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Pourparlers russo-américains : des heures à huis clos et un maigre bilan

Vincent Hervouët . 2 min

Les pourparlers russo-américains se sont ouverts à Genève, en Suisse lundi. Huit heures de tête-à-tête qui n'ont pas mené à de grandes avancées, la Russie comme les Etats-Unis restent sur leurs positions. Sur Europe 1, l'éditorialiste Vincent Hervouët parle même d'un "morceau de langue de bois au moment des points de presse".

La mécanique de l’info tient de la machine infernale, elle fabrique de la frustration. Elle bat le tambour avant l’évènement et après, on n’en sait pas davantage. Tout le week-end, l’Ukraine à la Une. Hier, en manchette, les Russes et les Américains sur le ring . On a vu le ballet des convois officiels, les Suisses tout contents, Genève au centre du monde, c’est retour vers le passé. Et puis, fin du suspense, un bon vrai morceau de langue de bois au moment des points de presse. On comprend mal, on ne retient rien. Le carrosse s’est transformé en citrouille.

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Chacun reste sur ses positions

Le sous-ministre russe , Sergueï Riabkov répète qu’il n’y a jamais eu de plan pour envahir l’Ukraine . Les 100.000 soldats à la frontière avec des armes lourdes, c’est pour se défendre évidemment. La sous-ministre américaine , Wendy Sherman, brandit des sanctions énormes en cas d’invasion. Tout cela, déjà dit, et plusieurs fois et sur tous les tons et toujours en vain.

Mais le Russe est satisfait, il dit que les Américains prennent au sérieux ses propositions. C’est grosso modo la finlandisation de l’Ukraine, que l’Otan s’efface de l’horizon. L’Américaine dit le contraire, que l’Otan va maintenir sa politique de la porte ouverte, mais que des mesures réciproques susceptibles d’améliorer la stabilité stratégique sont sur la table, on se demande bien lesquelles… Bref, ils se quittent contents, parce qu’ils ont décidé de se revoir et que les diplomates sont comme cela, ils détestent la guerre, ils aiment l’ambiguïté qui fait les négociations au long cours .

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Résultat : vont-ils remettre cela ?

Ce jeu de rôle leur convient. Vladimir Poutine veut être pris au sérieux par les Américains. Renouer le tête-à-tête qu’il a connu au temps glorieux de son enfance dans les komsomols. Il a mis 100.000 hommes à la frontière et ça marche ! Il a téléphoné deux fois à Joe Biden le mois dernier. 

On dirait que l’Ukraine est faite pour cela. Jamais le Kremlin ne supportera qu’elle soit souveraine. Jamais l’Otan ne fera la guerre pour l’Ukraine.

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Le Donbass, une guerre sans fin

Ça c’est le premier non-dit. Le deuxième, c’est que personne ne veut du Donbass . Kiev n’a pas un kopeck à investir dans ce recoin en ruine, peuplé de Russophones hostiles. Et les Russes veulent seulement le garder comme moyen de pression sur les Ukrainiens, pour les empêcher de se jeter au cou des généraux américains.

"Quelle que soit la solution, elle doit passer par l’Europe", a déclaré samedi Ursula Van der Leyen, la présidente de la Commission européenne. Il y avait deux absents hier, à Genève. Les absents ont toujours tort. Les dirigeants ukrainiens hors jeu, alors qu’ils sont les premiers concernés, et l’Europe indésirable. Alors qu’elle est directement en cause, le conflit est à sa frontière.

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La France et l’Allemagne avaient réussi en 2015 à négocier un cessez-le-feu, avec la Russie et l’Ukraine. C’est le format Normandie qui a donné les accords de Minsk 2. Mais pour que l’Europe continue de jouer un rôle, il fallait l’accord des 25 autres européens, ils ont préféré s’en remettre aux Américains.

Le comble, c’est qu’on ne cesse de rêvasser, de psalmodier, d’en appeler à l’autonomie stratégique européenne alors qu’il y a en a de moins en moins, que Russes et Américains font sans nous et sans nous demander la permission.

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