Mario Draghi, nouveau président du conseil, a pris les rênes de l'Italie

Mario Draghi a habilement mêlé technocrates et responsables politiques pour former son gouvernement.
Mario Draghi a habilement mêlé technocrates et responsables politiques pour former son gouvernement. © GUGLIELMO MANGIAPANE / POOL / AFP
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avec AFP , modifié à
Mario Draghi a pris les rênes de l'Italie vendredi soir après s'être assuré une large majorité parlementaire et a présenté son gouvernement qui doit sortir le pays de la crise politique doublée de la pandémie de Covid-19. Il a prêté serment samedi.

L'ex-président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, est le nouveau président du conseil italien, depuis vendredi. Il a été choisi par le président de la République, Sergio Mattarella, pour succéder à Giuseppe Conte, contraint à la démission après l'éclatement de sa coalition. Daniele Franco, 67 ans, a été choisi pour diriger le ministère-clé de l'Economie. Considéré comme l'un des meilleurs experts des finances publiques de la péninsule, il a fait l'essentiel de sa carrière au sein de la Banque d'Italie, dont Mario Draghi était gouverneur, jusqu'à en devenir le numéro deux début 2020.

Mario Draghi a cependant joué la continuité sur plusieurs autres postes importants : il a ainsi confirmé Luigi Di Maio, haut responsable du Mouvement populiste 5 Etoiles (M5S), au poste de ministre des Affaires étrangères, la technocrate Luciana Lamorgese au poste de ministre de l'Intérieur et Roberto Speranza, du petit parti de gauche LEU, au poste de ministre de la Santé. 

Alliance hétéroclite

Le nouveau chef du gouvernement a habilement mêlé technocrates et responsables politiques, choisissant des personnalité compétentes dans tous les partis lui ayant offert leur soutien, sans faire appel cependant aux leaders. Il a annoncé également la prochaine création d'un "super-ministère" de la Transition écologique qui sera dirigé par un physicien de renom, Roberto Cingolani, responsable depuis septembre 2019 de l'innovation technologique chez le géant italien de l'aéronautique Leonardo.

Depuis que Sergio Mattarella avait fait appel à lui le 3 février, Mario Draghi a mené des entretiens tous azimuts avec les partis politiques représentés au parlement, qui lui ont permis de former un attelage hétéroclite allant du Parti démocrate (PD, centre-gauche) à la Ligue d'extrême droite de Matteo Salvini en passant par le parti de droite Forza Italia de Silvio Berlusconi. Jeudi, in extremis, l'inclassable Mouvement 5 Etoiles (M5S), antisystème jusqu'à son arrivée au pouvoir, avait donné lui aussi son feu vert, faisant ainsi tomber le dernier obstacle à un gouvernement d'union nationale.

Des nombreux chantiers

L'Italie, qui approche de la barre des 100.000 morts dus au Covid, a enregistré en 2020 l'une des pires chutes du PIB de la zone euro, avec un plongeon de 8,9%. La troisième économie de la zone compte beaucoup sur la manne de plus de 200 milliards de fonds européens, conditionnée à la présentation à Bruxelles d'ici fin avril d'un plan détaillé de dépenses.

Outre l'accélération de la campagne de vaccination, d'autres chantiers restés en plan depuis des décennies attendent Mario Draghi : remédier à la lenteur de la justice, s'attaquer à la bureaucratie en rendant l'administration plus efficace, et lancer la transition écologique. Même s'il bénéficie pour l'instant de son aura de "sauveur de la nation", l'homme de 73 ans devra faire preuve de beaucoup d'habileté pour rester en selle sur le long terme face à des partis politiques qui devraient s'agiter de plus en plus à l'approche des prochaines élections, prévues en 2023.