Guerre en Ukraine : ce qu’il faut retenir au 382e jour de l’invasion russe

Bakhmout
Les combats continuent autour et dans la ville de Bakhmout. © WOLFGANG SCHWAN / ANADOLU AGENCY / ANADOLU AGENCY VIA AFP
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Europe 1 avec AFP , modifié à
De "violents combats" avec les forces russes sont en cours pour le centre de Bakhmout, dans l'est de l'Ukraine, a indiqué lundi le commandant de troupes terrestres ukrainiennes. De son côté, L'ONG Human Rights Watch (HRW) s'est dite inquiète des conséquences de la guerre sur les orphelins et les enfants placés ukrainiens, appelant Kiev à réformer "urgemment" son système de prise en charge de ces enfants. 
L'ESSENTIEL

De "violents combats" avec les forces russes sont en cours pour le centre de Bakhmout, dans l'est de l'Ukraine, a indiqué lundi le commandant de troupes terrestres ukrainiennes, Oleksandr Syrsky, informations confirmées aussi du côté russe. "Des détachements d'assaut (du groupe paramilitaire russe) Wagner attaquent depuis plusieurs directions en tentant de percer la défense de nos troupes et d'avancer vers les quartiers centraux", a indiqué le général Syrsky cité par le centre de presse de l'armée.

"Plus nous sommes proches du centre-ville, plus durs sont les combats", lui a fait écho Evguéni Prigojine, patron de Wagner dont les hommes sont en première ligne des combats pour Bakhmout que l'armée russe tente de prendre depuis l'été aux prix de lourdes pertes. Oleksandr Syrsky a toutefois assuré que les troupes ukrainiennes "infligeaient des pertes significatives à l'ennemi". "Avec le feu d'artillerie, de chars (...) toutes les tentatives de s'emparer la ville sont repoussées", a-t-il fait valoir.

La ville Bakhmout qui comptait 70.000 habitants avant l'invasion russe lancée en février 2022, est depuis des mois l'épicentre des combats sur le front Est en Ukraine. Si cette cité en grande partie rasée par les bombardements est devenue un des symboles de la farouche résistance ukrainienne à l'invasion, son importance stratégique est cependant contestée par des experts. Dans ce contexte, certains en Ukraine s'interrogent sur la nécessité pour les forces de Kiev de se battre pour cette ville dont la défense implique de lourdes pertes aussi pour l'armée ukrainiennes.

Les informations à retenir :

  • L'armée ukrainienne et russe confirment se livrer de violents combats dans le centre de Bakhmout
  • l'ONG Human Rights Watch s'inquiètent des conséquences de la guerre pour les enfants ukrainiens orphelins
  • Les importations d'armes ont doublé en Europe en 2022
  • L'Ukraine dément toute implication dans les protestations qui ont touché la Géorgie
  • La Première ministre finlandaise a affirmé être ouverte aux discussions sur la possibilité de donner à l'Ukraine des avions de combat F-18

La Première ministre finlandaise ouverte aux discussions sur le don de F-18 à l'Ukraine

La Première ministre finlandaise Sanna Marin a dit lundi être ouverte aux discussions sur la possibilité de donner à l'Ukraine des avions de combat F-18 bientôt remplacés par des F-35 plus modernes. Kiev, qui a récemment obtenu que lui soient livrés des chars d'assaut occidentaux, en particulier des Leopard 2, de conception allemande, réclame aussi des avions de combat modernes pour défendre l'espace aérien ukrainien contre les attaques russes. Les militaires ukrainiens ont suggéré que leur soient fournis des F-16, les avions de fabrication américaine les plus disponibles et de plus en plus remplacés par des modèles plus récents.

La Finlande notamment, qui exploite une flotte de F/A-18 Hornet, a annoncé en décembre 2021 commander 64 F-35A au fabricant américain Lockheed Martin. "Nous avons les nouveaux F-35 qui arrivent... Quand ces vieux Hornet seront mis au rebut, nous pourrons discuter de leur usage futur", a dit Mme Marin aux journalistes lundi. Les F-35 ne doivent pas arriver cependant avant 2025. La Première ministre finlandaise a suscité par ailleurs une polémique dans son pays en évoquant déjà la question au cours d'une visite à Kiev vendredi. "Je pense que nous pouvons avoir une discussion sur les Hornet, sur la possibilité de les transmettre à l'Ukraine, sur la formation que cela pourrait rendre nécessaire", avait-elle dit.

Ses déclarations ont suscité des critiques après que des médias ont affirmé qu'elle n'avait pas discuté au préalable de la question avec le chef de l'Etat ainsi qu'avec le ministre de la Défense. Petteri Orpo, à la tête de de la Coalition nationale (opposition), a estimé que les déclarations de la Première ministre étaient "imprudentes" et qu'elle avait fait une promesse qui "ne pouvait être tenue".

