D'après les Nations Unies, 100.000 personnes ont déjà fui les combats (photo d'illustration) 2:00
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Ugo Pascolo
Au micro d'Europe 1, le docteur Raphaël Pitti, qui a fait plusieurs missions humanitaires en Syrie, revient sur l'offensive turque contre les Kurdes dans le Nord de la Syrie.
INTERVIEW

Il a fait une vingtaine de missions humanitaires en Syrie. Alors que l'offensive turque contre les Kurdes dure depuis désormais trois jours, le docteur Raphaël Pitti, dénonce samedi sur Europe 1 l'abandon de ce peuple "que nous avons armé" pour lutter contre Daech.

Les Kurdes "sont abandonnés", dénonce Raphaël Pitti. "C'est insupportable, c'est d'une lâcheté terrible, c'est honteux ce que fait Trump", s'emporte-t-il, alors que le président américain refuse pour l'heure de hausser le ton contre la Turquie. Véritable tollé sur la scène internationale, cette offensive de la part d'Ankara doit être punie "par des sanctions économiques" pour empêcher "les bombardements contre ces populations et ces forces qui se sont battus pour nous", insiste Raphaël Pitti.

"Les Kurdes ne méritent pas ça"

En contact avec des soignants sur place qui "sont prêts à donner leur vie parce que la liberté n'a pas de prix", le docteur laisse exprimer son ressenti au micro d'Europe 1 : "Je suis très en colère, je suis allé six fois dans cette zone-là [le nord de la Syrie, ndlr] et c'était une zone stabilisée. Tout rebascule, et on plonge dans l'urgence, cette population qui a tant souffert depuis huit ans ne mérite pas ça, les Kurdes ne méritent pas ça". Une situation d'autant plus préoccupante que "Daech réapparaît", affirme le médecin. "Il y a déjà eu une attaque sur un village, deux voitures piégées. Il y a un risque de résurgence de ces forces que les Kurdes contenaient jusqu'à présent".

"Daech est parti de Raqqa, mais est toujours présent en Syrie, ils vivent dans la clandestinité, ils se mélangeaient à la population en attendant leur heure, et ils ont l'impression qu'elle est arrivée", analyse-t-il. Une préoccupation également partagée par Emmanuel Macron, qui a réclamé l'arrêt de l'offensive turque "au plus vite" et "a souligné la nécessité avant toute chose d'empêcher toute résurgence de Daech dans la région, de soutenir ceux qui se sont battus sur le terrain à nos côtés contre les terroristes et de protéger les populations civiles".