Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 494e jour de l'invasion russe

L'Ukraine assure avoir récupéré 37 kilomètres carrés aux forces russes. (Illustration)
L'Ukraine assure avoir récupéré 37 kilomètres carrés aux forces russes. (Illustration) © VINCENZO CIRCOSTA / ANADOLU AGENCY / ANADOLU AGENCY VIA AFP
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avec AFP , modifié à
Au 494e jour de l'invasion russe, l'armée ukrainienne poursuit sa contre-offensive et affirme avoir repris 37 kilomètres carrés aux forces russes dans l'est et le sud du pays. Du côté de Moscou, les services de sécurité russes affirment avoir déjoué une tentative d'assassinat contre le dirigeant installé par Moscou en Crimée.
L'ESSENTIEL

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a évoqué lundi des combats "difficiles" sur le front au cours de la semaine écoulée, tout en saluant des "progrès" de la contre-offensive de son armée lancée début juin. "La semaine dernière a été difficile, mais nous réalisons des progrès. Nous avançons pas à pas", a-t-il indiqué sur Telegram.

Les informations principales :

  • L'Ukraine affirme avoir repris 37 kilomètres carrés aux forces russes.
  • La Russie assure avoir déjoué une tentative d'assassinat du dirigeant de la Crimée.
  • Volodymyr Zelensky évoque des combats "difficiles" mais salue des "progrès".

"Pas surprenant" que la contre-offensive ukrainienne prenne du temps, selon un commandant de l'Otan

La contre-offensive ukrainienne face aux forces russes est une opération extrêmement difficile et il n'est "pas surprenant" qu'elle ne progresse pas rapidement, a affirmé lundi un haut commandant de l'Otan. "Une contre-offensive, c'est difficile. Il ne faut jamais croire qu'il s'agit d'une opération facile", a déclaré l'amiral Rob Bauer, chef du comité militaire de l'OTAN. "Il y a un nombre considérable de Russes en Ukraine. Il y a d'énormes obstacles défensifs", a-t-il insisté.

Les forces ukrainiennes ont lancé début juin une opération d'envergure destinée à reprendre les territoires occupés par la Russie, mais les gains restent pour le moment limités du fait d'une puissante défense russe et d'un manque d'aviation et de munitions d'artillerie. Kiev a revendiqué lundi avoir repris 37 km2 dans l'est et le sud après une semaine "difficile". "Nous devrions nous tenir à l'écart des commentaires sur l'Ukraine en disant qu'ils devraient aller plus vite ou qu'il est décevant qu'ils n'aillent pas assez vite", a souligné chef du comité militaire de l'OTAN. "Ce type d'opération est extrêmement difficile", a-t-il martelé.

Selon lui, les commandants ukrainiens ont raison d'être "prudents" et de tester les faiblesses dans les lignes russes, car ils risquent d'énormes pertes en cas d'assaut mal préparé. Pour l'heure, il a souligné l'importance pour les pays membre de l'Otan de faire tout ce qu'ils peuvent pour soutenir Kiev. "Si l'Ukraine perd cette guerre, ce n'est pas la fin de l'instabilité. C'est le début de davantage d'instabilité", a-t-il insisté.

L'Ukraine revendique de légers gains et rapporte des attaques russes

L'armée ukrainienne a repris aux forces russes 37 kilomètres carrés dans l'est et le sud du pays en une semaine, dans le cadre de la contre-offensive qu'elle mène dans ces zones, a affirmé lundi la vice-ministre de la Défense Ganna Maliar.

Dans le Sud, "les territoires libérés ont augmenté de 28,4 kilomètres carrés", portant à 158 km2 la surface totale reprise dans cette zone depuis le lancement de la contre-offensive début juin, a précisé Ganna Maliar. Dans l'Est, les gains de Kiev ont seulement atteint 9 km2, selon elle.

Les forces ukrainiennes ont lancé début juin une opération d'envergure destinée à reprendre les territoires occupés par la Russie, mais les gains restent pour le moment limités du fait d'une puissante défense russe et d'un manque d'aviation et de munitions d'artillerie. "L'ennemi résiste fortement, un duel très rude est en cours", a souligné Ganna Maliar, alors que Moscou a construit pendant des mois des lignes défensives à base de tranchées et de champs de mines.

