Iran : qu'est-ce que la police des mœurs, remise en cause après la mort de Mahsa Amini ?

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Dans la rue, les femmes doivent adopter un code vestimentaire strict en Iran (Illustration). © ATTA KENARE / AFP
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Mahsa Amini, une jeune Iranienne de 22 ans, est morte après avoir été détenue trois jours par la police des mœurs en Iran en raison d'un "port de vêtements inappropriés". De nombreuses manifestations ont éclaté dans le pays après son décès pour remettre en cause cette brigade chargée de veiller au respect du code vestimentaire.

C'est une brigade pointée du doigt par des milliers de manifestants. La police des mœurs est sous le feu des critiques en Iran après la mort de Mahsa Amini, une jeune femme détenue pour "port de vêtements inappropriés" et décédée à la suite de sa détention de trois jours. Cette Iranienne de 22 ans, arrêtée en raison d'une mèche de cheveu qui dépassait de son voile, est en train de devenir un symbole de l'oppression du régime.

À l'origine de ces manifestations, l'intervention de la police des mœurs, une unité qui est chargée de faire respecter le strict code vestimentaire, surtout pour les femmes, dans l'espace public.

Des camionnettes reconnaissables de loin

Depuis la révolution iranienne de 1979, c'est cette police qui veille au respect de la loi islamique. Elle circule dans des camionnettes blanches et vertes reconnaissables, et peuvent instaurer une certaine peur auprès de la population comme le rapporte Le Parisien. Dans le pays, toutes les femmes, y compris de nationalité étrangère, doivent se couvrir les cheveux en public dès l'âge de 7 ans. À défaut, elles sont considérées comme criminelles.

Il existe d'autres interdictions vestimentaires pour les femmes souligne TF1, comme le fait de porter des manteaux courts au-dessus du genou, des pantalons serrés, des jeans troués ou encore des tenues de couleurs vives.

Un flou dans le code vestimentaire

L'imposition de ces règles s'est faite petit à petit. Au départ, c'est un voile intégral noir qui ne laisse apparaître que le visage, le tchador, qui est obligatoire. Beaucoup de femmes ont été arrêtées et condamnées à coups de fouet à cause de leurs vêtements non-conformes aux exigences. Dans les années 1980, le "bon hijab" est généralisé, mais sa définition reste floue. En réalité, aucune loi écrite ne fixe la tenue officielle appropriée, et certains policiers des mœurs en profitent pour procéder à une arrestation.

À l'arrière des véhicules de cette brigade se trouvent des femmes vêtues de tchador, qui ont pour mission d'aller à la rencontre de celles qui ne respecteraient pas bien la loi vestimentaire. Selon l'ONG Amnesty International, ces femmes encourraient "diverses sanctions : arrestation, peine d'emprisonnement, flagellation ou amende".

Cette police des mœurs est prise à partie ces derniers jours, par les femmes comme par les hommes, explique sur Europe 1 Farhad Khosrokhavar, ancien directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales à Paris. "Des femmes vont provoquer le régime. Or, énormément de manifestants sont des hommes. Il y a une sorte de solidarité entre les hommes et les femmes. Si cela continue pendant une certaine période, on risque d'assister à l'ébranlement du régime, ce n'est pas encore le cas à ce moment précis", détaille le spécialiste de l'Iran.