Kofi Annan sur Europe 1 en 2013 : "On ne peut pas s'asseoir quand des gens sont en train d'être tués"

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Anaïs Huet
L'ancien secrétaire général des Nations-Unies est mort samedi à l'âge de 80 ans. En 2013, il avait été l'invité exceptionnel de Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1.
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C'est entouré de son épouse et de ses trois enfants que Kofi Annan s'en est allé, samedi, à l'âge de 80 ans. Celui qui fut le secrétaire général de l'ONU de 1997 à 2006 avait été l'invité exceptionnel d'Europe 1, le 13 décembre 2013. Nous vous proposons de réécouter cet entretien ci-dessus.

"Si c'est nécessaire, il faut utiliser la force". Interrogé par Jean-Pierre Elkabbach, il était revenu sur ses deux mandats aux Nations-Unies, marqués par de nombreux conflits à travers le monde. "Une vingtaine de guerres", au total, dénombrait-il, tout en refusant de s'adonner à un comptage précis. Fort son expérience, il estimait qu'il était parfois nécessaire d'intervenir militairement sur des zones de conflit. "Il faut intervenir politiquement, économiquement, faire pression sur les chefs d'Etat concernés. Et si c'est nécessaire, il faut utiliser la force. C'est le Conseil de sécurité, qui travaille pour la communauté internationale, qui peut le décider", précisait-il.

"L'ONU est lent". À l'époque de cet entretien, la France venait d'engager une opération militaire en Centrafrique, que soutenait Kofi Annan. "On ne peut pas s'asseoir quand des gens sont en train d'être tués. La communauté internationale doit agir, mais l'ONU est lent. Si on doit composer avec les forces onusiennes, il faut 3-4 mois. Or, il faut agir tout de suite", avait-il expliqué, félicitant le président François Hollande pour sa réactivité.  

Une fonction de "bouc-émissaire". Kofi Annan était aussi revenu sur ce rôle très délicat de secrétaire général de l'ONU, qu'il qualifiait lui-même de "bouc-émissaire". "Si les choses vont bien, c'est grâce aux pays et aux chefs d'Etats, quand ça va mal, c'est à cause de l'ONU", avait-il soufflé, un sourire au coin des lèvres.