Emmanuel Macron lors de la conférence de la sécurité à Munich ce vendredi. 1:45
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avec AFP , modifié à
Au cours d'un discours tenu lors de la conférence de Munich sur la sécurité, le président Emmanuel Macron s'est dit prêt à un "conflit prolongé" entre l'Ukraine et la Russie et appelé les Européens à "réinvestir massivement" dans leur défense. Son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky a lui demandé une accélération du soutien occidental.
L'ESSENTIEL

Le président français Emmanuel Macron a tenu un discours ce vendredi lors de la conférence de Munich sur la sécurité. Il a notamment affiché sa volonté d''intensifier" le soutien occidental à l'Ukraine pour aider à la résistance du peuple et de l'armée ukrainienne et leur permettre de mener la contre-offensive qui seule permettra des négociations crédibles aux conditions choisies par l'Ukraine, ses autorités et son peuple". 

En parallèle, le commissaire européen à la Justice Didier Reynders a annoncé que le "centre international de coordination pour la poursuite du crime d'agression" commis par la Russie en Ukraine, basé à La Haye, serait "opérationnel" en juillet. Il est destiné à "rassembler et conserver les preuves du crime d'agression et permettre des discussions entre procureurs (...) non seulement sur les enquêtes, mais sur les poursuites possibles", a expliqué le commissaire belge lors d'un point presse avec le procureur général d'Ukraine, Andriï Kostine.

Cette sorte de parquet est envisagé comme une première étape avant l'établissement d'un tribunal spécial pour juger les plus hauts responsables russes, une demande de Kiev. La Cour pénale internationale (CPI) n'est compétente que pour les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité perpétrés en Ukraine, et non pour le "crime d'agression" commis par la Russie, imputable à ses plus hauts dirigeants. L'UE soutient la création d'une juridiction compétente pour ce type de crime, mais sa forme exacte soulève des questions juridiques complexes.

Les principales informations à retenir : 

  • Le centre international de coordination pour la poursuite du crime d'agression" commis par la Russie en Ukraine sera "opérationnel" en juillet
  • Vladimir Poutine accuse l'Occident "d'entraver le développement" de Gazprom
  • Auchan est soupçonné d'avoir contribué à l'effort de guerre russe
  • Le président ukrainien a demandé aux alliés "d'accélérer" le soutien à l'Ukraine
  • Le chancelier allemand a appelé ce vendredi les pays pouvant livrer des chars à l'Ukraine à "le faire vraiment"

Auchan étrillé par Kiev pour son activité en Russie

L'enseigne française Auchan de nouveau ciblée par l'Ukraine: Kiev l'a accusée vendredi d'être "une arme à part entière de l'agression russe", après la publication d'une enquête du quotidien Le Monde selon laquelle le groupe aurait contribué à l'effort de guerre de Moscou, des allégations que le distributeur "dément catégoriquement".

"Auchan s'est transformé en une arme à part entière de l'agression russe. J'ai l'intention d'en discuter avec mon homologue française", la ministre Catherine Colonna, a déclaré sur Twitter le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba. Vendredi, Auchan Retail, la branche distribution du groupe français, a réagi à l'enquête, démentant les allégations qui "ne sont nullement corroborées par la réalité de (nos) recherches internes qui confirment, elles, le strict respect des réglementations en vigueur", a-t-il déclaré dans un communiqué.

Biden va parler la semaine prochaine avec Macron, Meloni et Sunak

Joe Biden, en plus de marquer le premier anniversaire de la guerre en Ukraine par un déplacement en Pologne, téléphonera la semaine prochaine à ses homologues français, britannique et italien, a annoncé vendredi la Maison Blanche. Depuis Varsovie, où il sera mardi et mercredi, le président américain voudra "envoyer un message à (Vladimir) Poutine autant qu'au peuple russe", a aussi dit le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby, lors d'une conférence de presse.

Joe Biden, qui a aussi prévu de recevoir le 3 mars le chancelier allemand Olaf Scholz, "parlera la semaine prochaine à un certain nombre de nos alliés au téléphone," a-t-il indiqué. John Kirby a ensuite précisé qu'il s'agirait du président français Emmanuel Macron, du Premier ministre du Royaume-Uni Rishi Sunak, et de la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni.