De l'autre côté du front, l'armée russe a lancé des attaques dans les secteurs d'Avdiïvka, de Mariïnka et de Lyman, auquel s'ajoute depuis la fin de semaine dernière celui de Svatové. Toutes ces zones sont situées sur le front Est, où ont lieu des "combats acharnés", avait précisé Ganna Maliar dimanche.

Moscou dit avoir déjoué une tentative d'assassinat ukrainienne du dirigeant de la Crimée annexée

Les services de sécurité russes (FSB) ont affirmé lundi avoir déjoué une tentative d'assassinat du dirigeant installé par Moscou en Crimée, péninsule ukrainienne annexée en 2014, accusant Kiev d'avoir voulu poser une bombe dans sa voiture. "Une tentative d'assassinat du dirigeant de la Crimée Sergueï Aksionov organisée par les services spéciaux ukrainiens a été déjouée", a indiqué le FSB, cité par les agences de presse russes.

Un citoyen russe, né en 1988, a été arrêté, accusé d'avoir été "recruté par des officiers du SBU", les services secrets ukrainiens, a ajouté le FSB, selon lequel cet homme avait "suivi une formation au renseignement subversif en Ukraine, y compris aux explosifs". "Le poseur de bombe n'a pas eu le temps de mettre à exécution son intention criminelle, car il a été arrêté au moment où il récupérait un engin explosif d'une cache", a encore indiqué le FSB.

"Nos services spéciaux travaillent de manière claire et efficace. Je suis convaincu que les instigateurs de ce crime seront retrouvés et punis", a écrit Sergueï Aksionov sur Telegram, remerciant le FSB d'avoir "empêché la tentative d'assassinat".

Imputés à Kiev par Moscou, plusieurs attentats ayant tué ou blessé des responsables de l'occupation russe en Ukraine ont eu lieu depuis le début de l'offensive russe en février 2022. La Crimée a été annexée en mars 2014 par la Russie après une intervention de ses forces spéciales et un "référendum" de rattachement dénoncé par Kiev et les Occidentaux. La péninsule sert d'importante base logistique pour les forces russes combattant dans le sud de l'Ukraine, où les troupes de Kiev mènent depuis plusieurs semaines une offensive.

Si les analystes estiment que l'Ukraine n'a pas encore lancé le gros de ses forces fraîchement formées et équipées d'armes occidentales dans sa contre-offensive, la lenteur apparente de l'opération, surtout par rapport aux succès de précédentes contre-offensives de Kiev dans le Nord-est et le Sud l'an dernier, semble avoir suscité des crispations.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en recevant samedi le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, avait critiqué les partenaires occidentaux de Kiev sur le rythme de mise en œuvre de la formation des aviateurs ukrainiens, habitués aux MiG et Soukhoï soviétiques, au pilotage des F-16.

"Invitation" dans l'Otan

"Il n'y a pas de calendrier des missions d'entraînement. Je pense que certains partenaires traînent des pieds. Pourquoi le font-ils ? Je ne le sais pas", a dit Volodymyr Zelensky. Le commandant de l'armée ukrainienne Valery Zaloujny s'était lui agacé dans une interview au Washington Post vendredi de l'impatience des Occidentaux de voir des progrès sur le terrain face aux forces russes.

"Ça me gonfle", a-t-il lancé, tout en exhortant à accélérer les livraisons des F-16 promis. Le chef d'état-major américain Mark Milley, depuis Washington, a répondu que les États-Unis et leurs alliés faisaient leur possible pour envoyer ce dont l'Ukraine a besoin.

Ces développements sur le terrain interviennent une semaine avant une importante réunion de l'Otan à Vilnius en Lituanie, au cours de laquelle les alliés doivent formuler une position commune sur les garanties de sécurité qu'ils sont prêts à accorder à l'Ukraine, faute d'une promesse d'adhésion accélérée.

L'Ukraine a multiplié ces dernières semaines les déclarations demandant de la "clarté" sur ses perspectives d'adhésion à l'Alliance. Au grand dam de Kiev, le président américain Joe Biden avait averti le 17 juin que l'Ukraine ne bénéficierait pas de traitement de faveur. Volodymyr Zelensky a lui exigé samedi que son pays reçoive un "signal très clair et intelligible", une "invitation" selon laquelle son pays pourra "devenir un membre à part entière de l'Otan après la guerre".