La Corée du Sud s'enlise dans la crise politique à un mois des élections

À un mois des élections anticipées, la Corée du Sud continue de s'enliser dans la crise politique après le renvoi devant la justice d'un candidat favori à la présidentielle et la démission de deux figures clés du gouvernement.
La Corée du Sud s'enlise un peu plus dans la crise politique après le renvoi jeudi devant la justice d'un candidat favori à la présidentielle et la démission de deux figures clés du gouvernement, à un mois d'élections anticipées.
La Cour suprême sud-coréenne a annulé jeudi la relaxe du chef de l'opposition Lee Jae-myung dans une affaire d'infraction à la loi électorale et ordonné un nouveau procès, ce qui pourrait compromettre sa candidature à l'élection présidentielle du 3 juin.
Choi Sang-mok était visé par une motion de destitution
Au mois de mars, M. Lee, favori des sondages, avait été relaxé en appel. Il était accusé d'avoir proféré de fausses déclarations durant la campagne de l'élection présidentielle de 2022, finalement remportée par Yoon Suk Yeol. La Cour suprême a annulé cette relaxe et décidé qu'un nouveau procès était nécessaire, arguant d'un "malentendu juridique".
Cette décision a été rendue jeudi avant la démission du président par intérim Han Duck-soo puis celle du ministre des Finances Choi Sang-mok, qui était pressenti pour lui succéder. "Je présente mes excuses à propos de ma décision de quitter mes fonctions, car il m'est devenu difficile de continuer à assumer mes responsabilités dans le contexte économique actuel, tant au niveau national qu'international", a déclaré M. Choi dans un communiqué.
M. Choi a annoncé sa démission au moment même où les députés de l'opposition votaient une motion de destitution à son encontre. Le vote a été suspendu. La présidence par intérim échoit désormais au ministre de l'Éducation, Lee Ju-ho, qui sera chargé de superviser le processus électoral en vue de l'élection présidentielle.
Il a ordonné de relever l'état de vigilance de l'armée au "plus haut niveau" et a appelé à tenir l'élection de manière "ordonnée" et "juste", a indiqué l'agence Yonhap vendredi soir.
"Le pouvoir judiciaire veut priver le peuple de son droit d'élire son président"
Le scrutin du 3 juin doit permettre de trouver un successeur à M. Yoon, destitué après avoir déclaré la loi martiale dans le pays en décembre et contre lequel le parquet sud-coréen a annoncé jeudi une inculpation pour "abus de pouvoir" après celle pour "rébellion" signifiée en janvier.
Le Parti démocrate de Lee Jae-myung a vivement réagi au verdict de la Cour suprême, le qualifiant d'"ingérence électorale". "Le pouvoir judiciaire veut priver le peuple de son droit d'élire son président", a-t-il ajouté dans un communiqué.
Le Parti du pouvoir au peuple (PPP), la formation de M. Yoon, a de son côté salué la décision et exigé que M. Lee jette l'éponge. "Il est tout à fait logique qu'il retire sa candidature (...) en tant qu'homme politique responsable", a déclaré à des journalistes le chef de file de députés PPP, Kweon Seong-dong.
En cas de condamnation, Lee Jae-myung sera dans l'incapacité de se présenter à une élection pendant cinq ans, et pourrait s'exposer à une peine d'emprisonnement. Il pourra faire appel de toute décision. Des experts estiment que l'affaire ne parviendra pas à son terme avant le scrutin de juin.
Lee Jae-myung visé par une série de procès pour des accusations de corruption
"Il faut généralement trois mois pour qu'une juridiction inférieure délibère sur une affaire renvoyée par la Cour suprême", a ainsi déclaré à l'AFP le commentateur politique et avocat Yoo Jung-hoon. Selon lui, il sera "extrêmement difficile pour la Cour de rendre une décision avant l'élection". Et "même si (elle) rend une décision défavorable à M. Lee, ce dernier peut toujours faire appel, ce qui lui donnerait "suffisamment de temps pour gagner".
Outre l'affaire de violation de la loi électorale, Lee Jae-myung fait face à une autre série de procès pour des accusations de corruption. S'il remporte la présidence en juin, ces procédures pourraient être suspendues en vertu de l'immunité présidentielle, et reprendraient une fois son mandat terminé.
Tout en laissant entendre qu'il pourrait lui aussi prendre part à l'élection, le chef de l'État par intérim Han Duck-soo a annoncé jeudi avoir "remis (sa) démission en tant que Premier ministre et président par intérim". "Deux chemins s'offrent à moi : l'un consiste à poursuivre mes fonctions actuelles, l'autre à démissionner et assumer de plus grandes responsabilités", a-t-il déclaré dans un discours d'adieu sans préciser la nature exacte de celles-ci.