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L’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine approuve la réaction de la France, qui a rappelé son ambassadeur à Rome après des déclarations de plusieurs responsables italiens.
INTERVIEW

Une première entre la France et un autre pays de l’Union Européenne. Paris a rappelé jeudi son ambassadeur en Italie après des déclarations jugées "outrancières" de responsables italiens, un fait inédit depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Pour l’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine, le gouvernement français devait "marquer le coup". "Il fallait hausser le ton. Ce sont des attaques ridicules et inacceptables", a jugé l’ancien ministre, jeudi soir sur Europe 1.

Le vice-Premier ministre Luigi Di Maio et le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini, les deux chefs politiques du gouvernement populiste italien, ont multiplié ces dernières semaines les attaques d’une rare violence contre l’exécutif français. La France avait jusqu’ici choisi de ne pas surréagir à ces propos.

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"La réaction était justifiée". Hubert Védrine a estimé que cette crise diplomatique ne devrait cependant pas s’éterniser. "Certaines phrases étaient inexplicables, il fallait réagir pour attirer des réactions et provoquer une gêne en Italie. Les Italiens vont essayer de baisser le ton, ce qui montre que la réaction était justifiée".

Peu après le rappel de l’ambassadeur, Luigi Di Maio et Matteo Salvini se sont déclarés "disponibles" pour dialoguer avec le gouvernement français, première tentative pour faire retomber la tension entre les deux pays.

"Il faut un accord sur la maîtrise des flux migratoires". L’ancien ministre des Affaires étrangères demande aussi de "penser à la suite", et notamment à négocier un accord sur les "flux migratoires" après les élections européennes. "Au-delà de (cette crise), il faut penser à la suite. Il ne faut pas oublier que ces forces politiques en Italie (populistes) sont la conséquence d’un abandon par l’Europe et de Schengen face à l’immigration non maîtrisée", analyse Hubert Védrine.  

"Il y a un rendez-vous après les européennes, sur un grand accord sur la maîtrise des flux migratoires. Le système européen ne va plus beaucoup bouger. Il n’y aura pas de saut en avant fédéral. Il faut petit à petit s’habituer à ce que le système européen s’améliore petit à petit."