Le roi d'Espagne Felipe VI a accusé mardi les dirigeants indépendantistes de la Catalogne de s'être mis "en marge du droit et de la démocratie" et de menacer la stabilité de l'Espagne, après avoir organisé le référendum d'autodétermination malgré l'opposition de Madrid.
La stabilité du pays "en danger". "Ces autorités, d'une manière claire et catégorique, se sont situées totalement en marge du droit et de la démocratie", a déclaré Felipe VI lors d'une rare allocution télévisée, deux jours après la tenue du référendum dont la finalité est selon lui "de proclamer illégalement l'indépendance". "Avec leur attitude irresponsable, ils peuvent même mettre en danger la stabilité de la Catalogne et de toute l'Espagne", a poursuivi le roi lors de cette allocution d'une fermeté sans précédent. "Aujourd'hui, la société catalane est fracturée et traversée par un conflit", a encore regretté le souverain.
"Assurer l'ordre constitutionnel". Face à cela, "c'est la responsabilité des pouvoirs légitimes de l'État d'assurer l'ordre constitutionnel et le fonctionnement normal des institutions, le respect de l'État de droit et l'autonomie de la Catalogne", a ajouté Felipe VI, sur le trône depuis 2014. Aux termes de l'article 155 de la Constitution, jamais encore invoqué, le gouvernement peut obliger une région à respecter ses obligations constitutionnelles si elle les viole ou si elle "porte gravement atteinte à la l'intérêt général de l'État".
"Il sait qu'il n'est plus notre roi. Il parle comme si nous ne faisions pas partie de l'Espagne", a réagi à chaud Trinidad Garcia, éducatrice de 49 ans dans un bar de Barcelone, où des centaines de milliers de personnes manifestaient contre les violences policières. L'Espagne vit sa crise politique la plus grave depuis février 1981, quand l'intervention télévisée du roi Juan Carlos, père de Felipe VI, avait été décisive pour stopper une tentative de coup d'État militaire.