Des immeubles ont été touchés par des frappes à Kiev (Archives). 1:53
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Europe 1 avec AFP , modifié à
Au 265e jour de l'invasion russe en Ukraine, deux missiles, potentiellement russes, sont tombés en Pologne. En Ukraine, les villes de Kiev, Lviv et Kharkiv ont été touchées mardi par de nouvelles frappes russes, les premières depuis mi-octobre, quelques jours après une humiliante retraite des forces russes dans le sud du pays et en plein sommet du G20 en Indonésie. Europe 1 fait le point sur la situation.
L'ESSENTIEL

La capitale et d'autres villes ukrainiennes ont été touchées mardi par de nouvelles frappes russes, les premières depuis mi-octobre, quelques jours après une humiliante retraite des forces russes dans le sud du pays et en plein sommet du G20 en Indonésie. À Kiev, ces frappes ont fait au moins un mort, selon le maire. Les sirènes d'alerte de la défense antiaérienne ont retenti dans toute l'Ukraine peu avant 15h30 (13h30 GMT). Quelques minutes plus tard, des explosions ont été entendues à Kiev, Lviv (ouest) et Kharkiv (nord-est).

Les informations principales :

- Les villes de Kiev, Lviv et Kharkiv touchées par des frappes russes, au moins un mort

- Électricité coupée dans plusieurs régions

- Deux missiles russes seraient tombés en Pologne, près de la frontière ukrainienne

- La Russie sous la pression de nombreux dirigeants au G20

Plus de sept millions de foyers ukrainiens privés d'électricité après les frappes russes

Plus de sept millions de foyers ukrainiens sont privés d'électricité après de nouvelles frappes russes ayant visé le réseau électrique du pays, a indiqué mardi la présidence de l'Ukraine.

"Plus de sept millions de foyers sont désormais coupés de l'électricité", après que 15 installations énergétiques à travers l'Ukraine ont été endommagées, a déclaré sur les réseaux sociaux le chef adjoint du bureau du président Volodymyr Zelensky, Kyrylo Tymoshenko. "Nos ingénieurs électriciens font désormais tout ce qu'ils peuvent pour reconnecter l'alimentation électrique dans les plus brefs délais", a-t-il ajouté.

Deux missiles russes seraient tombés en Pologne

Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki réunit mardi soir le Conseil de sécurité nationale, au moment où Washington et l'Otan disent examiner des informations de presse faisant état de chutes de missiles russes sur le sol polonais. La réunion du Conseil, qui rassemble plusieurs ministres dont celui de la Défense et des Affaires étrangères ainsi que le chef des services spéciaux, a été convoquée "suite à la situation de crise en cours", a annoncé le porte-parole du gouvernement, Piotr Müller, sans plus de détails.

Le Pentagone a dit enquêter sur des informations de presse selon lesquelles deux missiles russes auraient "frappé un lieu en Pologne ou à la frontière avec l'Ukraine", l'Otan de son côté "est en train d'examiner ces informations (...) en coordination étroite avec la Pologne".

Selon les médias locaux, citant des sources non officielles, une explosion aurait fait deux morts dans un dépôt de céréales dans le village polonais de Przewodow, tout près de la frontière avec l'Ukraine. Piotr Müller a promis de s'exprimer à l'issue de la réunion du Conseil de sécurité. De hauts représentants de gouvernements baltes, tchèque et belge ont d'ores et déjà présenté des condoléances et leur soutien à la Pologne, dans des messages sur Twitter.

Les frappes russes ont provoqué l'arrêt automatique de réacteurs dans deux centrales nucléaires ukrainiennes

Les frappes russes ont provoqué l'arrêt automatique de réacteurs dans deux centrales nucléaires en Ukraine, a indiqué mardi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky, soulignant que désormais "environ dix millions d'Ukrainiens sont sans électricité".

"Plusieurs réacteurs nucléaires dans deux centrales ont été automatiquement mis hors service à la suite des frappes. Ces conséquences ont été calculées et l'ennemi savait exactement ce qu'il faisait", a déclaré le chef de l'Etat dans un message à la Nation.

Moldavie : coupures d'électricité à cause des frappes russes contre l'Ukraine

Plusieurs coupures d'électricité ont été également enregistrées dans différentes parties de la Moldavie après des frappes russes ayant visé des infrastructures énergétiques en Ukraine voisine, ont indiqué mardi les autorités moldaves.

"Des parties de la Moldavie font face à des coupures d'électricité à l'issue des frappes de missiles russes ayant visé des villes ukrainiennes et leurs infrastructures vitales", a écrit sur Twitter le chef de la diplomatie moldave Nicu Popescu. "Chaque bombe qui tombe en Ukraine affecte aussi la Moldavie et notre peuple", a-t-il affirmé.

La Russie a tiré "environ" 100 missiles sur l'Ukraine

La Russie a tiré "environ" 100 missiles sur l'Ukraine mardi, touchant plusieurs infrastructures énergétiques essentielles dans différentes régions, a affirmé un porte-parole de l'armée de l'air ukrainienne. "Environ cent missiles ont été tirés (...) depuis la mer Caspienne, la région (russe) de Rostov", et aussi "depuis la mer Noire", a indiqué Iouri Ignat en direct à la télévision ukrainienne, précisant qu'"à ce stade, l'utilisation de drones d'attaque n'a pas été enregistrée".

