Les États-Unis suspendus à la publication du rapport final de l'enquête russe

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Le rapport final de l'enquête du procureur spécial Robert Mueller sur les soupçons de collusion entre Trump et la Russie va être rendu en partie public jeudi. © TASOS KATOPODIS / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
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avec AFP
Le rapport d'enquête du procureur spécial sur les soupçons de collusion avec la Russie qui pesaient sur Donald Trump et son équipe de campagne va être rendu public jeudi, mais expurgé de toute information confidentielle.

Donald Trump semble exonéré des soupçons de collusion avec Moscou lors de la campagne de 2016, mais le procureur spécial Robert Mueller a-t-il débusqué d'autres informations compromettantes pour le président des États-Unis ? La réponse est attendue jeudi avec la publication de son rapport d'enquête final.

Un rapport très attendu par les deux camps

Ce document de 400 pages doit être rendu public dans la matinée par le ministère de la Justice, qui l'a toutefois expurgé de toute une série d'informations confidentielles. Son contenu pourrait clore définitivement une saga politico-judiciaire qui a empoisonné les deux premières années du mandat de Donald Trump, et lui permettre de se tourner résolument vers sa campagne de réélection. 

Mais l'opposition démocrate se tient à l'affût. Si le rapport contient des éléments à charge pour le président, elle usera de tous les moyens en son pouvoir, à commencer par son contrôle de la chambre basse du Congrès, pour relancer les poursuites. À l'approche de l'échéance, le locataire de la Maison-Blanche a affiché sa confiance. "Pas de collusion ! Pas d'obstruction!", a-t-il martelé, en se disant "totalement disculpé" par l'enquête du procureur Mueller.

Aucune preuve de collusion mais 34 mises en examen

Celui-ci, un ancien chef respecté du FBI, a bouclé en mars 22 mois d'investigations tentaculaires, ponctués par la mise en examen de 34 personnes russes et américaines, dont six proches collaborateurs du président Trump pour des malversations diverses.

Cet homme méthodique et austère, qui s'est toujours tenu à l'écart du vacarme politique et médiatique, a simplement remis son rapport final au ministre de la Justice Bill Barr, en le laissant gérer la suite des événements. L'Attorney General a rapidement fait savoir que le procureur n'avait pas trouvé de preuve d'une "coordination ou d'une conspiration" entre la Russie et l'entourage du milliardaire républicain lors de la présidentielle de 2016.

Toujours des soupçons d'entrave à la justice

Dans un courrier de quatre pages adressé au Congrès, il s'est montré plus nuancé sur le second volet de l'enquête : les soupçons d'entrave à la justice. En raison notamment du limogeage du chef du FBI James Comey en mai 2017, qui dirigeait alors l'enquête russe, Donald Trump était suspecté d'avoir abusé de ses prérogatives présidentielles pour mettre des bâtons dans les roues des enquêteurs. Sur ce volet, "si ce rapport ne conclut pas que le président a commis un crime, il ne l'exonère pas non plus", a écrit Robert Mueller dans son rapport, des propos cités par Bill Barr qui a toutefois jugé ne pas avoir matière à poursuivre.

Une restitution partiale du rapport ? 

Les démocrates ont trouvé que le ministre, nommé récemment à ce poste par Donald Trump, allait un peu vite et veulent connaître les éléments qui ont fondé sa décision. Des membres de l'équipe Mueller ont aussi déclaré à la presse que le résumé de Bill Barr ne reflétait pas fidèlement le résultat de leurs travaux. Soupçonnant le ministre d'avoir édulcoré les conclusions du procureur spécial, les démocrates réclament donc d'avoir accès au rapport intégral.

Or, la version publiée jeudi sera expurgée des détails risquant de révéler les sources des enquêteurs, de nuire à la réputation d'acteurs "périphériques", de compromettre des enquêtes en cours ou obtenues par un "grand jury". Le procureur Mueller a eu recours à ces collectifs de citoyens, dont les travaux sont protégés par des règles de stricte confidentialité, et son rapport final pourrait avoir subi de nombreuses coupes.