Présidentielle américaine : pour Biden un Noir n'est "pas noir" s'il pense voter Trump

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avec AFP
Joe Biden, candidat démocrate à la Maison Blanche a jugé qu'un noir n'était "pas noir" s'il pensait voter pour Donald Trump. L'entourage du président américain a dénoncé une déclaration raciste tandis que les proches de l'ancien vice-président plaident la plaisanterie.

Le candidat démocrate à la Maison Blanche Joe Biden est accusé de racisme par ses opposants après des propos controversés. Invité de la populaire émission de radio new-yorkaise, "The Breakfast Club" pour une interview, il a déclaré à un animateur de radio qu'il n'était "pas noir" s'il songeait à voter pour Donald Trump, le président républicain, en novembre.

Une hésitation entre Trump et Biden jugée impensable

Après 17 minutes d'entretien, l'ancien vice-président de Barack Obama a indiqué à l'animateur, Charlamagne Tha God devoir mettre fin à l'entretien. L'animateur lui a répondu: "Ecoutez, vous devez venir nous voir quand vous viendrez à New York, VP Biden (...). Nous avons plus de questions" avant la présidentielle du 3 novembre. 

C'est à cette phrase que Joe Biden a répondu : "Vous avez plus de questions? Je vais vous dire, si vous avez un problème pour décider si vous êtes pour moi ou pour Trump, alors vous n'êtes pas Noir".  L'animateur a rebondit en précisant que "ça n'a rien à voir avec Trump, ça a à voir avec le fait que je veux quelque chose pour ma communauté". L'interview s'est ensuite poursuivie Joe Biden rappelant son travail pour renforcer le droit de vote lorsqu'il était sénateur ainsi que le fort soutien dont il bénéficie chez les Noirs, avant de promettre de revenir dans l'émission..

Des accusations de racisme de la part des Républicains

L'équipe de Donald Trump a qualifié cet échange de "dégoûtant" sur Twitter, et le fils du milliardaire républicain, Donald Trump Junior, a affirmé que Joe Biden avait "une mentalité raciste dégoûtante et déshumanisante". Si Donald Trump a lui même été accusé de racisme après certains propos et d'avoir entretenu l'ambiguïté à l'égard des nationalistes blancs et reste peu populaire chez les électeurs noirs, "1,3 million de Noirs américains ont déjà voté pour Trump en 2016" a rappelé Tim Scott, seul sénateur républicain noir. "Ce matin, Joe Biden a dit à chacun d'entre nous qu'on n'était "pas Noirs" considère le sénateur. 

"Je pourrais dire que je suis surpris mais malheureusement cela correspond à la tendance des démocrates de penser que les voix des Noirs sont gagnées d'avance et d'intimider ceux qui ne sont pas d'accord", a-t-il ajouté.Un argument qui pourrait faire mouche auprès de certains électeurs noirs qui déplorent qu'en 2016, les démocrates et Hillary Clinton aient pensé que leurs voix étaient justement "gagnées d'avance" et n'aient donc pas assez fait campagne auprès d'eux, faisant baisser leur participation par rapport aux années Obama. Or leur mobilisation sera cruciale pour remporter la Maison Blanche, le 3 novembre.

Une phrase prononcée "sur le ton de la plaisanterie"

Face à la controverse, l'une des plus hautes conseillères de Joe Biden, Symone Sanders, elle-même noire, a assuré que ses commentaires avaient été prononcés "sur le ton de la plaisanterie". Elle a également précisé qu'il fallait se concentrer sur le message global et que notamment "il soulignait le fait qu'il était prêt à comparer son bilan concernant les Afro-Américains à celui de Trump à tout moment". M. Biden "a passé sa carrière à se battre aux côtés des Afro-Américains". Joe Biden a aussi dénoncé durant l'entretien "le racisme institutionnel qui prévaut encore dans notre société" et révélé par la crise du coronavirus.

Connu pour ses gaffes, Joe Biden est très populaire chez les Noirs, qui l'ont porté vers la victoire dans la primaire démocrate en lui offrant un score écrasant en Caroline du Sud, fin février, lui permettant de revenir en tête de la course.Interrogé par l'animateur sur la possibilité d'une candidate noire à la vice-présidence, puisque "les Noirs ont sauvé votre vie politique dans la primaire" démocrate.

 Joe Biden répond que "de nombreuses femmes noires sont envisagées" dans son processus de sélection qui pourrait durer jusqu'en juillet. La sénatrice et ex-candidate à la présidentielle Kamala Harris, l'ex-candidate au poste de gouverneur de Géorgie Stacey Abrams ou l'élue de la Chambre des représentants, Val Demings sont parmi les favorites.