Israël : la guerre fait rage à Gaza malgré l'appel de l'ONU à un «cessez-le-feu immédiat»

gaza
© SAID KHATIB / AFP
  • Copié
avec AFP / Crédit photo : SAID KHATIB / AFP , modifié à
Les raids aériens et les affrontements se poursuivent ce mardi dans la bande de Gaza malgré une première résolution, la veille, de l'ONU exigeant un "cessez-le-feu immédiat" dans le territoire palestinien et qui a suscité l'ire d'Israël.
L'ESSENTIEL

Tôt mardi, le Hamas a fait état de 70 morts dans la nuit, dont 13 dans des frappes aériennes près de Rafah, ville à la pointe sud de Gaza où s'entassent 1,5 million de Palestiniens, la majorité d'entre eux déplacés par les violences dans le reste du territoire. Et les alarmes anti-roquettes ont retenti autour de Gaza, selon l'armée israélienne. Lundi, et pour la première fois depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté par 14 voix pour et une abstention - celle des États-Unis - une résolution appelant à un "cessez-le-feu". Allié historique d'Israël, Washington s'était jusque-là opposé au terme "cessez-le-feu" dans les résolutions de l'ONU, bloquant trois textes en ce sens.

Le texte "exige un cessez-le-feu immédiat pour le mois du ramadan" - qui a débuté il y a deux semaines -, devant "mener à un cessez-le-feu durable", et "exige la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages". Ne pas appliquer cette résolution serait "impardonnable", a jugé le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres dans la foulée du vote salué par les grandes capitales.

Les principales informations à retenir :

  • Pour la première fois depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté lundi une résolution appelant à un "cessez-le-feu"
  • Pour autant, les raids aériens et les affrontements se poursuivent ce mardi dans la bande de Gaza
  • Sur le terrain, la situation demeure critique pour les 2,4 millions d'habitants de l'étroite bande de terre, soumise à un blocus total et menacée de famine

Israël vs. Washington

Dès l'adoption du texte, Israël a annulé la visite d'une délégation attendue à Washington, déclarant que l'abstention américaine "nuisait" à la fois à son effort de guerre et à ses efforts pour libérer les otages retenus à Gaza. "Il s'agit d'un net recul par rapport à la position constante des États-Unis au Conseil de sécurité depuis le début de la guerre" le 7 octobre, a déclaré le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

"Nous n'avons pas le droit moral d'arrêter la guerre tant qu'il y a des otages à Gaza", a rétorqué son ministre de la Défense Yoav Gallant, en visite aux États-Unis. "L'issue de cette guerre façonnera la région pour les années à venir", a-t-il martelé, insistant ainsi sur le besoin selon Israël de "vaincre" le Hamas pour assurer sa sécurité. L'ex-président des États-Unis Donald Trump, souvent qualifié de chef d'État américain le plus pro-israélien, a affirmé lundi dans une interview au quotidien Israel Hayom qu'Israël devait "en finir" avec la guerre à Gaza car il est en train de perdre "beaucoup de soutien" dans le monde.

"Protéger" Gaza

Le Hamas a "salué l'appel du Conseil de sécurité de l'ONU à un cessez-le-feu immédiat" et accusé Israël de "l'échec" des pourparlers - sous l'égide du Qatar, de l'Égypte et des États-Unis - pour une trêve de plusieurs semaines doublée de libérations d'otages israéliens et de prisonniers palestiniens. 

Dans la bande de Gaza, des habitants rencontrés par l'AFP se sont félicités du vote à l'ONU tout en appelant Washington à user de son influence sur Israël pour obtenir un cessez-le-feu. "L'Amérique doit protéger Rafah comme elle a protégé Israël", a estimé Bilal Awad, un déplacé de la ville de Khan Younès (sud).

"Même pas de nourriture"

Sur le terrain, la situation demeure critique pour les 2,4 millions d'habitants de l'étroite bande de terre, soumise à un blocus total et menacée de famine selon l'ONU et des organisations internationales. Au moins deux grands hôpitaux, accusés par Israël d'abriter des bases du Hamas, sont visés par des opérations de l'armée, une semaine après le début de l'intervention contre l'hôpital al-Chifa de Gaza-ville, le plus grand du territoire.

Cet hôpital et ses environs ont été visés lundi par des tirs d'artillerie, selon le Hamas, tout comme les abords de l'hôpital al-Amal de Khan Younès. Le Croissant-Rouge palestinien a annoncé dans la nuit avoir évacué 27 membres de son personnel à al-Amal, après l'évacuation dimanche de déplacés qui y avaient trouvé refuge. À Jabaliya, dans le nord, des habitants, dont beaucoup de femmes et d'enfants, faisaient la queue lundi pour remplir des bidons d'eau qu'ils emportent dans des brouettes, des chariots ou à la force de leurs bras.

"Nous n'avons même pas de nourriture pour nous donner l'énergie d'aller chercher de l'eau, sans parler des enfants innocents, des femmes et des personnes âgées", a témoigné un homme, Bassam Mohammed al-Haou.

Une aide humanitaire interdite par Israël

Arrivant principalement depuis l'Égypte via Rafah, l'aide humanitaire est contrôlée strictement par Israël et entre dans la bande de Gaza au compte-gouttes, ce qui a poussé des gouvernements étrangers à larguer, par parachutage, des colis alimentaires. Confrontée à cette crise humanitaire majeure, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a annoncé dimanche être désormais formellement interdite par Israël de toute livraison d'aide alimentaire dans le nord du territoire, où la situation est particulièrement dramatique.

"Des gens meurent pour obtenir une boîte de thon", s'est emporté Mohamad Al-Sabaawi, un habitant de Gaza, brandissant à la caméra l'unique boîte de thon qu'il a pu récupérer. Non loin, un autre homme a confié à l'AFP risquer sa vie pour une boîte de haricots "qui sera partagée avec 18 personnes".