Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 328e jour de l'invasion russe

Selon un dernier bilan, 40 personnes ont péri dans l'attaque d'un bâtiment de Dnipro dans l'est de l'Ukraine.
Selon un dernier bilan, 40 personnes ont péri dans l'attaque d'un bâtiment de Dnipro dans l'est de l'Ukraine. © VITALII MATOKHA / AFP
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avec AFP , modifié à
Dans l'est de Ukraine, les secours tentent de retrouver des survivants dans les décombres d'un immeuble résidentiel de Dnipro, frappé par un missile russe. Selon un dernier bilan, 45 personnes ont péri dans cette attaque. Il s'agit de l'un des bilans les plus élevés depuis le début de la guerre.
L'ESSENTIEL

L'Ukraine a arrêté mardi sa quête de survivants à Dnipro, sous les décombres d'un immeuble résidentiel détruit par un missile russe, un bombardement, parmi les plus meurtriers de la guerre, qui a fait 45 morts et une vingtaine de disparus selon un dernier bilan. Ce carnage n'a fait que renforcer les efforts des Ukrainiens pour négocier des approvisionnements accrus en armements occidentaux, avec notamment une première rencontre en personne mardi en Pologne du commandant en chef de l'armée ukrainienne Valery Zaloujny et du chef d'état-major américain Mark Milley.

Un bébé de onze mois tué

Le gouverneur régional, Valentyn Reznitchenko, a fait état de 45 morts à Dnipro, dont six enfants, mardi après-midi. Selon les médias, un bébé de onze mois est parmi les tués. Le bilan précédent officiel faisait état de 44 morts, 20 disparus et 79 blessés. Un peu plus tôt, les services de secours ukrainiens avaient annoncé sur Telegram la fin "les opérations de recherche et de sauvetage sur le site de la frappe" à Dnipro (centre-est). Il s'agit d'un des bombardements les plus meurtriers sur un site civil depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie il y a près de onze mois.

Samedi, un missile a éventré l'immeuble du quai de la Victoire à Dnipro, ravageant "plus de 200 appartements" selon un responsable de la présidence ukrainienne. Une section entière du bâtiment s'est effondrée, emprisonnant sous les décombres des dizaines de personnes. Pendant près de quatre jours, les secours se sont efforcés d'extraire des survivants, avec le renfort de grues et d'une brigade cynophile. Trente-neuf personnes on pu être sauvées.

Les principales informations : 

- Le bilan d'une frappe russe sur un immeuble résidentiel de Dnipro en Ukraine, l'un des plus élevés depuis le début de la guerre, risque encore de s'alourdir mardi, après avoir grimpé à 40 morts la veille. 

- Moscou a démenti avoir été responsable du carnage à Dnipro et rejeté la faute sur les Ukrainiens. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a évoqué "une tragédie" pouvant être due à un tir de la défense antiaérienne ukrainienne.

- Vladimir Poutine a dénoncé les livraisons croissantes d'armes occidentales à l'Ukraine, le Kremlin jurant que les chars promis à Kiev "brûleront" sur le champ de bataille.

-Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, est arrivé lundi en Ukraine afin d'installer un nouveau dispositif qui prévoit la présence permanente d'experts dans les quatre centrales nucléaires du pays en activité, ainsi qu'à Tchernobyl.

Le soutien des Occidentaux à Kiev

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a juré de traduire en justice "chaque personne coupable de ce crime de guerre". Aux obsèques mardi d'une des victimes, un entraîneur de boxe réputé dans sa communauté, des proches se recueillaient, certains en larmes, devant sa sépulture et son portrait. A proximité du cercueil, une gerbe de fleurs bleues et jaunes, couleurs du drapeau national. "Je me souviendrai de lui comme d'une personne ouverte et honnête, toujours prête à aider", se souvient Artem Birioukov, l'un de ses élèves, lors d'une cérémonie d'adieux. "C'était mon second père", a-t-il ajouté.

De son côté, Moscou a nié comme lors d'épisodes précédents toute implication dans le carnage. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a évoqué lundi "une tragédie" pouvant être due selon lui à un tir de la défense antiaérienne ukrainienne. L'immeuble a été frappé au cours d'une nouvelle salve de bombardements massifs contre des installations énergétiques ukrainiennes, une campagne engagée par le Kremlin en octobre, après une série de revers militaires russes, afin de plonger les Ukrainiens dans le froid et dans le noir. Sur le front diplomatique, les Occidentaux ont réaffirmé leur soutien à Kiev qui réclame toujours plus d'armements, notamment des chars, pour repousser encore l'armée russe des territoires qu'elle occupe.

"Le message que nous envoyons au président Vladimir Poutine c'est que nous nous sommes engagés à défendre les Ukrainiens jusqu'à ce qu'ils soient victorieux", a dit le chef de la diplomatie britannique James Cleverly. Samedi, Londres a annoncé vouloir remettre à Kiev des blindés Challenger 2, ce qui sera la première livraison de chars occidentaux lourds à l'Ukraine. Le chancelier allemand Olaf Scholz a fait face mardi au Forum économique mondial à Davos (Suisse) à une pression accrue afin d'autoriser la livraison, y compris par des pays tiers qui en sont équipés, de chars Leopard 2, que Kiev réclame depuis des semaines.

"C'est Verdun là-bas"

"Nous essayons d'organiser un soutien plus important à l'Ukraine", a déclaré le président polonais Andrzej Duda, dont le pays s'est dit prêt à livrer des chars Leopard 2, "nous espérons que le fabricant de ces chars, l'Allemagne, y participera aussi". Une nouvelle réunion sur le soutien militaire occidental à l'Ukraine est prévue vendredi sur la base américaine de Ramstein en Allemagne. A l'approche de cette rencontre le général ukrainien Zaloujny a indiqué avoir énuméré à l'Américain Milley "les besoins urgents" de Kiev. L'Ukraine réclame des chars, des blindés légers, des systèmes de défense antiaérienne et des missiles de longue portée.

Les demandes ukrainiennes interviennent alors que l'armée russe et le groupe paramilitaire Wagner ont redoublé d'efforts dans l'Est ukrainien pour conquérir la ville de Bakhmout et ses environs, une bataille sanglante en cours depuis l'été. Des journalistes de l'AFP ont constaté mardi que de violents combats d'artillerie étaient en cours autour de Bakhmout, ville de 70.000 habitants avant la guerre et aujourd'hui largement ravagée. "C'est Verdun là-bas", confie Ivan, un ambulancier militaire ukrainien en référence à cette effroyable bataille de la Première Guerre mondiale entre Français et Allemands dans l'est de la France.