Macron en Arabie saoudite : "Il y a une ambition française qui est très claire"

Le président se rend en Arabie saoudite jeudi soir, au détour de son voyage aux Émirats arabes.
Le président se rend en Arabie saoudite jeudi soir, au détour de son voyage aux Émirats arabes. © LUDOVIC MARIN / POOL / AFP
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M.Be , modifié à
Dans une décision impromptue, Emmanuel Macron se rend jeudi soir en Arabie saoudite, où il va tenter de jouer la carte de la diplomatie pour apaiser les tensions avec l’Iran.
INTERVIEW

Au détour de son voyage aux Émirats arabes unis, Emmanuel Macron se rend en Arabie saoudite jeudi soir, où il doit rencontrer le prince héritier. Le président entend bien jouer la carte du "soft power", alors que la tension est montée ces derniers jours entre le royaume wahhabite et l’Iran. "Il y a une ambition française qui est très claire : 'on a besoin d’un arbitre dans cette région du monde, l’arbitre ne peut pas être quelqu’un qui a choisi clairement son camp comme les États-Unis'" qui se sont positionnés en faveur de Ryad, explique sur Europe 1 le géopoliticien Dominique Moïsi, conseiller spécial de l'Institut Montaigne.

Éviter l’affrontement militaire. Emmanuel Macron veut éviter une escalade jusqu’à l’affrontement entre l’Arabie saoudite et l’Iran, estimant que la France a un rôle à jouer "pour construire la paix", selon ses propres mots. "Il y a chez le président Macron un mélange d’audace et de flexibilité. Il improvise un peu ce voyage au dernier moment, il se dit 'je suis dans la région, l’histoire s’accélère, j’ai peut-être un rôle à jouer'", poursuit Dominique Moïsi, qui rappelle que la France a choisi une position "d’équilibre" entre Ryad et Téhéran.

" L'Arabie saoudite est aujourd'hui vulnérable "

Regain de tensions au Moyen-Orient. Depuis le week-end dernier, le ton est monté entre l’Iran et l’Arabie saoudite, avec au cœur des nouvelles tensions le sort du Liban et du Yémen. "Il y a une division chiite/sunnite mais aussi une division arabe/non arabe", rappelle Dominique Moïsi. Et le politologue d’énumérer les différents points de friction entre les deux poids-lourds du Moyen-Orient : "Il y a une montée des tensions au Liban, avec un Premier ministre qui a démissionné (alors qu'il se trouvait en Arabie saoudite, ndlr); et il y a une guerre par procuration entre l’Arabie saoudite et l’Iran qui se déroule au Yémen dans l’indifférence la plus totale."

La fragilité de Ryad. Le regain de tensions s’explique aussi par le fait que l’Iran a marqué des points ces dernières années, notamment en Syrie avec le maintien du régime de Bachar al-Assad, et alors même que l’Arabie saoudite tente de se moderniser et vient de procéder à une purge anticorruption sans précédent. "Un régime autoritaire est plus vulnérable au moment où il recherche à se réformer vite. L’Arabie saoudite est aujourd’hui vulnérable par cette réforme indispensable à la survie du régime à long terme, mais qui peut mettre en cause l’équilibre du régime à court terme", analyse Dominique Moïsi. Autant de facteurs qui font dire au géopoliticien que "la potentialité d’une guerre" ouverte entre les deux pays est bien réelle.