Intervention militaire en Gambie pour installer le nouveau président Adama Barrow

Gambie Banjul
Avant l'investiture du nouveau président, les rues de Banjul étaient désertes. © STRINGER / AFP
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avec AFP
Le président gambien élu, Adama Barrow, a prêté serment jeudi, alors que son prédécesseur Yahya Jammeh refuse de laisser le pouvoir. L'armée sénégalaise est entrée en Gambie pour le contraindre au départ.

Les troupes sénégalaises et de quatre autres pays d'Afrique de l'Ouest sont intervenues jeudi en Gambie pour installer le nouveau président Adama Barrow et forcer au départ le sortant Yahya Jammeh, qui refuse de reconnaître sa défaite électorale. Adama Barrow, tout de blanc vêtu, a prêté serment à l'ambassade de Gambie à Dakar jeudi après-midi devant le président de l'Ordre des avocats gambien Sheriff Tambadou, en présence de nombreux responsables d'organisations internationales et régionales ainsi que de ses deux épouses. Dans son discours, le président gambien, élu à la surprise générale le 1er décembre, a appelé l'armée gambienne à se rallier à lui. 

L'armée sénégalaise entre en Gambie. Dans le même temps, les forces sénégalaises, mandatées par l'organisation régionale ouest-africaine Cédéao, qui presse depuis des semaines Yahya Jammeh, dont le mandat a expiré mercredi, à céder le pouvoir, entraient sur le territoire de leur petit voisin. Les soldats sénégalais ont pénétré "de partout" en Gambie, pays totalement enclavé dans le Sénégal à l'exception d'une étroite bande côtière, a indiqué le colonel Abdoul Ndiaye, porte-parole de l'armée. L'annonce est intervenue après le vote unanime par le conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution soutenant les initiatives de la Cédéao pour pousser Yahya Jammeh à quitter le pouvoir, sans explicitement approuver un recours à la force. La progression des troupes africaines n'était pas immédiatement connue, mais des tirs ont été entendus près de la frontière gambienne : des accrochages ont pu avoir lieu entre des soldats sénégalais et des présumés rebelles proche du président sortant. 

Scènes de liesse dans la capitale. La capitale de Gambie, Banjul, s'est transformée en ville fantôme, magasins clos et habitants terrés chez eux de craintes de violences ces derniers jours. Les évacuations de touristes, notamment Britanniques, se poursuivaient également. Peu après l'investiture d'Adama Barrow jeudi, des scènes de liesse ont éclaté dans les rues de Banjul sans être réprimées par les militaires présents. Le chef d'état-major de l'armée a même été vu célébrant avec les manifestants, semblant indiquer un lâchage de Yahya Jammeh. Le général Ousman Badjie avait dès la veille laissé entendre qu'il n'entendait pas résister et entraîner ses hommes dans un "combat stupide" autour d'une "dispute politique". Le risque de troubles dans le pays a amené quelque 25.000 personnes, selon l'ONU, à quitter le pays depuis le début de la crise politique. 

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 A Banjul, les Gambiens ont laissé éclaté leur joie après l'investiture de Barrow. Crédit : AFP

Le président sortant ne lâche pas le pouvoir
Imprévisible et accusé de violations des droits de l'homme par de nombreuses ONG, Yahya Jammeh, arrivé au pouvoir en 1994 par un coup d'Etat sans effusion de sang, dirige depuis le pays, qu'il a récemment proclamé "république islamique", d'une main de fer. Après avoir initialement reconnu sa défaite face à Adama Barrw, candidat d'une opposition pour une fois unie, il avait fait volte-face à la suite de la reconnaissance par la commission électorale d'une erreur n'affectant pas le résultat final. Malgré les pressions internationales et abandonné au fil des jours par sa vice-présidente et plusieurs de ses ministres, il s'est obstiné à demeurer en place tant que la justice n'aurait pas statué sur ses recours électoraux.