Honduras : état d'urgence décrété après les manifestations post-électorales

Les manifestations se multiplient à travers le pays depuis les élections de dimanche.
Les manifestations se multiplient à travers le pays depuis les élections de dimanche. © AFP
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avec AFP , modifié à
Alors que les manifestations se multiplient à travers le pays, le président sortant a signé un décret restreignant notamment la libre circulation des personnes "entre 18 heures et 6 heures". 

Le gouvernement du Honduras a décrété l'état d'urgence dans la nuit de vendredi à samedi pour mettre fin aux manifestations de l'opposition qui se multiplient à travers le pays contre une "fraude" électorale lors de la présidentielle de dimanche. Le décret approuvé par le président sortant Juan Orlando Hernandez "restreint pour une période de dix jours (...) la libre circulation des personnes" entre 18 heures et 6 heures, a précisé un porte-parole du gouvernement, Jorge Ramon Hernandez Alcerro.

Plusieurs professions épargnées. Cinq jours après l'élection présidentielle, le Honduras n'a toujours pas de vainqueur, l'autorité électorale ayant annoncé un recomptage de certains procès-verbaux litigieux. Mais les manifestations contre une fraude supposée se sont multipliées, à l'appel du principal opposant, Salvador Nasralla, rival de gauche du président sortant et présentateur-star de la télévision, bien que novice en politique. L'état d'urgence décrété entre en vigueur à compter de vendredi 23 heures locales (5 heures GMT samedi), mais ne s'applique pas au Tribunal suprême électoral (TSE), aux observateurs nationaux et internationaux en charge de la présidentielle, aux représentants des partis politiques et aux journalistes accrédités pour couvrir l'élection, selon le décret. Plusieurs professions sont également épargnées, comme les salariés des transports, le personnel médical, les fonctionnaires de la sécurité et de la justice ou les membres du corps diplomatique ou des missions internationales, précise le décret.

Des résultats très serrés. Le président conservateur Juan Orlando Hernandez cherche à se faire réélire, mais sa candidature est contestée par l'opposition car elle se fonde sur un décision controversée de la Cour suprême l'autorisant à briguer un second mandat malgré l'interdiction de la Constitution. Au fur et à mesure du décompte des voix, les résultats, très serrés, se sont inversés en faveur du chef de l'Etat sortant, qui était vendredi en tête avec 42,92% des voix devant son rival de gauche Salvador Nasralla, 64 ans, de l'Alliance de l'opposition contre la dictature, crédité de 41,42%. Ses sympathisants sont descendus dans la rue dès mercredi soir et jeudi, à son appel.  Vendredi, des milliers de partisans du présentateur de télévision ont bloqué la circulation dans le pays, suscitant des échauffourées avec la police.

Au moins deux policiers et une dizaine de manifestants ont été blessés au cours des affrontements, dont certains par balles. Des saccages de commerces ont été signalés. Les avenues et les sorties de Tegucigalpa ont été obstruées par des manifestants, incendiant des barricades et jetant des pierres sur les forces de l'ordre, qui ont répondu par des gaz lacrymogènes. La population s'est précipitée dans les stations-service et les magasins d'alimentation, dans la crainte de ne plus pouvoir sortir de chez elle pour se ravitailler en raison des désordres. Beaucoup de magasins avaient préféré fermer et quelques vols internationaux ont été suspendus à l'aéroport de la capitale.