L'Ukraine dément toute implication dans les protestations en Géorgie

L'Ukraine a rejeté lundi les accusations des autorités géorgiennes qui ont accusé Kiev d'"ingérence directe" dans les protestations ayant secoué la semaine dernière la Géorgie. "Nous rejetons catégoriquement de telles insinuations qui n'ont rien à voir avec la réalité", a réagi le porte-parole de la diplomatie ukrainienne, Oleg Nikolenko, sur Facebook, assurant que les autorités géorgiennes cherchaient leur "ennemi au mauvais endroit". La veille, le Premier ministre géorgien, Irakli Garibachvili, avait accusé Kiev "d'ingérence directe" dans ces protestations. Il réagissait lui-même à des déclarations du président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui avait souhaité un "succès démocratique" aux manifestants.

"Quand une personne qui fait la guerre trouve le temps de parler d'une manifestation destructrice (...) c'est une preuve directe que cette personne est impliquée", a jugé dimanche Irakli Garibachvili sur la chaîne de télévision pro-gouvernementale Imedi TV. La semaine dernière, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Tbilissi, la capitale géorgienne, pour s'opposer à un projet de loi dénoncé comme la copie d'une loi russe sur les "agents de l'étranger", qui sert en Russie à la répression des détracteurs du Kremlin. Après deux nuits de protestations marquées par des heurts avec la police, le gouvernement géorgien a fait marche arrière et retiré ce projet.

Moscou a de son côté accusé des pays tiers d'avoir fomenté les manifestations et les a qualifiées de "tentative de coup d'Etat". Le Géorgie, un Etat de quatre millions d'habitants, a été victime en 2008 d'une intervention militaire russe qui a abouti à la formation de deux territoires séparatistes prorusses, en Abkhazie et en Ossétie du Sud. Le pays souhaite officiellement rejoindre l'Union européenne et l'Otan, mais des ONG et militants d'oppositions accusent le parti au pouvoir, Rêve géorgien, d'encourager une dérive autoritaire.

L'ONG Human Rights Watch inquiète des conséquences de la guerre sur les enfants orphelins ukrainiens 

L'ONG Human Rights Watch (HRW) s'est dite inquiète des conséquences de la guerre sur les orphelins et les enfants placés ukrainiens, appelant Kiev à réformer "urgemment" son système de prise en charge de ces enfants. "La guerre a signifié que de nombreux enfants placés dans centres ont dû s'abriter dans des sous-sols lors de bombardements, sans électricité ni eau courante, pendant des semaines", écrit HRW en préambule d'un rapport publié lundi.

Selon HRW, "des dizaines d'orphelinats ukrainiens ont été endommagés ou détruits" depuis le début de l'invasion russe il y a plus d'un an et "de nombreux enfants ont été évacués massivement", à l'intérieur de l'Ukraine, mais aussi vers l'étranger, en premier lieu vers la Pologne voisine. Dans ces conditions, HRW appelle le gouvernement ukrainien à mettre en oeuvre "d'urgence" les "réformes promises sur son système institutionnel de prise en charge des enfants" orphelins et placés.

L'organisation demande ainsi à plus et à mieux "suivre et évaluer" les enfants concernés, dont certains souffrent de traumatismes psychologiques importants, déplorant "un manque de personnel et de ressources pour le faire". HRW exige également des alliés occidentaux de Kiev, principaux donateurs pour aider l'Ukraine à maintenir son système social, à "soutenir la réalisation de ces objectifs" et adopter "une stratégie coordonnée pour assurer le bien-être des enfants", notamment en créant un groupe de travail avec l'ONU dédié à ce sujet.

Les importations d'armes en Europe ont doublé en 2022

Les importations d'armement en Europe ont quasiment doublé en 2022, tirées par les livraisons massives vers l'Ukraine devenue troisième destination mondiale, selon un rapport de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri) publié lundi. Avec une envolée de 93% sur un an, les importations ont aussi augmenté du fait de l'accélération des dépenses militaires de plusieurs Etats européens comme la Pologne et la Norvège, qui devrait encore accélérer, selon cette étude faisant référence.

"L'invasion a vraiment provoqué une envolée significative de la demande d'armes en Europe, qui n'a pas encore montré sa pleine puissance et va selon toute vraisemblance mener à de nouvelles hausses d'importations par des Etats européens", souligne à l'AFP Pieter Wezeman, coauteur du rapport annuel depuis plus de trois décennies. L'Ukraine, jusqu'à l'an dernier un importateur négligeable d'armement, est devenue subitement en 2022 la troisième destination d'armement dans le monde, derrière le Qatar et l'Inde, conséquence directe de l'aide occidentale pour repousser l'invasion russe.

A lui seul, le pays a concentré 31% des importations d'armement en Europe et 8% des échanges mondiaux, selon les données du Sipri. Les importations de Kiev, incluant les donations occidentales, ont été multipliées par plus de 60 en 2022, selon l'institut. S'il est difficile à chiffrer du fait de l'opacité de nombreux contrats, le commerce mondial d'armement dépasse les 100 milliards de dollars annuels, selon les experts.

Le bond des importations européennes était attendu du fait de la guerre en cours en Ukraine. Mais il accélère spectaculairement une tendance à la hausse sur le Vieux continent, conséquence du réarmement amorcé depuis plusieurs années après l'annexion de la Crimée par Moscou, et qui s'accentue fortement.