Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 210e jour de l'invasion russe

Vladimir Poutine a annoncé la "mobilisation partielle" dans le cadre de la guerre en Ukraine.
Vladimir Poutine a annoncé la "mobilisation partielle" dans le cadre de la guerre en Ukraine. © Handout / KREMLIN.RU / AFP
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avec AFP
Au 210e jour de l'invasion russe de l'Ukraine, Vladimir Poutine a annoncé la "mobilisation partielle" pour relancer son offensive et brandi la menace d'un recours à l'arme nucléaire, que les États-Unis ont dit "prendre au sérieux". Emmanuel Macron a lui appelé le monde à "mettre la pression" sur le président russe.
L'ESSENTIEL

Le président russe Vladimir Poutine a mobilisé mercredi des centaines de milliers de réservistes pour relancer son offensive en Ukraine et brandi la menace d'un recours à l'arme nucléaire, au 210e jour de l'invasion russe du pays. Dans une adresse à la nation, Vladimir Poutine s'est dit prêt à utiliser "tous les moyens" dans son arsenal face à l'Occident qu'il a accusé de vouloir "détruire" la Russie. "Ce n'est pas du bluff", a-t-il assuré.

Les informations à retenir :

- Poutine mobilise 300.000 réservistes et brandit le recours à l'arme nucléaire

- Macron appelle le monde à mettre la pression sur Poutine

- Zelensky "ne croit pas" au recours à l'arme nucléaire

Macron appelle le monde à mettre la pression sur Poutine

Emmanuel Macron a appelé mercredi la communauté internationale à "mettre le maximum de pression" sur le président russe Vladimir Poutine.

Les décisions de Vladimir Poutine, qui a également annoncé la mobilisation de réservistes, "conduisent à isoler davantage la Russie", a ajouté le président français en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, à New York, en saluant les récentes déclarations de la Chine et de l'Inde qui ont appelé à la fin de la guerre en Ukraine.

Des réactions internationales au discours de Poutine

Après le discours du président russe, la Maison Blanche a immédiatement dénoncé une "rhétorique irresponsable de la part d'une puissance nucléaire", indiquant qu'elle prenait cette menace "au sérieux". La Chine, courtisée par la Russie, a semblé prendre certaines distances en appelant au cessez-le-feu et au respect de l'intégrité territoriale des Etats, une référence au projet d'annexion russe d'une partie de l'Ukraine.

Une nouvelle escalade dans le conflit

La mobilisation de réservistes a été décrite en Europe comme un "aveu de faiblesse" de Moscou, dont l'armée a essuyé ces dernières semaines des revers face aux forces ukrainiennes. Elle marque en tout cas une nouvelle escalade du conflit, au lendemain de l'annonce par la Russie de "référendums" visant à annexer quatre régions de l'est et du sud de l'Ukraine contrôlées en partie par Moscou. Se gardant d'annoncer une mobilisation générale, redoutée par des millions de Russes, Vladimir Poutine en a décrété mercredi une "partielle", mesure jugée "urgente et nécessaire".

Selon le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, 300.000 réservistes sont concernés dans un premier temps. Signe de l'inquiétude de nombreux Russes, les sites des compagnies aériennes ont été pris d'assaut après l'allocution de Vladimir Poutine et une pétition en ligne contre la mobilisation a recueilli plus de 230.000 signatures. L'opposant emprisonné du Kremlin Alexeï Navalny a critiqué cette mesure, estimant qu'elle mènerait à "une énorme tragédie".

Zelensky "ne croit pas" à l'utilisation d'armes nucléaires

Dans une interview à la chaîne allemande Bild TV, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit "ne pas croire" à l'utilisation d'armes nucléaires par Moscou. "Je ne crois pas que le monde laissera faire", a-t-il ajouté. Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a lui dénoncé la "rhétorique nucléaire dangereuse" de Vladimir Poutine, ajoutant que l'alliance atlantique continuerait de "soutenir l'Ukraine".

Avec son allocution mercredi, le maître du Kremlin a aussi franchi un nouveau palier dans son discours contre l'Occident, l'accusant de vouloir "diviser et détruire" la Russie en armant l'Ukraine et de soumettre Moscou à un "chantage nucléaire". Son ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, a lui carrément affirmé que la Russie ne combattait "pas tant l'Ukraine que l'Occident".

Des forces russes en recul

Confronté à l'essoufflement de son offensive en Ukraine, qui entre bientôt dans son huitième mois, Vladimir Poutine tente de redresser la barre. Ses forces ont en effet été contraintes de reculer ces dernières semaines face à des contre-offensives ukrainiennes dans les régions de Kharkiv (nord-est) et Kherson (sud), suscitant la stupéfaction à Moscou.

Si l'impact d'une mobilisation partielle ne devrait pas changer la donne dans l'immédiat, cette mesure marque une rupture avec l'approche du Kremlin qui s'efforçait jusque-là de préserver la population russe des retombées du conflit. Plusieurs capitales occidentales ont estimé que cette mesure était un "aveu d'échec". Elle montre le "désarroi" de Vladimir Poutine, a estimé le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. Même la Chine, dont Moscou cherche à se rapprocher, a appelé au "cessez-le-feu" et au respect "de l'intégrité territoriale de tous les pays", au lendemain de l'annonce des "référendums" d'annexion par Moscou.

De prochains référendums dans les zones occupées

Car avant même la mobilisation partielle, l'annonce mardi de "référendums" d'annexion dans les régions contrôlées par Moscou en Ukraine, du 23 au 27 septembre, avait signalé un durcissement. La doctrine militaire russe prévoit la possibilité de recourir à des frappes nucléaires si des territoires considérés comme russes par Moscou sont attaqués, ce qui pourrait être le cas avec les zones annexées.

Ces scrutins se dérouleront dans les régions de Donetsk et de Lougansk, qui forment le Donbass (est), ainsi que dans les zones occupées de Kherson et de Zaporijjia, dans le sud. Ces votes ont été critiqués par Kiev et ses alliés occidentaux, qui les ont qualifiés de "simulacres" de scrutins sans valeur juridique.

Un nouveau bombardement russe à Zaporijjia, dénonce l'Ukraine

Sur le terrain, la mobilisation pourrait annoncer un redoublement de violence à l'aube du début du huitième mois de conflit. Les autorités ukrainiennes ont accusé la Russie d'avoir à nouveau bombardé mercredi le site de la centrale de Zaporijjia (sud de l'Ukraine), la plus grande d'Europe

A Kharkiv (nord-est), deuxième ville d'Ukraine proche de la frontière russe, Svetlana, 63 ans, exhorte les Russes à ignorer l'ordre de mobilisation et à "enfin se réveiller". Autour d'elle, des habitants déblaient les débris d'un immeuble touché dans la nuit par un missile. Galina, une voisine de 50 ans, s'emporte contre les Russes qui disent vouloir la "libérer". "Vous voulez nous libérer de quoi ?", lance-t-elle. "De nos maisons ? De nos proches ? De nos amis ?"