Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 483e jour de l'invasion russe

Les forces ukrainiennes mènent une offensive dans les territoires annexés par la Russie.
Les forces ukrainiennes mènent une offensive dans les territoires annexés par la Russie. © Sergei SUPINSKY / AFP
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avec AFP / Crédits photo : Sergei SUPINSKY / AFP , modifié à
Au 483e jour de l'invasion russe de l'Ukraine, un important pont reliant la Crimée annexée à une région du sud de l'Ukraine partiellement occupée par l'armée russe a été endommagé jeudi par une frappe ukrainienne, a affirmé Moscou. Volodymyr Zelensky accuse lui la Russie de préparer une fuite radioactive à la centrale occupée de Zaporijjia.
L'ESSENTIEL

Un important pont reliant la Crimée annexée à une région du sud de l'Ukraine partiellement occupée par l'armée russe a été endommagé jeudi par une frappe ukrainienne, a affirmé Moscou, en pleine contre-offensive des forces de Kiev. Par ailleurs, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé jeudi la Russie de préparer une attaque "terroriste" pour provoquer une fuite radioactive à la centrale nucléaire de Zaporijjia, occupée par les forces de Moscou et plusieurs fois visée par des tirs. Le Kremlin a dénoncé un "mensonge".

Les principales informations :

- L'Ukraine frappe un pont entre la Crimée annexée et une zone occupée

- Moscou affirme que l'Ukraine est en train de "regrouper" ses forces à cause de ses pertes

- La contre-offensive "prendra du temps", prévient le Premier ministre ukrainien

- Scholz appelle l'Otan à renforcer la capacité de défense de l'Ukraine au Sommet de Vilnius

La Crimée, une péninsule qui sert de base arrière aux forces russes

L'attaque contre le pont en Crimée intervient alors que les forces ukrainiennes mènent une offensive pour libérer les territoires occupés du sud et de l'est du pays. Moscou affirme que celle-ci est en train de marquer le pas. La Crimée, péninsule ukrainienne annexée par Moscou en 2014, sert de base arrière aux forces russes, notamment pour l'envoi de renforts et la maintenance d'équipements. Les quelques ponts reliant la péninsule au sud occupé de l'Ukraine sont essentiels pour mener ces opérations.

"Dans la nuit, une frappe a touché le pont de Tchongar", constitué de deux routes parallèles reliant la Crimée à la région de Kherson dans le sud de l'Ukraine, a annoncé le gouverneur russe de la péninsule annexée, Sergueï Aksionov. Il a ajouté que la frappe n'avait pas fait de victimes et que les dégâts étaient en train d'être évalués.

Le responsable de l'administration pour la partie occupée de la région de Kherson, Vladimir Saldo, a déclaré que les forces ukrainiennes avaient vraisemblablement utilisé des missiles britanniques de longue portée Storm Shadows, une affirmation invérifiable de source indépendante. Vladimir Saldo a publié une vidéo montrant les deux branches du pont endommagées par la frappe, l'une d'elles visiblement plus gravement atteinte avec un trou béant dans la chaussée permettant de voir l'eau en dessous. Les forces ukrainiennes "cherchent à intimider les habitants de Kherson, à semer la panique au sein de la population", a-t-il accusé. Il a assuré que le pont serait réparé en "quelques jours".

"Un coup porté à la logistique militaire des occupants"

Un autre responsable proche de l'occupation russe dans la région voisine de Zaporijjia, Vladimir Rogov, a déclaré qu'une frappe avait également touché un vieux pont désormais inutilisé franchissant une zone marécageuse appelée Syvach, et situé à quelques kilomètres à l'ouest de celui de Tchongar. La Crimée est régulièrement visée par des attaques ukrainiennes, notamment de drones. En octobre 2022, une puissante explosion avait gravement endommagé le seul pont reliant directement la Crimée annexée à la Russie.

Un membre de l'administration ukrainienne de Kherson, Iouriï Sobolevskiï, a estimé que les dégâts infligés au pont de Tchongar étaient d'une "grande importance", car "c'est un coup porté à la logistique militaire des occupants". "L'impact psychologique pour les occupants et les autorités d'occupation est encore plus important. Ils ne peuvent se sentir en sécurité nulle part dans la région de Kherson", a-t-il ajouté.

 

L'Ukraine a repris huit localités depuis début juin

Pour autant, la Russie, Vladimir Poutine en tête, ne cesse d'affirmer que la contre-offensive ukrainienne est un échec. Jeudi, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a affirmé que les forces ukrainiennes avaient "réduit leurs activités" pour se "regrouper" après avoir subi de "lourdes pertes". Mais le chef du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, a accusé jeudi l'état-major russe de "mentir" à Vladimir Poutine sur l'état de la situation sur le front. "Il y a des problèmes colossaux", a-t-il affirmé.

L'Ukraine dit de son côté avancer lentement mais surement, alors qu'elle dit avoir repris huit localités depuis début juin. Les analystes estiment que Kiev est en train de tester les défenses russes avant de lancer le gros de ses forces dans la bataille.

Dans ce contexte, le chancelier allemand Olaf Scholz a appelé jeudi les dirigeants des pays de l'Otan, qui se réuniront à Vilnius en juillet, à se concentrer sur le renforcement de l'aide militaire à l'Ukraine, la "priorité absolue". Par ailleurs, le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi doit s'entretenir vendredi à Kaliningrad avec le chef de l'agence atomique russe, Alexeï Likhatchev, pour discuter de la sécurité de la centrale de Zaporijjia où il s'est rendu la semaine dernière.

L'Ukraine engrange 60 milliards d'euros supplémentaires pour sa reconstruction

L'Ukraine a reçu un total de 60 milliards d'euros de nouveaux soutiens financiers pour rebâtir son économie à l'issue de la conférence internationale sur sa reconstruction organisée à Londres, s'est réjoui jeudi le ministre des Affaires étrangères britannique James Cleverly. "Nous n'avions pas pensé cette conférence comme une conférence d'annonce de contributions. Néanmoins, aujourd'hui, nous totalisons des annonces pour un total de 60 milliards d'euros de soutien à l'Ukraine", de la part d'Etat ou d'organisations internationales à court ou moyen terme, a déclaré le ministre, lors de la session de clôture de la conférence.

L'essentiel des 60 milliards d'euros d'engagements provient d'un paquet d'aide de 50 milliards d'euros que l'Union européenne a prévu de débloquer jusqu'en 2027, et a annoncé à la veille de la conférence. Les Etats-Unis ont également annoncé un soutien d'1,3 milliard de dollars (environ 1,2 milliard d'euros) d'aide, ciblés notamment sur les secteurs énergétiques et les infrastructures.