Trois morts et cinq blessés lors d'une agression à Wurtzbourg, en Allemagne

L'agresseur a été interpellé.
L'agresseur a été interpellé. © JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP
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avec AFP , modifié à
Trois personnes ont été tuées et cinq autres grièvement blessées lors d'une agression à Wurtzbourg, au nord-ouest de Nuremberg, en Allemagne. L'attaque a été commise au couteau par un Somalien de 24 ans, ont annoncé les autorités locales. Le pronostic vital de certains blessés était encore engagé vendredi soir.

Trois personnes ont été tuées et cinq autres grièvement blessées vendredi lors d'une agression à Wurtzbourg dans le sud de l'Allemagne, commise au couteau par un Somalien de 24 ans, ont annoncé les autorités locales. L'agresseur aurait, selon un témoin, crié lors de son acte "Allah Ahkbar" (Allah est grand), mais il avait été aussi récemment interné en hôpital psychiatrique après "s'être fait remarquer" par un comportement étrange, a indiqué à la presse le ministre de l'Intérieur de l'Etat régional de Bavière, Joachim Herrmann. L'agresseur était aussi connu des services de police pour des faits de violence.

D'autres personnes ont également été blessées, moins grièvement, lors de cette agression, a ajouté Joachim Herrmann. L'agresseur a été interpellé après que la police lui a tiré une balle dans une jambe pour le maitriser. La police a assuré qu'il n'y avait "plus aucun danger" pour la population. L'homme a été conduit à l'hôpital et était entendu par la police en soirée.

"Nous prions pour eux"

"L'enquête de la police devra déterminer si nous avons affaire à un acte lié à l'islamisme ou à l'état psychique" de l'agresseur, a-t-il ajouté. L'homme, arrivé comme migrant en 2015 en Allemagne, a en tout cas agi avec une "extrême brutalité", commettant cette tuerie en plein centre-ville dans des magasins et une agence bancaire, a-t-il dit. Le ministre a précisé que le pronostic vital de certains des blessés était encore engagé. "Nous prions pour eux", a ajouté Joachim Herrmann.

Il a rendu hommage à des passants qui ont poursuivi l'agresseur, armés de chaises prises sur des terrasses de cafés ou de bâtons, "pour le stopper", ainsi que le montrent plusieurs vidéos amateurs. Une vidéo le montre à terre, menotté par la police, avec autour de lui une foule en colère.

Les forces de l'ordre ont été alertées vers 17h alors que l'agresseur a attaqué des gens dans un grand magasin Woolworth, puis dans une caisse d'épargne toute proche. Le quotidien Bild diffusait sur son site internet des vidéos amateurs montrant l'agresseur présumé, pieds nus, titubant sur une place et dans la rue avec un long couteau en main tandis que les passants tentaient de l'arrêter avec des bâtons ou des chaises.

La police a twitté qu'il n'y avait pas d'indice concernant un éventuel autre agresseur. Un important déploiement policier a été déployé dans le centre de cette ville d'environ 130.000 habitants située à 120 km à l'est de Francfort. L'origine des faits n'a pas été établie à ce stade mais ils interviennent dans un contexte tendu en Allemagne.

"L'Allemagne et l'Europe occidentale sont toujours dans la ligne de mire des islamistes radicaux"

Les autorités sont en effet sur le qui-vive concernant la menace islamiste, particulièrement depuis un attentat au camion-bélier revendiqué par le groupe Etat islamique qui avait fait 12 morts en décembre 2016 à Berlin. Cette attaque jihadiste est la plus meurtrière jamais commise sur le sol allemand. Depuis 2009, les autorités allemandes ont déjoué 17 tentatives d'attentat de ce type, dont la majorité depuis l'attaque de 2016, selon le ministère de l'Intérieur. Les forces de l'ordre avaient démantelé au printemps 2020 en Rhénanie du Nord-Westphalie une cellule de terroristes présumés originaires du Tadjikistan liés au groupe Etat islamique, avait indiqué le procureur antiterroriste, Peter Frank.

"L'Allemagne et l'Europe occidentale sont toujours dans la ligne de mire des islamistes radicaux", avait-il alerté. Parmi eux en particulier : en juin 2018, la police a annoncé avoir déjoué un attentat à la "bombe biologique", suite à l'arrestation d'un Tunisien suspecté d'être lié à l'organisation Etat islamique (EI). L'homme de 29 ans arrivé en Allemagne en 2015 est soupçonné d'avoir voulu remplir son engin de ricine, un poison 6.000 plus puissant que le cyanure.

Un nombre d'islamistes dangereux multiplié par cinq depuis 2013 dans ce pays

Depuis 2013, le nombre d'islamistes considérés comme dangereux se trouvant en Allemagne a été multiplié par cinq pour s'établir actuellement à 615, selon le ministère de l'Intérieur. Celui des salafistes est lui évalué à environ 11.000, soit deux fois plus qu'en 2013. En 2020, 320 nouvelles enquêtes ont été ouvertes en Allemagne comportant un lien avec la menace islamiste, un chiffre en baisse qui ne dit néanmoins "rien sur le danger qualitatif" de celle-ci, selon le procureur antiterroriste Peter Frank.

Outre l'attaque au camion-bélier sur le marché de Noël de la capitale, l'EI a revendiqué en 2016 un meurtre au couteau à Hambourg, un attentat à la bombe à Ansbach qui avait fait 15 blessés et tué l'assaillant, ainsi qu'une attaque à la hache dans un train en Bavière (5 blessés) dont l'auteur a été abattu par la police.