Les Luxembourgeois disent "non" au droit de vote des étrangers

vote 1280
Photo d'illustration © FRED DUFOUR / AFP
  • Copié
C.P.-R. avec AFP
Appelés aux urnes dimanche pour un référendum, les Luxembourgeois ont massivement rejeté l’octroi du droit de vote aux étrangers. 

C’est un camouflet pour le Premier ministre libéral du Luxembourg, Xavier Bettel, qui voulait "moderniser" la société de son pays. Dimanche, les Luxembourgeois ont massivement rejeté lors d'un référendum l'octroi du droit de vote aux étrangers, qui représentent 46% de la population. 

Une déconvenue pour le gouvernement. Selon les résultats définitifs, le "non" au droit de vote des étrangers résidant depuis plus de dix ans dans le Grand Duché a recueilli 78,02% des voix. "Le message est clair et a été très bien compris. Ce n'est pas un succès pour les partis du gouvernement. On respectera le résultat", a réagi Xavier Bettel, arrivé à la tête du gouvernement fin 2013. 

"Mais, il n’y a qu’un Luxembourg". Ce libéral de 42 ans avait personnellement fait campagne pour la "modernisation" du Grand-Duché jusqu'à samedi, tentant de convaincre des électeurs hésitants dans des rues animées de la capitale. "Il n'y aura pas un avant et un après référendum", a-t-il regretté. "Mais il n'y a qu'un Luxembourg, qu'une société où l'on doit vivre ensemble", a jugé le Premier ministre, qui a épousé à la mi-mai son compagnon, devenant le premier chef de gouvernement de l'UE à être uni par les liens d'un mariage homosexuel. 

46% d’étrangers. S'il avait été adopté, ce nouveau droit de vote pour les élections législatives aurait été accordé à quelque 35.000 personnes en grande majorité originaires d'Europe, à commencer par les Portugais qui représentent 16,4% de la population. Viennent ensuite les Français (7%), Italiens (3,5%), Belges (3,3%) et Allemands (2,3%). Les étrangers non Européens représentent 7% de la population. Parmi eux, les Capverdiens, les Nord-Américains et les Chinois sont les plus nombreux. 

Pas de grand changement sociétal. Le sujet divisait profondément la population luxembourgeoise qui craint la dilution de son influence dans la société alors que les étrangers sont déjà indispensables à l'économie très ouverte de ce pays enclavé entre la France, la Belgique et l'Allemagne. En raison de leur moyenne d'âge, moins élevée que celle de l'électorat luxembourgeois, et de leur profil socio-professionnel - une majorité travaille dans le secteur privé tandis que de nombreux électeurs luxembourgeois viennent de la fonction publique-, l'octroi du droit de vote aux étrangers aurait profondément modifié le paysage politique.