Un premier groupe de soldats ukrainiens termine sa formation par les forces américaines 

Un premier groupe de plus de 600 soldats ukrainiens ont terminé leur formation dispensée par les Etats-Unis, comprenant des manoeuvres à grande échelle qui pourraient aider l'Ukraine dans ses opérations à venir face à la Russie, a indiqué le Pentagone vendredi.

"Cette semaine, un premier bataillon ukrainien a terminé sa formation d'armes combinées sur le (blindé d'infanterie) M2 Bradley" sur une base américaine en Allemagne, a déclaré le porte-parole du Pentagone, le général Pat Ryder, dans un communiqué. Les Etats-Unis ont accepté de fournir plus de 100 véhicules Bradley -- des blindés d'infanterie armés de canons de 25 mm ainsi que d'un lanceur de missile antichar -- à l'Ukraine, qui devrait lancer une contre-offensive contre les troupes russes au cours des prochains mois.

Emmanuel Macron : "Nous sommes prêts à un conflit prolongé"

"Nous sommes prêts à un conflit prolongé" en Ukraine, a déclaré ce vendredi le président français Emmanuel Macron, exhortant les alliés de Kiev à "être crédibles" sur la durée dans ce conflit. "Nous sommes prêts à un conflit prolongé. En disant cela je ne le souhaite pas. Mais surtout si nous ne le souhaitons pas, nous devons collectivement être crédibles dans notre capacité à durer dans cet effort", a-t-il ajouté.

Macron appelle les Européens à "réinvestir massivement" dans leur défense

Emmanuel Macron a lancé vendredi un appel aux Européens à "réinvestir massivement" dans leur défense pour faire face aux "défis" qu'affronte le continent. "Le premier appel, c'est un appel à réinvestir massivement dans notre défense si nous, Européens, voulons la paix", a déclaré le président français lors de cette Conférence de Munich. 

Macron veut organiser à Paris une "conférence sur la défense aérienne de l'Europe

Emmanuel Macron a dit vendredi vouloir organiser à Paris une "conférence sur la défense aérienne de l'Europe", réunissant notamment l'Allemagne, l'Italie et la Grande-Bretagne. Ce sommet "permettra d'aborder ce sujet sous l'angle industriel, avec la participation de tous les industriels européens qui ont des solutions à offrir, mais aussi sous l'angle stratégique et, je dirais peut-être, d'abord sous l'angle stratégique en incluant la question de la dissuasion", a déclaré le président français lors de la Conférence de Munich sur la sécurité.

Les Occidentaux "suivent avec attention" les liens sino-russes

Les Occidentaux "observent de près" la relation bilatérale entre la Chine et la Russie, a averti vendredi à Munich le chef de l'Otan Jens Stoltenberg, rappelant combien les conséquences de la guerre en Ukraine avaient des conséquences "mondiales".  "Nous suivons de près les relations croissantes et renforcées entre la Chine et la Russie. Ils opèrent ensemble, ils font des exercices ensemble, ils organisent des patrouilles navales et aériennes ensemble", a déclaré le secrétaire général de l'Alliance atlantique aux journalistes.  

"Et la guerre en Ukraine démontre que la sécurité n'est pas régionale, la sécurité est mondiale", a-t-il ajouté en marge de la Conférence sur la sécurité de Munich.  Plus de 150 représentants gouvernementaux se retrouvent pour cette conférence de trois jours consacrée aux questions de sécurité internationale qui se tient chaque année à Munich, parmi lesquels le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi, qui doit se rendre à Moscou après une tournée européenne.

Tribunal spécial sur l'Ukraine, confiscation d'avoirs russes: l'UE procède "par étapes"

Tribunal spécial sur l'Ukraine, confiscation d'avoirs russes gelés: l'Union européenne a défendu vendredi une démarche "par étapes" sur ces deux demandes de Kiev qui soulèvent des questions juridiques complexes. "Nous voulons nous assurer que seront traduits en justice tous les auteurs de tous les types de crimes (commis en Ukraine), et que la Russie paiera pour la reconstruction et le dédommagement" des victimes, a déclaré le commissaire européen à la Justice Didier Reynders, lors d'une conférence de presse avec le procureur général d'Ukraine, Andriï Kostine.

Il a annoncé qu'un "centre international de coordination pour la poursuite du crime d'agression", basé à La Haye, serait "opérationnel" en juillet. Il s'agit d'une sorte de parquet, destiné à "rassembler et conserver les preuves du crime d'agression et permettre des discussions entre procureurs (...) non seulement sur les enquêtes, mais sur les poursuites possibles". Il est envisagé comme une première étape avant l'établissement d'un tribunal spécial pour juger les plus hauts responsables russes, une demande de Kiev. La Cour pénale internationale (CPI) n'est compétente que pour les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité perpétrés en Ukraine, et non pour le "crime d'agression" commis par la Russie, imputable à ses plus hauts dirigeants.

