Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 238e jour de l'invasion russe

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avec AFP , modifié à

Au 238e jour de la guerre en Ukraine, la Russie a commencé à évacuer la population de Kherson, où ses troupes sont confrontées à une situation particulièrement "tendue" face à la contre-offensive de Kiev, qui a dénoncé les nombreuses frappes ayant de nouveau visé mardi ses infrastructures énergétiques. Europe 1 fait le point.

La Russie a commencé mercredi à évacuer la population de Kherson , ville du sud de l'Ukraine où ses troupes sont confrontées à une situation particulièrement "tendue", alors que des frappes russes visaient à nouveau différentes régions du pays, dont Kiev. Les batteries ukrainiennes de défense anti-aérienne ont abattu "plusieurs missiles russes" au-dessus de la capitale ukrainienne, a déclaré son maire, Vitaly Klitschko.

Plusieurs explosions avaient été entendues par des journalistes de l'AFP en début d'après-midi dans la ville, peu après que la sirène antiaérienne a retenti. "Restez aux abris. La défense anti-aérienne est toujours en action", a précisé Vitaly Klitschko sur Telegram.

Les informations à retenir :

  • Vladimir Poutine a instauré la loi martiale dans les territoires ukrainiens annexés
  • La Russie s'apprête à évacuer la population de Kherson
  • 30% des centrales électriques ukrainiennes ont été détruites
  • L'armée russe a envoyé au cours "des dernières 24 heures" 43 drones "Shahed-136 de fabrication iranienne

Kiev attaquée par des drones kamikazes

Depuis lundi, Kiev a été attaquée à plusieurs reprises par des drones kamikazes russes . Ces frappes ont visé notamment des infrastructures énergétiques et fait au moins cinq morts. Dans le sud-ouest, le gouverneur de la région de Vinnytsia a affirmé sur Telegram que son territoire était visé par des missiles russes et appelé à rester aux abris. Dans le nord, l'armée ukrainienne a annoncé avoir abattu deux missiles russes dans la région de Tcherniguiv. Un drone de fabrication iranienne a explosé à Tcherniguiv, capitale de la région éponyme, selon son gouverneur.

L'UE dit avoir rassemblé des preuves sur l'origine iranienne des drones

L'Union européenne prépare des sanctions contre l'Iran accusé de fournir à la Russie des drones armés dans le conflit en Ukraine, tandis que le Conseil de sécurité de l'ONU est réuni à huis clos mercredi sur ce dossier. A Bruxelles, la porte-parole de la diplomatie européenne Nabila Massrali a annoncé que l'UE avait rassemblé "suffisamment de preuves" démontrant que les drones utilisés par la Russie contre l'Ukraine ont été fournis par l'Iran et a dit préparer des sanctions et "une réponse européenne claire, rapide et ferme".

L'armée de l'air ukrainienne a affirmé mercredi avoir détruit 223 drones iraniens depuis mi-septembre. Téhéran a nié à plusieurs reprises ces derniers jours fournir des armes et des drones à la Russie pour son invasion de l'Ukraine. 

Cet "appel à l'aide" à l'Iran est "la reconnaissance par le Kremlin de sa faillite militaire et politique", avait raillé mardi le président ukrainien Volodymyr Zelensky . Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait assuré que "de la technologie russe est utilisée, avec des noms russes". Washington a menacé de sanctionner les entreprises ou les Etats collaborant au programme iranien de drones.

L'évacuation des civils a débuté à Kherson

Dans le sud de l'Ukraine, les autorités d'occupation russes de la région de Kherson ont indiqué mercredi que les évacuations de civils avaient débuté. Elles prévoient d'en déplacer "50.000 à 60.000" en quelques jours sur l'autre rive du fleuve Dniepr. L'administration prorusse va également évacuer la ville face à l'avancée des troupes ukrainiennes, a indiqué son chef Vladimir Saldo sur la chaîne de télévision Rossiya 24, assurant que l'armée russe allait résister "jusqu'à la mort".

