Journaliste tué au Liban : l'armée libanaise accuse Israël de «meurtre délibéré»

Journaliste tué au Liban : l'armée libanaise accuse Israël de «meurtre délibéré»
Journaliste tué au Liban : l'armée libanaise accuse Israël de «meurtre délibéré» © Alexi J. Rosenfeld / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP
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avec AFP // Crédit photo : Alexi J. Rosenfeld / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP , modifié à
L'armée libanaise accuse Israël d'être responsable de la mort d'un journaliste de l'agence de presse Reuters, la veille dans le sud du pays. Le ministre des Affaires étrangères libanais dénonce "une attaque flagrante contre la liberté de la presse". De son côté, l'armée israélienne s'est dit "très désolée" sans reconnaître sa responsabilité. 

Les autorités libanaises ont accusé samedi Israël d'être responsable d'une frappe ayant tué un journaliste de Reuters et blessé plusieurs autres la veille dans le sud du Liban, l'armée israélienne affirmant pour sa part procéder à des "vérifications". Six journalistes ont été blessés dans ce bombardement: deux de l'AFP, dont une photographe grièvement atteinte, deux de Reuters et deux de la chaîne Al-Jazeera.

"Un meurtre délibéré et une attaque contre la liberté de la presse"

"L'ennemi israélien a tiré une roquette qui a visé une voiture civile de presse, ce qui a conduit à la mort du vidéojournaliste Issam Abdallah" et blessé plusieurs autres journalistes, selon un communiqué de l'armée libanaise. Le ministère libanais des Affaires étrangères a dénoncé pour sa part sur le réseau X "un meurtre délibéré" et "une attaque flagrante contre la liberté de la presse".

L'armée israélienne s'est dite de son côté "très désolée" samedi de la mort du journaliste Issam Abdallah, sans reconnaître explicitement sa responsabilité, et a affirmé mener des "vérifications". Ce journaliste libanais âgé de 37 ans a été tué et six journalistes --un Américain, trois Libanais et deux Irakiens- blessés vendredi, alors qu'ils couvraient la situation aux abords du village d'Alma el-Chaab, dans le sud du Liban, à la frontière avec Israël. 

Depuis le début de la guerre entre Israël et Gaza, déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du Hamas, le sud du Liban est le théâtre de tirs entre le Hezbollah libanais et l'armée israélienne et de tentatives d'infiltration en Israël depuis le Liban.

 

"Nous avons été frappés par ce qui semblait être un tir de roquette israélien"

"Nous étions en train de filmer la fumée d'un tir d'artillerie israélienne visant une colline distante, en face de nous. Nous étions sur un terrain découvert, portant nos gilets presse et nos casques", a raconté le vidéojournaliste américain de l'AFP Dylan Collins, blessé par des éclats d'obus, à ses confrères. "Il n'y avait pas d'activité militaire ni de tirs d'artillerie à proximité immédiate" des journalistes, a-t-il précisé.

"Tout à coup nous avons entendu des tirs d'armes légères venant d'une autre direction, près de la frontière. Quand nous avons tourné nos caméras vers cette direction, nous avons été frappés par ce qui semblait être un tir de roquette venant du côté israélien", a poursuivi le journaliste. "J'ai vu ma collègue Christina Assi au sol avec de graves blessures aux jambes. Alors que je tentais de lui poser un garrot, nous avons été frappés à nouveau, directement, depuis le même endroit", a-t-il dit.

"Israël nous a pris directement pour cible", a accusé pour sa part Carmen Joukhadar, correspondante de la chaîne qatarie Al-Jazeera, hospitalisée à Beyrouth. "A six heures, la première frappe a eu lieu, j'ai couru vers notre voiture, puis j'ai pensé que je ne devais pas rester près d'elle, alors j'ai couru pour m'en éloigner et la deuxième frappe a eu lieu", a raconté la journaliste libanaise. Al-Jazeera a accusé Israël d'avoir tiré une roquette depuis un hélicoptère Apache.

 

La tension monte de jour en jour

La région frontalière est le théâtre d'affrontements réguliers depuis près d'une semaine, mais les opérations étaient pour le moment restées limitées, de même que les bombardements israéliens sur les abords des villages frontaliers dans le sud du Liban. Mais la tension monte jour après jour, et la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) déployée dans le sud du pays a mis en garde vendredi contre un risque de "débordement" et une situation qui pourrait devenir "hors de contrôle".

"Nous répondrons à chaque tir en provenance du Liban par un tir", a martelé samedi un responsable de l'armée israélienne, le brigadier-général Daniel Hagari. "L'armée israélienne dispose d'une force très importante dans le nord et quiconque atteindra la frontière (avec Israël, ndlr) pour pénétrer en territoire israélien mourra", a-t-il ajouté en soulignant que "le Liban en paierait le prix". 

Le puissant Hezbollah pro-iranien est un allié du mouvement islamiste palestinien Hamas qui a mené le 7 octobre une attaque d'une ampleur sans précédent contre le territoire israélien, entraînant une riposte d'Israël à Gaza. Le conflit a déjà fait des milliers de morts dans les deux camps depuis une semaine.