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Ce vendredi, Israël et le mouvement islamiste de la bande de Gaza ne sont pas parvenus à trouver un accord de trêve, malgré plusieurs propositions des médiateurs présents au Caire. Si de nouvelles négociations devraient rapidement reprendre, les chances de trouver un accord "sont faibles" selon Gilles Kepel, spécialiste du monde arabe et invité de la Grande interview Europe 1-CNews.

Un accord de trêve et l'abandon d'une offensive à Rafah dans la balance. Malgré de longs pourparlers, les représentants du Hamas et d'Israël ne sont pas parvenus à trouver un accord de trêve ce vendredi. Ils ont quitté Le Caire après "deux jours de négociations", précisant que les efforts des pays médiateurs - Égypte, Qatar, États-Unis - "se poursuivent pour rapprocher les points de vue des deux parties".

Le Hamas avait donné son feu vert lundi à une proposition présentée par les médiateurs qui comprend, selon le mouvement, une trêve en trois phases, chacune d'une durée de 42 jours, incluant un retrait israélien de Gaza ainsi qu'un échange d'otages israéliens et de prisonniers palestiniens en vue d'un "cessez-le-feu permanent". Mais Israël a répondu que cette proposition était "loin de ses exigences" et répété son opposition à un cessez-le-feu définitif tant que le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les États-Unis et l'Union européenne, ne sera pas "vaincu".

Rapport de force

"Pour l'instant, les chances d'un accord sont assez faibles. Dans un processus de négociation comme celui-ci, on joue bien sûr entre le rapport de force sur le terrain et la négociation, qui a un effet psychologique. Le fait que le Hamas ait accepté de négocier après avoir refusé pendant longtemps voulait être montré par Israël comme le fait que le Hamas est en situation de faiblesse", analyse Gilles Kepel, professeur des universités et spécialiste du monde arabe ce vendredi lors de la Grande interview Europe 1-CNews.

"La négociation était elle sérieuse ? Je n'en suis pas absolument convaincu. En Israël même, vous avez une très forte pression pour la négociation qui vient du camp de la paix, qui s'identifie en partie aux familles des otages qui ont pour objectif principal la libération des otages. Alors que pour Benjamin Netanyahu, il s'agit principalement d'obtenir une victoire militaire, c'est-à-dire de montrer qu'il peut avoir la peau du chef du Hamas ou détruire les dernières infrastructures militaires du Hamas à Rafah", poursuit le spécialiste.

Stratégie politique

Une stratégie pour le Premier ministre israélien afin de "sauver sa peau politique" selon Gilles Kepel. Car au sein de la Knesset, le parlement du pays, certains des alliés les plus radicaux le menacent de quitter la coalition si jamais il signait un cessez-le-feu ou ne menait pas d'opération militaire à Rafah, "ce qui amènerait automatiquement la fin du gouvernement Netanyahu", conclut-il.

Pour rappel, 1,4 million de Palestiniens s'entassent actuellement à Rafah, pour la majorité déplacés par les violences. Défiant les mises en garde internationales, l'armée israélienne a mené depuis mardi des incursions qualifiées de "ciblées" dans l'est de la ville et pris le contrôle du passage frontalier avec l'Égypte, verrouillant une porte d'entrée névralgique pour les convois d'aide humanitaire vers le territoire assiégé.