Israël-Hamas : ce qu'il faut retenir au 114e jour du conflit

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avec AFP , modifié à
Au 114e jour du conflit, le chef de l'ONU a appelé les pays donateurs ayant suspendu leur financement à l'Unrwa à "au moins garantir" la poursuite de ses opérations, alors que des "combats intenses" se poursuivent sur Khan Younès, selon l'armée israélienne. Des discussions ont également eu lieu ce dimanche à Paris entre les États-Unis, l'Égypte, Israël et le Qatar pour discuter d'un accord de trêve à Gaza.
L'ESSENTIEL

Le chef des Nations unies a appelé dimanche à garantir la poursuite des opérations de l'agence pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), au centre d'une polémique liée à l'attaque du 7 octobre perpétrée par le Hamas depuis la bande de Gaza où l'armée israélienne poursuit son offensive sur Khan Younès. L'armée israélienne a évoqué des "combats intenses" dans la grande ville du sud du territoire palestinien, indiquant avoir éliminé "des terroristes et saisi d'importantes quantités d'armes".

Dans le même temps, ce dimanche, des contacts ont eu lieu dimanche à Paris entre le directeur de la CIA William Burns et de hauts responsables de l'Égypte, du Qatar et d'Israël, afin de discuter d'un accord de trêve dans la guerre à Gaza, ont indiqué des sources proches des participants à ces réunions. Ces quatre pays avaient également des contacts avec les autorités françaises, selon les mêmes sources, l'objectif étant de progresser vers un accord comprenant une trêve dans les combats et la libération des otages détenus par le Hamas.

Les informations à retenir :

  • Le chef de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé les pays donateurs ayant suspendu leur financement à l'Unrwa à "au moins garantir" la poursuite de ses opérations
  • L'armée israélienne a évoqué des "combats intenses" sur Khan Younès
  • Des discussions ont eu lieu ce dimanche à Paris entre les États-Unis, l'Égypte, Israël et le Qatar pour discuter d'un accord de trêve à Gaza
  • Trois militaires américains tués en Jordanie, Biden promet de "répondre"

Trois militaires américains tués en Jordanie dans une attaque de drone

Trois militaires américains ont été tués et plusieurs blessés dans une attaque au drone en Jordanie, a annoncé dimanche Washington, Joe Biden menaçant de représailles les auteurs, des membres de groupes pro-Iran selon lui. "La nuit dernière, trois militaires américains ont été tués, et plusieurs blessés, dans une attaque de drone sur nos forces basées dans le nord-est de la Jordanie", a déclaré le président américain dans un communiqué, affirmant que l'attaque "a été menée par un groupe de combattants radicaux pro-Iran opérants en Syrie et en Irak". C'est la première fois que des soldats américains sont tués au Moyen-Orient depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza.

L'ONU appelle à garantir les activités de l'Unrwa

À New York, Antonio Guterres a appelé les pays donateurs ayant suspendu leur financement à l'Unrwa à "au moins garantir" la poursuite de ses opérations, essentielles dans le petit territoire assiégé et surpeuplé. "Deux millions de civils à Gaza dépendent de l'aide critique de l'Unrwa pour leur survie au quotidien mais le financement actuel de l'Unrwa ne lui permettra pas de répondre à tous les besoins en février", a-t-il insisté.

Plusieurs pays, dont les États-Unis et l'Allemagne, les deux plus grands contributeurs, ont suspendu toute aide additionnelle à l'Unrwa après l'annonce vendredi que douze de ses employés étaient suspectés d'avoir participé à l'attaque sanglante du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre.

La France "ne prévoit pas de nouveau versement" à l'Unrwa au premier trimestre 202

La France a annoncé dimanche ne pas prévoir de nouveau versement à l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) au premier trimestre 2024, après des accusations vendredi selon lesquelles des employés pourraient avoir été impliqués dans l'attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre.

"La France n'a pas prévu de nouveau versement au premier trimestre 2024 et décidera le moment venu de la conduite à tenir en lien avec les Nations unies et les principaux donateurs", dont fait partie Paris avec 60 millions d'euros versés en 2023 à l'Unrwa, a affirmé dans un communiqué le ministère des Affaires étrangères, évoquant des accusations d'une "exceptionnelle gravité".

"Actes abjects"

Cette attaque sans précédent a entraîné la mort d'environ 1.140 personnes en Israël, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens. En riposte, Israël a lancé une vaste opération militaire ayant fait 26.422 morts, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, selon un bilan communiqué dimanche par le ministère de la Santé du Hamas. Israël a juré d'"anéantir" le mouvement islamiste, classé terroriste par les États-Unis, l'Union européenne et Israël.

Antonio Guterres a confirmé que 12 employés de l'Unrwa étaient concernés par ces "accusations extrêmement graves" qui font l'objet d'une enquête interne de l'ONU. L'agence s'est séparée de neuf d'entre eux, un est "confirmé mort", et les identités de deux autres sont "en train d'être clarifiées", a-t-il précisé. "Les présumés actes abjects de ces employés doivent avoir des conséquences" mais ne devraient pas pénaliser "les dizaines de milliers d'hommes et de femmes qui travaillent" pour l'agence, a-t-il souligné.

L'ambassadeur israélien à l'ONU, Gilad Erdan, a accusé Antonio Guterres d'avoir choisi d'ignorer "les preuves" de l'implication de l'Unrwa dans "l'incitation et le terrorisme". Le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, a dénoncé des "menaces" contre l'agence.

Combats autour des hôpitaux

Un refuge de l'Unrwa avait été la cible de tirs meurtriers mercredi à Khan Younès. Considérée par Israël comme une place forte du Hamas, cette ville est désormais au cœur de la guerre. Les combats ont notamment lieu aux abords des hôpitaux Nasser et al-Amal.

Environ 350 patients et 5.000 personnes déplacées se trouvaient samedi à l'hôpital Nasser, "à court de carburant, nourriture et fournitures", selon Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Selon le Croissant-rouge palestinien, les opérations chirurgicales sont suspendues à l'hôpital al-Amal faute d'oxygène.

Au sud de Khan Younès, plus de 1,3 million de Gazaouis déplacés sont massés à Rafah dans des "conditions de désespoir", contre la frontière fermée avec l'Egypte, selon l'ONU. Les rues où s'écoulent les eaux usées sont remplies de centaines de milliers de tentes, abris dérisoires contre les pluies diluviennes des derniers jours, selon un journaliste de l'AFP. La ville n'est pas non plus épargnée par les bombes. "Il n'y a aucun endroit sûr dans la bande de Gaza. Tout ce qui est dit est faux", témoigne Mohammed Al-Chaer, un habitant, dans son quartier dévasté.

Manifestations en Israël

Au 114e jour de guerre, le Qatar, l'Egypte et les États-Unis doivent relancer les discussions pour parvenir à une nouvelle trêve, qui inclurait la libération d'otages israéliens contre des prisonniers palestiniens. Quelque 250 personnes ont été enlevées en Israël pendant l'attaque du 7 octobre et emmenées à Gaza, dont une centaine libérées fin novembre durant une trêve. Selon les autorités israéliennes, 132 otages sont toujours détenus dans la bande de Gaza, dont 28 présumés morts.

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi soir en Israël, notamment à Tel-Aviv, pour demander le retour des otages et la démission du gouvernement en vue de nouvelles élections. Mais dans une allocution télévisée, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a répété sa détermination : "si nous n'éliminons pas les terroristes du Hamas (...) le prochain massacre n'est qu'une question de temps".