Des milliers de manifestants, noirs et blancs, protestent contre la mort de George Floyd depuis une semaine. 4:18
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Les manifestations se poursuivent dans tous les États-Unis, après la mort il y a une semaine de George Floyd, un Noir tué par la police. Une situation qui peut rappeler la lutte pour les droits civiques dans les années 1960, à plusieurs différences près. "C'est une Amérique multiculturelle, noire et blanche, qui manifeste", pointe notamment l'historien François Durpaire sur Europe 1. 
INTERVIEW

La colère s’empare de tous les États-Unis. Dans les quatre coins du pays, des manifestants descendent dans la rue, avec parfois des émeutes, pour protester contre la mort de George Floyd, un Afro-Américain tué par la police il y a une semaine à Minneapolis. "C’est une Amérique multiculturelle qui manifeste, noire et blanche", commente l’historien François Durpaire, invité d'Europe 1, lundi.

"Il y a deux exemples, la fille de Bill de Blasio, le maire de New York, est noire. Elle a été interpellée ce week-end alors que son père avait dit de rester chez soi. Et puis la tribune d’un monsieur blanc il y a quelques heures dans un grand journal américain, qui disait avoir peur pour son fils métis", illustre le spécialiste des États-Unis.

Pas la même Amérique que dans les années 1960, "il y a un métissage de plus en plus important"

François Durpaire estime donc que, si le problème du racisme persiste dans la société américaine, la situation a nettement changé par rapport aux années 1960 et la lutte pour les droits civiques. "Il y a ce phénomène qui n’existait pas dans les années 1960 d’un métissage de plus en plus important de la société américaine. C’est difficile à dire un jour d’émeutes raciales, mais ça existe aux Etats-Unis", a jugé l'historien. 

Autre différence : les images, très émouvantes, de policiers se joignant aux manifestants. "On a vu des policiers s’agenouiller, un geste très fort, et prendre des manifestants dans leurs bras. S’agenouiller, c’est le geste des Afro-Américains pour réclamer leurs droits, et ça c’est nouveau. Ces images ont fait le tour de l’Amérique pour dire que nous ne sommes pas dans les années 1960."

"La question raciale est au centre, mais il y a aussi la question sociale" 

Bien évidemment, "la question raciale est au centre des manifestations, avec des pancartes qui disent que nous sommes encore au temps de l’esclavage", note François Durpaire. "Mais", poursuit l'historien, "il y a aussi la question des violences policières, et de la militarisation de la police. Et puis il y a la question sociale. Il y a eu 100.000 morts du coronavirus, les Afro-Américains ont été particulièrement touchés. Il y aura peut-être bientôt 20 millions de personnes au chômage", pointe le spécialiste des Etats-Unis. 

Ces manifestations montrent également une Amérique divisée, comme c'est le cas depuis de nombreuses années, entre conservateurs et progressistes. "Il y a deux récits de l’Amérique : d’un coté, dans la presse conservatrice, le récit de l’horreur des pillages. Et du côté de l’Amérique noire et progressiste, le récit de l’horreur du crime raciste, et que les images de vitres brisées partiront, mais que le racisme américain est toujours là depuis l’esclavage", note François Durpaire. 

La Maison-Blanche divisée sur la posture à adopter 

Face à ces manifestations qui secouent tout le pays, Donald Trump a décidé d'adopter une posture martiale, notamment sur Twitter où il multiplie les messages de fermeté face aux émeutiers. Mais cette ligne "dure" n'est pas partagée par toute la Maison-Blanche. "La Maison-Blanche se casse la tête avec d’un côté le chef de cabinet qui dit qu’il faut la loi et l’ordre, et de l’autre côté Jared Kushner, le gendre de Trump, qui a un discours plus modéré et qui met en garde, qu’il ne faut pas se mettre à dos le vote noir", conclut François Durpaire.