Olaf Scholz appelle les pays pouvant livrer des chars à "le faire vraiment"

Le chancelier allemand Olaf Scholz a appelé vendredi les pays pouvant livrer des chars de combat à l'Ukraine à "le faire vraiment", alors que les envois évoqués par les alliés sont plus lents qu'espéré.  Le soutien militaire à l'Ukraine doit se poursuivre et "cela implique que tous ceux qui peuvent fournir de tels chars de combat le fassent vraiment", a déclaré M. Scholz lors de la Conférence de Munich sur la sécurité. Le dirigeant allemand, régulièrement critiqué pour la timidité supposée du soutien allemand à Kiev, a promis de mener "une campagne intensive" pour que les alliés bougent sur cette question, durant les trois jours de la Conférence à Munich.

Après avoir été pressé de toutes parts pour livrer des chars Leopard 2, le successeur d'Angela Merkel a donné fin janvier son feu vert à des livraisons de chars par l'Allemagne mais aussi d'autres pays européens. Mais les pourparlers ultérieurs avec les partenaires de l'Otan n'ont pas permis à ce stade de réunir les effectifs nécessaires à la constitution d'un bataillon complet, soit une trentaine, de chars 2A6, les plus modernes. Mercredi, son ministre de la Défense, Boris Pistorius, a admis que les alliés n'avaient rassemblé jusqu'à présent qu'un "demi-bataillon" de 2A6, dont les 14 fournis par l'Allemagne elle-même et trois fournis par le Portugal. Un autre bataillon serait constitué de chars A4 plus anciens, la Pologne étant le principal contributeur.

M. Scholz a déclaré à Munich que l'Allemagne "contribuerait à aider (ses) partenaires à prendre cette décision, par exemple en formant des soldats ukrainiens, ici en Allemagne, ou en leur apportant un soutien logistique et des fournitures". Olaf Scholz a assuré vendredi que le soutien de l'Allemagne à Kiev, à la fois financier, humanitaire et militaire, était conçu afin "de durer longtemps" près d'un an après l'invasion russe de l'Ukraine et sans apaisement du conflit en vue. "Les Ukrainiens défendent leur liberté au prix de grands sacrifices et avec une détermination absolument impressionnante", a ajouté le dirigeant dans un discours prononcé à la conférence sur la sécurité de Munich. L'Allemagne et ses alliés les soutiendront "aussi longtemps que nécessaire (...)", a-t-il ajouté.

Volodymyr Zelensky demande aux alliés "d'accélérer" le soutien à l'Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé vendredi les alliés à "accélérer" le soutien à son pays, envahi par les troupes russes il y a près d'un an, martelant qu'il n'y avait "pas d'alternative à la victoire de l'Ukraine". "Nous avons besoin de vitesse. Vitesse pour conclure nos accords, vitesse des livraisons pour renforcer notre combat, vitesse des décisions pour limiter le potentiel russe. Il n'y a pas d'alternative à la vitesse, car c'est d'elle que dépend la vie", a-t-il fait valoir lors d'une intervention en vidéo devant la Conférence sur la sécurité à Munich, en Allemagne.

"Il n'y a pas d'alternative à la victoire de l'Ukraine. Pas d'alternative à l'Ukraine dans l'Union européenne. Pas d'alternative à l'Ukraine dans l'Otan", a-t-il souligné. Le président russe Vladimir Poutine "essaie de gagner du temps pour son agression", "de miser sur une fatigue des parties", a ajouté Volodymr Zelensky. "Il est clair que l'Ukraine ne sera pas sa dernière étape. Il va poursuivre (son offensive, ndlr) vers d'autres Etats de l'ex-bloc soviétique", a-t-il affirmé. Le maître du Kremlin "a peur de la situation dans son pays".

Poutine accuse l'Occident d'"entraver le développement" de Gazprom

Le président russe Vladimir Poutine a fustigé vendredi les "tentatives directes" de l'Occident qui visent selon lui à "entraver le développement" de son fleuron énergétique national, Gazprom, visé par les sanctions internationales depuis un an. "Malgré une concurrence déloyale - pour le dire franchement - et des tentatives directes de l'extérieur pour entraver et freiner son développement, Gazprom avance et lance de nouveaux projets", a déclaré M. Poutine lors d'un discours en visioconférence à l'occasion des 30 ans du géant gazier.

