drogue Irelande 1:39
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William Molinié , modifié à
C'est l'une des conséquences insoupçonnées du Brexit. Deux ans après la sortie du Royaume-Uni du marché unique européen, cocaïne, ecstasy et opioïdes continuent de passer par Calais et Douvres mais le renforcement des contrôles a ouvert une nouvelle route qui passe cette fois-ci par l’Irlande…

La ville de Rosslare, réputée pour être la plus ensoleillée de la République d’Irlande, est-elle en train de devenir une nouvelle porte d’entrée de la drogue vers le Royaume-Uni ? Si deux ans après le Brexit, la classique liaison Calais-Douvres reste un axe très emprunté par les trafiquants, une nouvelle route irlandaise est en train de se dessiner, rapportent les enquêteurs spécialisés dans une récente note qu’Europe 1 a pu consulter.

Dizaine de milliards d’euros

Le marché annuel de la cocaïne en Angleterre, en Écosse, au Pays de Galles et en Irlande du Nord est estimé entre 10,6 et 13,31 milliards d’euros chaque année, l’un des plus importants en Europe. La demande britannique en stupéfiants "porte essentiellement sur la cocaïne, la MDMA, l’ecstasy et les opioïdes", relèvent les policiers. Avec le Brexit, les contrôles douaniers et certaines formalités administratives ont été rétablies aux frontières de l’Union européenne et du Royaume-Uni. À Calais, des saisies importantes de drogue continuent régulièrement d’être réalisées par les douanes et polices françaises.

Comme en octobre 2021, lorsque 325 kg de kétamine et 27 kg d’héroïne ont été interceptée dans un camion qui s’apprêtait à emprunter le tunnel sous la Manche. Rebelotte un mois plus tard, les Britanniques ont trouvé 418 kg de cocaïne dans un camion à l’entrée de la zone de fret. En janvier 2022, ce sont 71 kg de cocaïne et 100 kg de kétamine dans un véhicule embarquant sur un ferry au port de Calais.

Contrôles de la frontière a minima

Outre cet axe qui reste encore un lieu de passage important, l’Irlande, membre de l’Union européenne, semble devenir un pays de transit pour la drogue venue de France à destination de l’Angleterre. Depuis le Brexit, les services de ferry se sont multipliés entre les ports français (Le Havre, Dunkerque, Cherbourg, Saint-Malo et Roscoff) et irlandais (Dublin, Rosslare et Cork). Par ailleurs, le principe de libre-circulation des personnes avec l’Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni permet des contrôles allégés aux frontières. Les citoyens britanniques et irlandais, ceux de l’île de Man, de Jersey et Guernesey, peuvent ainsi traverser les frontières avec un contrôle minimal de leurs documents d’identité.

Cette nouvelle route franco-irlandaise, présentée par les policiers français comme une "menace", a été repérée grâce à des saisies conséquentes de drogue dans le port irlandais de Rosslare à bord de poids lourds embarqués sur des ferries en provenance de Cherbourg. En mai dernier, 140 kg de cannabis ont été saisis dans un camion et l’été dernier 77 kg de cannabis dans une remorque arrivée par ferry.

Des interceptions qui restent encore sommaires, mais qui montrent la vulnérabilité du dispositif de contrôle et surtout, l’adaptation très rapide des réseaux de trafiquants pour contourner les nouvelles législations.