Merkel et l'Allemagne suspendues à un vote des sociaux-démocrates

Angela Merkel 1280 Odd ANDERSEN / AFP
© Odd ANDERSEN / AFP
  • Copié
avec AFP
Journée cruciale pour l'avenir politique d'Angela Merkel. Les socio-démocrates doivent se prononcer sur la formation d'un gouvernement de coalition avec le parti de la chancelière.

Divisés et affaiblis, les sociaux-démocrates allemands décident dimanche s'ils acceptent le principe d'une nouvelle coalition dirigée par Angela Merkel afin de sortir de l'imbroglio post-électoral qui prive l'Allemagne de gouvernement depuis quatre mois.

Moment crucial pour Merkel. L'Europe est aussi dans l'expectative. Vendredi à Paris, la chancelière allemande et le président français Emmanuel Macron ont ainsi insisté sur l'importance d'une Allemagne en ordre de marche pour réformer l'UE. Les 600 délégués du congrès du SPD, réunis à Bonn, doivent accepter ou rejeter le résultat de discussions préliminaires avec les conservateurs, qui ont abouti la semaine dernière à une ébauche de programme commun avec la CDU de Angela Merkel et ses alliés bavarois (CSU).

Un vote favorable dimanche après-midi conduirait à de nouvelles négociations pour former un gouvernement aux alentours de Pâques. Mais un "non" mettrait l'Allemagne dans situation inédite. Angela Merkel devrait alors faire le choix de tenter de former un gouvernement minoritaire, ou se résoudre à des élections législatives anticipées à hauts risques pour elle. La chancelière a refusé jusqu'ici ces deux options, des élections laissant notamment craindre une nouvelle poussée de l'extrême droite, alors que les quelque 13% recueillis en septembre par l'AfD, un score historique, ont déjà morcelé la chambre des députés et compliqué la quête d'une majorité.

#NoGroKo. Bien que laminé aux législatives (20,5%) et en chute dans les sondages depuis, le SPD est profondément divisé face à la perspective de reconduire la grande coalition ou "GroKo" sortante avec Angela Merkel. Dans l'esprit du chef du parti Martin Schulz et de la plupart des autres dirigeants, il s'agit d'éviter à l'Allemagne une crise gouvernementale prolongée et, par ricochet, à l'Union européenne une paralysie mortifère à l'heure où des réformes clés en matière économique, budgétaire et migratoire doivent être négociées. Pour Martin Schulz, il s'agit aussi d'éviter des élections anticipées lors desquelles les "électeurs puniront" ceux qui ont été incapables de former un gouvernement. 

À l'inverse, une partie de sa base juge que les sociaux-démocrates ont besoin de se ressourcer dans l'opposition et d'un virage à gauche pour survivre. Selon eux, seule Angela Merkel a profité de l'expérience gouvernementale commune, alors même que certaines des réformes les plus populaires, comme l'introduction d'un salaire minimum, ont été portées par le SPD. Ces militants qui se retrouvent sous la bannière #NoGroKo, emmenés notamment par le chef des jeunes du parti Kevin Kühnert, estiment aussi que trop de concessions ont été faites aux conservateurs lors des pourparlers préliminaires de janvier, notamment sur la fiscalité, la santé et l'immigration. Dans des votes symboliques, les fédérations SPD de Saxe-Anhalt et de Berlin ont rejeté cette semaine le projet de coalition.