Ces propos interviennent alors que le secteur gazier russe a subi de plein fouet les sanctions européennes et américaines mises en place en représailles de l'intervention militaire du Kremlin en Ukraine. Les exportations de gaz se sont écroulées de 25,1% en 2022, selon des chiffres officiels, l'Union européenne, autrefois premier client du gaz russe, ayant notamment drastiquement réduit ses importations au cours de l'année écoulée.

Si les Européens ont quasiment arrêté d'importer du gaz russe par gazoduc, ils continuent toutefois d'acheter du gaz naturel liquéfié (GNL), transporté par voie maritime sur des méthaniers. Face à un marché européen qui lui est désormais quasiment fermé, Gazprom, qui détient le monopole des exportations de gaz russe via gazoduc, a entamé ces derniers mois un changement stratégique, réorientant une partie de ses exportations vers l'Asie, où la demande énergétique est forte.

L'Ukraine accuse Auchan d'être "une arme à part entière de l'agression russe"

Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a accusé vendredi Auchan d'être devenu une "arme à part entière de l'agression russe" après la publication d'une enquête journalistique accusant le distributeur alimentaire français d'avoir contribué à l'effort de guerre de Moscou. "Auchan s'est transformé en une arme à part entière de l'agression russe. J'ai l'intention d'en discuter avec mon homologue française" Catherine Colonna, a déclaré M. Kouleba sur Twitter. La direction d'Auchan s'est dite "très surprise" par cette enquête publiée notamment par le journal français Le Monde.

Auchan soupçonné d'avoir contribué à l'effort de guerre russe, la direction "très surprise"

Le distributeur français Auchan, qui a poursuivi son activité en Russie après le déclenchement de la guerre en Ukraine, contrairement à de nombreux autres groupes, "semble contribuer à l'effort de guerre russe", écrit Le Monde vendredi, sa direction se disant "très surprise" par ces allégations. "Nous sommes très surpris", a réagi auprès de l'AFP la direction du groupe, propriété de l'Association familiale Mulliez (AFM) basée dans le nord de la France. "Nous sommes en train de vérifier les éléments affirmés, mais, à date, les éléments en notre possession ne corroborent pas" l'enquête du Monde, poursuit-elle.

Selon des documents obtenus par le premier quotidien français, le site d'investigation The Insider et l'ONG Bellingcat, une collecte de produits destinés à l'armée de Vladimir Poutine, d'une valeur totale de 2 millions de roubles (environ 25.000 euros), a été organisée au sein de la filiale locale d'Auchan. L'enquête cite une source anonyme ayant déclaré que ce chargement aurait été offert gratuitement par Auchan.

Selon Le Monde, une contrôleuse de gestion, Natalya Z., avait établi une liste de matériel le 15 mars 2022 dans un mail envoyé "à une vingtaine d'employés dans plusieurs magasins à Saint-Pétersbourg, dans l'ouest de la Russie, dans le but de 'collecter les dons de l'aide humanitaire'". Elle comprenait "des milliers de cigarettes, des chaussettes en laine taille 43 ou 44, des cartouches de réchauds à gaz, du ragoût de porc en conserve, des haches et des clous, le tout provenant du stock de l'enseigne", poursuit le quotidien.

La direction du groupe relève que "les seuls éléments apportés datent de mars 2022", soit quelques semaines après le déclenchement du conflit, et que dans ce cas "les interlocuteurs qui ont passé commande étaient des interlocuteurs habituels, qui nous avaient déjà passé commande préalablement". "Nous ne finançons et participons de façon volontaire et active à aucune collecte destinée aux forces russes", poursuit la direction.

Auchan "dément catégoriquement"

Auchan Retail, qui chapeaute l'activité de distribution du groupe, a "catégoriquement" démenti vendredi dans un communiqué les accusations d'avoir contribué à l'effort de guerre russe en Ukraine, en réaction à une enquête du Monde publiée plus tôt dans la journée. Selon des documents obtenus par le quotidien français, le site d'investigation The Insider et l'ONG Bellingcat, une collecte de produits destinés à l'armée de Vladimir Poutine, a été organisée au sein de la filiale locale d'Auchan en mars 2022.