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Son enfance chaotique, sa version sur les faits au Sofitel, l'attitude de la justice américaine, sa vie depuis 2011… Nafissatou Diallo, qui accusait Dominique Strauss-Kahn de viol, sort de son long silence dans une interview fleuve accordée à Paris Match, jeudi.

C'est "une histoire qui va la suivre jusqu'à la fin de [ses] jours" : pour la première fois depuis 2012, Nafissatou Diallo s'exprime publiquement sur l'affaire du Sofitel, qui a précipité la chute de Dominique Strauss-Kahn en mai 2011. Auprès de Paris Match, l'ancienne femme de chambre de l'hôtel new-yorkais se confie longuement dans un entretien paru jeudi. Elle y livre sa version des faits, évoque sa vie depuis ce qu'elle appelle "l'accident" et charge la justice américaine. Sans éprouver de regrets sur la manière dont elle s'est comportée durant l'affaire qui a bouleversé l'élection présidentielle française de 2012.

"Piégée et trahie"

Il y a d'abord ce 14 mai 2011, lorsque Nafissatou Diallo rencontre Dominique Strauss-Kahn, alors patron du Fonds monétaire international, dans la suite 2806 du Sofitel de New York. "Ce jour-là, tout a changé. Ce souvenir ne me quittera jamais", dit-elle neuf ans plus tard. DSK a toujours nié l'avoir violée, mais elle affirme avoir "dit la vérité" sur ce qu'il s'est passé dans cette chambre. "J’ai été piégée et trahie. Je ne me remettrai jamais de la façon dont les procureurs de New York m’ont traitée", poursuit l'ex-femme de chambre. "À cause de ce qu’ils m’ont fait subir, j’ai eu envie de me suicider."

Un an et demi après les faits, un accord est conclu avec Dominique Strauss-Kahn. L'ex-favori socialiste à la présidentielle française est loin de l'Élysée lorsque l'affaire est classée. Si le montant de la transaction n'a jamais été révélé, Paris Match avance la somme d'un million de dollars. "Je voulais sortir de cette histoire aussi vite que possible", retrace-t-elle. Je n’avais absolument pas l’intention d’écrire un livre à l’époque." Ce qu'elle prépare aujourd'hui, avec un nouvel ouvrage sur l'affaire afin de "donner [sa] vérité".

"Totalement de la faute" de DSK

Une "vérité" dénuée de regrets pour son attitude durant l'affaire, affirme-t-elle à l'hebdomadaire :  "Si c’était à refaire, je referais exactement pareil. Ce qui est arrivé m’est tombé dessus. J’ai dit la vérité et j’ai été privée de justice", lance-t-elle aujourd'hui, désireuse de "créer une fondation pour aider les femmes qui, comme moi, sont arrivées en Amérique sans éducation, sans même parler la langue, et qui ont vécu des situations horribles."

Après avoir fermé un restaurant dans le Bronx en raison des curieux qui la pressaient de questions, Nafissatou Diallo refuse de parler de sa vie actuelle pour "se protéger". Elle glisse quelques mots sur l'ancien président du FMI, dont l'avenir politique s'est brisé un jour de mai 2011  : "C’est totalement de sa faute. Si vous vous présentez à la présidence d’un pays, il ne faut pas attaquer les gens." Aujourd'hui, l'ancienne femme de chambre n'a rien à lui dire : "Je n’ai pas envie de savoir ce qui lui arrive. Je ne veux plus penser à lui."