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Marion Gauthier, édité par Manon Fossat
Au neuvième jour de l'invasion militaire des troupes de Vladimir Poutine, plus d'un million de réfugiés ont fui l'Ukraine à destination des pays voisins. Plus de la moitié d'entre eux s'est rendue en Pologne. A la frontière, l'envoyée spéciale d'Europe 1 sur place a rencontré un vétéran du Donbass, qui a troqué les armes pour l'aide humanitaire.
REPORTAGE

Un million de réfugiés ont fui l'Ukraine à destination des pays voisins depuis le début de l'invasion russe il y a neuf jours, et plus de la moitié d'entre eux s'est rendue en Pologne. Là-bas, certains vétérans de la guerre séparatiste du Donbass ont troqué les armes pour l'aide humanitaire. L'envoyée spéciale sur place d'Europe 1, Marion Gauthier, a rencontré l'un d'entre eux.

Ses mains fébriles vérifient les cartons étiquetés soigneusement : des médicaments et des vêtements occupent tout le coffre. Bogdan s'affaire. Il est fin, sec et mal rasé. "Je travaille et le reste du temps, j'emmène à la frontière de la nourriture ou même des gens qui veulent se battre en fonction des besoins. Aujourd'hui, j'accueille aussi quatre personnes chez moi. La guerre n'est pas seulement sur la ligne de front, nous devons faire tout notre possible ici", explique-t-il.

"Il y aura de lourdes pertes"

Livrer bataille autrement qu'en 2014. Depuis une semaine, il fait six allers-retours la nuit de Katowice à la frontière, soit plus de 300 kilomètres à chaque fois. Bogdan emmène des hommes combattre, et ramène des réfugiés. Et le doute s'installe dans l'habitacle. "En 2014, c'est moi qui avais acheté mon propre uniforme, mes chaussures. Seules les armes étaient fournies. A cette époque, je n'avais pas de famille. C'était plus simple. J'allais servir avec enthousiasme", se souvient-il.

"Cette fois-ci, il y a eu des débats, des pleurs avec ma femme. J'ai des regrets à chaque fois que je regarde les informations. C'est sûr, il y aura de lourdes pertes des deux côtés", souffle-t-il enfin. Ses cartons déposés dans un train pour l'Ukraine, le père de famille va prêter main forte au point de collecte, et enfile déjà un gilet de chantier