Migrants : seuls les mineurs et les malades autorisés à débarquer en Italie

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L'Italie a autorisé seulement les mineurs et les malades à débarquer du navire Humanity 1. © VINCENZO CIRCOSTA / ANADOLU AGENCY / ANADOLU AGENCY VIA AFP
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avec AFP
L'Italie, qui avait fini par accorder un port sûr au navire de SOS Humanity, a seulement autorisé les mineurs et les malades de débarquer à Catane. Au total, 144 personnes sont descendues du bateau alors que 35 sont restées à bord. Selon des sources gouvernementales, celles-ci seront renvoyées vers d'autres navires d'ONG humanitaires.

Le nouveau gouvernement d'extrême droite italien a autorisé ce dimanche le débarquement de mineurs et d'autres migrants souffrant de problèmes médicaux, mais entend, selon des sources gouvernementales, en renvoyer d'autres à bord de navires d'ONG humanitaires. Trois mineures et un bébé ont été les premiers à débarquer à l'aube du bateau Humanity 1, suivis des garçons mineurs et des hommes adultes ayant des problèmes médicaux, a déclaré à l'AFP Petra Krischok, attachée de presse de SOS Humanité.

144 personnes ont débarqué du Humanity 1

Au total, 144 personnes ont débarqué du Humanity 1, navire sous drapeau allemand, au port de Catane mais 35 sont restés à bord, selon cette source. Ils "sont extrêmement déprimés", a-t-elle ajouté auprès de l'AFP. "Pour l'instant, nous restons ici et nous attendons", a-t-elle affirmé, sans savoir si les autorités avaient décidé de donner l'ordre au bateau de partir. Le ministre de l'Intérieur Matteo Piantedosi avait déclaré samedi dernier que le gouvernement ne ferait pas marche arrière quant à ses obligations humanitaires mais que ceux qui ne sont pas "qualifiés" devraient être pris en charge par l'Etat du pavillon du navire.

Trois autres navires, qui transportent au total 900 migrants, ont demandé, en vain, de pouvoir accoster : le Rise Above, de l'ONG Mission Lifetime, également sous pavillon allemand, ainsi que l'Ocean Viking de SOS Méditerranée et le Geo Barents de Médecins sans Frontières, enregistrés eux en Norvège. Ce dernier a affirmé avoir été contacté par les autorités italiennes qui entendent "évaluer les cas vulnérables" parmi les 572 personnes secourues à bord.

Plus de 87.000 personnes ont débarqué en Italie en 2022

"Ceux qui restent dans le navire recevront l'assistance nécessaire pour quitter les eaux territoriales" italiennes, ont affirmé ce dimanche des sources proches du ministre des Transports et dirigeant populiste de la Ligue antimigrants Matteo Salvini, dont dépendent les ports. Le nouveau gouvernement d'extrême droite italien, qui a prêté serment le mois dernier, s'est engagé à sévir contre les migrants par bateau venant d'Afrique du Nord vers l'Europe. Plus de 87.000 personnes ont débarqué en Italie cette année, selon le ministère de l'Intérieur, dont 14% ont été secourues par des navires humanitaires.

Le patron du Parti démocrate (PD, principale formation de gauche) Enrico Letta a accusé le gouvernement sur Twitter de violer les traités internationaux. Le PD a affirmé que Matteo Piantedosi devrait s'expliquer devant le parlement. Le député de l'opposition Aboubakar Soumahoro, qui était présent lors du débarquement de l'Humanity 1, a critiqué la "sélection des migrants naufragés", qui, selon lui, viole le droit international. Pour lui, le gouvernement traite "les naufragés, déjà épuisés par le froid, la fatigue, les traumatismes et la torture comme des objets".

"Si les naufragés restants sont rejetés, nous contesterons cette décision devant toutes les instances appropriées", a-t-il déclaré sur Twitter. Le ministère norvégien des Affaires étrangères a déclaré jeudi dernier qu'il n'assumait "aucune responsabilité" pour les personnes secourues par des navires privés battant pavillon norvégien en Méditerranée.

L'Allemagne a insisté, dans une "note" diplomatique adressée à l'Italie, sur le fait que les organisations caritatives "apportaient une contribution importante au sauvetage de vies humaines" et a demandé à Rome "de les aider dès que possible".