Capitale de la région du même nom occupée par la Russie depuis le printemps, Kherson est actuellement visée par des frappes ukrainiennes sur ses "infrastructures sociales, économiques et industrielles", avait relevé mardi le général russe Sergueï Sourovikine, récemment nommé chef des opérations en Ukraine. Il a admis une situation "très difficile" à Kherson, et "tendue" dans l'ensemble du pays pour les forces russes.

"Les actions ultérieures concernant la ville de Kherson elle-même vont dépendre de la situation militaire", a-t-il poursuivi, ajoutant sans autre précision "ne pas exclure une prise de décision très difficile". "Les Russes essaient de faire peur aux habitants de Kherson avec de fausses newsletters sur le bombardement de la ville par notre armée", a dénoncé sur Telegram le chef de cabinet de la présidence ukrainienne, Andriï Iermak.

Poutine instaure la loi martiale dans les territoires annexés

L'armée russe, qui a envahi l'Ukraine le 24 février, est sur la défensive sur l'essentiel du front en Ukraine, reculant depuis septembre aussi bien dans le nord que l'est et le sud. Le seul tronçon où elle avance encore est près de la ville de Bakhmout (est), qu'elle tente de prendre depuis l'été.

Vladimir Poutine a ordonné mercredi l'instauration de la loi martiale dans les quatre territoires ukrainiens de Donetsk (est), Lougansk (est), Kherson (sud) et Zaporijjia (sud) annexés en septembre par Moscou. Et la Russie a de nouveau bombardé mardi "le commandement militaire et les systèmes énergétiques de l'Ukraine" dans différents endroits du pays, selon le ministère russe de la Défense.

"Environ 5 millions d'habitants" des territoires ukrainiens annexés par Moscou - de Lougansk, Donetsk, Kherson et Zaporijjia - se trouvent actuellement en Russie, a affirmé mercredi le secrétaire du Conseil de sécurité russe, Nikolaï Patrouchev. "Environ 5 millions d'habitants du Donbass et des régions du sud-est de l'Ukraine ont trouvé refuge en Russie", a-t-il indiqué à l'issue d'une réunion du Conseil de sécurité, cité par les agences de presse russes.

Une cinquantaine d'employés de la centrale de Zaporijjia "prisonniers" des Russes

Selon le président ukrainien, "depuis le 10 octobre, 30% des centrales électriques ukrainiennes ont été détruites, provoquant des pannes massives dans tout le pays" à l'approche de l'hiver. "La situation est maintenant critique", a expliqué un conseiller de la présidence, demandant que l'Ukraine "se prépare" à de possibles "pannes d'électricité, d'eau et de chauffage".

Toujours sur le plan énergétique, l'opérateur ukrainien Energoatom a affirmé qu'une cinquantaine d'employés de la centrale nucléaire de Zaporijjia, occupée militairement dans le sud de l'Ukraine par les troupes de Moscou depuis mars, sont "toujours prisonniers" des Russes. Depuis le début de la guerre, d'autres travailleurs de ce site hautement stratégique "ont été tués" et d'autres "torturés", selon Energoatom. Le lieu est régulièrement visé par des bombardements, dont Kiev et Moscou se rejettent la responsabilité, faisant craindre une catastrophe nucléaire.

Israël ne fournira pas d'armes à Kiev

Le 10 octobre, des bombardements russes d'une ampleur inégalée depuis des mois, également sur des infrastructures énergétiques ukrainiennes, avaient déjà fait au moins 19 morts et 105 blessés. Les alliés occidentaux de Kiev avaient alors promis davantage de systèmes de défense antiaérienne, dont certains ont déjà été livrés.

En revanche, Israël ne fournira pas d'armes à Kiev, a indiqué son ministre de la Défense. "Notre politique à l'égard de l'Ukraine ne changera pas. Nous continuerons à soutenir l'Occident et à nous tenir à ses côtés, nous ne fournirons pas de système d'armement à l'Ukraine", selon Benny Gantz.