L'électricité coupée dans plusieurs régions

À la suite de ces bombardements, l'électricité a été coupée dans plusieurs régions du pays, ont indiqué les autorités ukrainiennes. "Attaque sur la capitale : selon des informations préliminaires, deux immeubles résidentiels ont été touchés dans le district de Petchersk. Plusieurs missiles ont été abattus par la défense aérienne au-dessus de Kiev", a indiqué peu après sur Telegram le maire, Vitali Klitschko.

Un responsable de l'administration présidentielle ukrainienne a publié une vidéo montrant un immeuble de cinq étages en flammes. D'autres villes ont été visées ailleurs dans le pays. Dans le nord-est, "attaque au missile contre le district d'Industrialniï à Kharkiv", a indiqué sur Telegram Igor Terekhov, maire de la deuxième ville d'Ukraine. Et dans l'ouest, "des explosions se font entendre à Lviv. Restez tous à l'abri !", a exhorté sur Telegram son homologue de Lviv, Andriï Sadovy, qui a précisé qu'"une partie de la ville (était) sans électricité".

Les dernières frappes ayant visé Kiev remontent à la mi-octobre

Les précédentes frappes ayant visé la capitale ukrainienne remontent au 10 et 17 octobre, et avaient avant tout visé, comme ailleurs dans le pays, les infrastructures énergétiques ukrainiennes, afin de priver la population d'électricité à l'approche de l'hiver. À l'époque, Moscou avait justifié ces frappes "massives" par la destruction partielle du pont reliant la Russie à la péninsule de Crimée, annexée par Moscou en 2014.

Cette fois-ci, les frappes ont visé Kiev quatre jours après l'humiliant retrait des forces russes du nord de la région de Kherson, dont sa capitale éponyme, après près de neuf mois d'occupation.

Un retrait humiliant des forces armées russes

Le Kremlin a du s'y résoudre du fait d'une contre-offensive ukrainienne galvanisée par les armes livrées par les Occidentaux. Il avait déjà dû se replier du nord du pays au printemps, puis du nord-est en septembre. Signe de ses difficultés sur le terrain, les autorités d'occupation dans la région de Kherson, dont Moscou revendique l'annexion, ont dû abandonner une nouvelle ville, Nova Kakhovka, accusant les forces de Kiev de la bombarder.

Cette ville est située sur la rive gauche (orientale) du Dniepr, où les forces russes s'étaient repliées la semaine dernière faute de pouvoir tenir la rive droite (occidentale). L'occupation russe n'indique pas cependant si l'armée russe reste déployée dans la cité ou si elle se replie également.

"La vie dans la ville (de Nova Kakhovka) est devenue dangereuse"

Après le retrait russe le 11 novembre de la rive droite du Dniepr, "Nova Kakhovka s'est retrouvé sous le feu direct de l'artillerie lourde et des mortiers des forces armées ukrainiennes", a déclaré l'administration d'occupation. "La vie dans la ville est devenue dangereuse", a-t-elle ajouté, affirmant que des "milliers" d'habitants l'avaient quittée. Cette ville est située à proximité du barrage hydroélectrique de Kakhovka, pris par les Russes au début de leur offensive contre l'Ukraine fin février et d'une grande importance pour alimenter en eau la péninsule de Crimée, située plus au sud.

Construit en 1956, pendant la période soviétique, ce barrage hydroélectrique permet d'envoyer de l'eau dans le canal de Crimée du Nord. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a par le passé accusé les forces de Moscou d'avoir "miné" le barrage et les unités de la centrale, ajoutant que si l'ouvrage explosait, "plus de 80 localités" seraient inondées.

Selon Kiev, une destruction de cette infrastructure aurait aussi un impact sur l'approvisionnement en eau de tout le sud de l'Ukraine et pourrait affecter le refroidissement des réacteurs de la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d'Europe, qui puise son eau dans le lac artificiel de 18 millions de mètres cubes du barrage. Selon le chef de l'occupation russe à Kherson, Vladimir Saldo, le barrage hydroélectrique "ne produit plus au jour d'aujourd'hui d'électricité car il n'y en a pas la nécessité".

Pression sur la Russie au G20

Sur le front diplomatique, les dirigeants de nombreux pays du G20, qui réunit les plus grandes puissances économiques de la planète, ont tenté d'accentuer la pression sur la Russie pour qu'elle mette fin à sa guerre. Mais Moscou, qui y avait dépêché son chef de la diplomatie Sergueï Lavrov en Indonésie, le président russe Vladimir Poutine n'ayant pas voulu faire le déplacement, n'a donné aucun signe de vouloir cesser ses attaques.

Le ministre russe a accusé l'Ukraine d'empêcher la tenue de négociations de paix en réclamant que les troupes russes quittent son territoire. "Tous les problèmes proviennent de la partie ukrainienne qui refuse catégoriquement des négociations et avance des revendications manifestement irréalistes", a-t-il déploré.