Paris "regrette" l'expulsion du directeur de l'AFP à Alger

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L'Agence France Presse a précisé qu'elle ne comptait pas, dans l'immédiat, nommé de nouveau directeur à Alger. © JEAN-PIERRE MULLER / AFP
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avec AFP
Cette décision intervient alors que l'Algérie est secouée par une vague inédite de contestation qui a poussé Abdelaziz Bouteflika à la démission, après 20 ans au pouvoir. 

La France a "regretté" mercredi l'expulsion du directeur de l'Agence France-Presse (AFP) à Alger, Aymeric Vincenot, par les autorités algériennes, qui ont refusé de renouveler son accréditation pour 2019. "Nous regrettons cette décision et rappelons notre attachement à la liberté de la presse et à la protection des journalistes, partout dans le monde", a déclaré la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Agnès von der Mühll, lors d'un point de presse électronique, sans plus de commentaires.

"Un signe extrêmement négatif." Aymeric Vincenot, en poste à Alger depuis juin 2017, a dû quitter l'Algérie mardi soir au terme de l'ultime délai qui lui avait été accordé par la police à l'expiration de son titre de séjour. Le chef du bureau de l'AFP, dont le titre de séjour en Algérie était arrivé à échéance le 28 février, n'avait plus d'accréditation depuis la fin de l'an dernier.

Pour le président de Reporters sans frontières, Christophe Deloire, "l'expulsion du directeur du bureau de l'AFP à Alger est plus qu'un signe extrêmement négatif, c'est l'indice d'une volonté de dissimulation : pourquoi violer la liberté de la presse dans une telle période politique ?", a-t-il tweeté.

Une période de transition en Algérie. Cette expulsion survient alors que l'Algérie est le théâtre d'un mouvement de contestation populaire sans précédent ayant contraint le président Abdelaziz Bouteflika d'abord à renoncer à sa candidature à un cinquième mandat, puis à démissionner le 2 avril. Lancé le 22 février, ce mouvement pacifique massif, notamment porté par la jeunesse, se poursuit actuellement, avec pour principale revendication le démantèlement de l'ensemble du système au pouvoir depuis l'indépendance de l'Algérie en 1962, au-delà du départ de la seule personne d'Abdelaziz Bouteflika et de son clan.

Le PDG de l'AFP, Fabrice Fries, a déclaré mardi que cette expulsion était "inacceptable" et annoncé qu'il n'était "pas question, dans ces conditions, de nommer dans l'immédiat un nouveau directeur à Alger".