Mort de Soleimani : un cafouillage américain crée la confusion sur un retrait d'Irak

Les Etats-Unis ont démenti tout retrait d'Irak. Photo d'illustration.
Les Etats-Unis ont démenti tout retrait d'Irak. Photo d'illustration. © ALI AL-SAADI / AFP
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avec AFP
Les Etats-Unis ont annoncé lundi préparer leur retrait d'Irak, après que le Parlement irakien a réclamé l'expulsion des soldats étrangers en réponse à l'assassinat à Bagdad du général Qassem Soleimani. Mais la lettre annonçant cette décision était en fait un projet de lettre "non signé" et transmise par erreur. 

Les États-Unis, dans une lettre transmise par erreur, ont annoncé lundi préparer leur retrait d'Irak avant de démentir. Un cafouillage qui vient s'ajouter à une situation ultra-tendue depuis l'élimination à Bagdad du général iranien Qassem Soleimani, pleuré par des millions de personnes à Téhéran.

Écrite au nom du général William H. Seely, commandant des forces américaines en Irak, la lettre en question, dont une copie a été consultée par l'AFP, expliquait aux responsables militaires irakiens que Washington était en train de "repositionner" ses troupes dans le pays en vue d'un retrait. Il s'agissait en fait d'un "projet (de lettre) non signé", a expliqué quelques heures plus tard à la presse le chef d'état-major américain, le général Mark Milley. "Il n'aurait jamais dû être envoyé", a-t-il ajouté, évoquant "une erreur commise en toute bonne foi".

Le Parlement irakien veut l'expulsion des troupes étrangères

La lettre faisait référence --"Nous respectons votre décision souveraine qui ordonne notre départ"-- à un vote dimanche du Parlement irakien exhortant le gouvernement à expulser les troupes étrangères d'Irak, après la mort vendredi dans une frappe américaine ciblée à Bagdad du général Soleimani, architecte de la stratégie de l'Iran au Moyen-Orient.

Le Premier ministre démissionnaire irakien Adel Abdel Mahdi a discuté lundi avec la chancelière allemande Angela Merkel au téléphone. Il a insisté, selon son bureau, sur "la position du gouvernement et du Parlement irakiens pour un retrait des forces étrangères et la préservation de la souveraineté de l'Irak. L'Irak a par ailleurs demandé lundi dans une lettre à l'ONU que le Conseil de sécurité condamne le raid mené sur son territoire.

Lundi, les rues de Téhéran étaient noires de monde pour honorer Qassem Soleimani, figure charismatique et très populaire du pays, tué avec l'homme de l'Iran en Irak, Abou Mehdi al-Mouhandis. Retenant difficilement ses larmes, le guide suprême Ali Khamenei a présidé une prière des morts devant les cercueils contenant les restes des deux hommes et de quatre autres Iraniens. Estimée à "plusieurs millions" de personnes par la télévision d'Etat, la foule a alterné entre recueillement et tristesse, explosant parfois de colère aux cris de "Mort à l'Amérique", "Mort à Israël". Des drapeaux américains et israéliens ont été brûlés, tandis que la foule appelait à venger Qassem Soleimani. Le cercueil du général a ensuite été transféré vers la ville sainte chiite de Qom pour une cérémonie, et sera mis en terre mardi à Kerman, sa ville natale, dans le sud-est du pays.

Le raid de Washington contre Qassem Soleimani est survenu sur ordre de Donald Trump, après une attaque inédite de l'ambassade américaine à Bagdad par des pro-Iran et plusieurs tirs de roquettes sur des installations en Irak abritant des Américains, dont un a péri fin décembre.