, les liens des membres du clan à Poutine sont de plus en plus distendus sous l’effet de la guerre. "Je ne crois pas qu'il ait pu agir sans avoir des formes de feux verts implicites. Je ne parle pas d'appui, je dis simplement qu'il a dû consulter, tâter le terrain avec quelques-uns des gradés du clan, que ce soit dans les services de sécurité ou les oligarques", a-t-il décrypté. 

Pourtant soutenu par l'armée et une forte partie de la population, Evguéni Prigojine aurait lâché l'affaire parce qu'il n'aurait pas "le soutien du véritable appareil de gouvernement, le même appareil de gouvernement qui entoure Poutine", a ajouté Jean-François Colosimo.

"Il est évident que Prigojine ne peut pas remplacer Poutine"

"Nous sommes concentrés dans ce duel Prigojine-Poutine mais il est évident que Prigojine ne peut pas remplacer Poutine. Donc la question qu'il faut se poser est : quel est le troisième homme qui aurait pu profiter de cette opération, qui a préféré ne pas en profiter tout de suite parce que certainement l'affaire n'était pas mûre, mais qui en a d'ores et déjà profité parce que Poutine est considérablement affaibli ?", s'est interrogé Jean-François Colosimo. "Prigojine, c'est un peu dans cette affaire-là, je dirais, l'idiot utile de gens qui lui sont largement supérieurs", a conclu l'historien et essayiste.