Guerre en Ukraine : la Russie assure avoir détruit un «important» envoi d'armes occidentales

La ville de Marioupol est tombée aux mains des Russes vendredi soir.
La ville de Marioupol est tombée aux mains des Russes vendredi soir. © RUSSIAN DEFENCE MINISTRY / SPUTNIK VIA AFP
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avec AFP , modifié à
Au 87e jour de la guerre en Ukraine, l'aciérie Azovstal, à Marioupol, ultime poche de résistance dans ce port stratégique sur la mer d'Azov, est passée vendredi soir sous contrôle russe, alors que dans le Donbass, plus au nord, l'artillerie de Moscou pilonnait les positions de Kiev. Les pays du G7 promettent de mobiliser 19,8 milliards de dollars afin d'aider l'Ukraine à "combler son déficit financier".
L'ESSENTIEL

Vendredi soir, le porte-parole du ministère russe de la Défense a affirmé que le complexe sidérurgique était "passé sous le contrôle complet des forces armées russes" après la reddition des derniers soldats ukrainiens, et que la nouvelle avait été transmise au président Vladimir Poutine. Des images publiées par Moscou montraient des cohortes d'hommes en tenue de combat émergeant de l'aciérie, certains avec des béquilles ou des bandages, après une longue bataille qui était devenue un symbole de la résistance ukrainienne à l'invasion russe.

Les informations à retenir :

  • L'aciérie Azovstal est passée sous contrôle russe vendredi soir
  • L'Ukraine a ouvert plus de 12.000 enquêtes pour crimes de guerre
  • Les pays du G7 promettent de mobiliser 19,8 milliards de dollars afin d'aider l'Ukraine
  • La Russie assure avoir détruit un "important" envoi d'armes occidentales à l'Ukraine
  • Joe Biden signe la loi apportant 40 milliards de dollars d'aide à l'Ukraine

"Le commandement militaire supérieur a donné l'ordre de sauver les vies des militaires de notre garnison et d'arrêter de défendre la ville", avait affirmé dans la journée dans une vidéo sur Telegram le commandant du régiment Denys Prokopenko, un large pansement au bras droit et le gauche tuméfié, depuis ce qui semblait être un local souterrain.

Kiev récuse le terme de reddition, M. Zelensky évoquant "le sauvetage de nos héros".

Joe Biden signe la loi apportant 40 milliards de dollars d'aide à l'Ukraine

Le président américain Joe Biden a signé la loi adoptée jeudi par le Congrès apportant une gigantesque enveloppe de 40 milliards de dollars pour l'effort de guerre ukrainien contre la Russie, a annoncé samedi la Maison Blanche. M. Biden a ratifié ce texte pendant son voyage officiel en Corée du Sud. La loi comprend six milliards de dollars pour permettre à l'Ukraine de s'équiper en véhicules blindés et de renforcer sa défense anti-aérienne, d'après la même source.

Sur Twitter, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a remercié son homologue américain, se disant "reconnaissant".

La Russie assure avoir détruit un "important" envoi d'armes occidentales à l'Ukraine

Le ministère russe de la Défense a affirmé samedi que ses forces avaient détruit dans le nord-ouest de l'Ukraine un important envoi d'armes fournies par l'Occident. "Des missiles Kalibr à longue portée de haute précision, lancés depuis la mer, ont détruit un important envoi d'armes et d'équipements militaires fournis par les Etats-Unis et des pays européens, près de la gare de Malin, dans la région de Jytomyr", a indiqué le ministère.

Selon le ministère, ces armes étaient destinées aux forces ukrainiennes dans la région orientale du Donbass. Cette région, majoritairement russophone et partiellement contrôlée par des séparatistes pro-russes depuis 2014, est actuellement le théâtre de certains des plus intenses affrontements en Ukraine.

L'Ukraine fait face depuis le 24 février à une offensive russe visant, selon Moscou, à "dénazifier" ce pays, l'accusant d'un prétendu génocide des populations russophones.

Les pays occidentaux ont fourni à l'Ukraine des armes, y compris de l'artillerie, des missiles anti-aériens ou des armes anti-chars, et Kiev demande un soutien supplémentaire de ses alliés.

Seule la "diplomatie" mettra fin à la guerre en Ukraine

La guerre en Ukraine ne peut prendre fin que par des biais "diplomatiques", a assuré samedi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, alors que les négociations entre Moscou et Kiev sont dans l'impasse. "La fin (du conflit) sera diplomatique", a-t-il déclaré lors d'un entretien à une chaîne télévisée ukrainienne. La guerre "sera sanglante, ce sera des combats, mais elle prendra fin définitivement via la diplomatie".

"Il y a des choses que nous ne pourrons pas atteindre qu'à la table des négociations. Nous voulons que tout revienne (comme avant)", ce que "la Russie ne veut pas", a-t-il ajouté, sans donner plus de détails. Mardi, un conseiller du président ukrainien, Mykhaïlo Podoliak, avait indiqué que les pourparlers entre Moscou et Kiev étaient "en pause", estimant que Moscou ne faisait preuve d'aucune "compréhension" de la situation.

La dernière rencontre entre les chefs des délégations --Vladimir Medinski côté russe et David Arakhamia pour l'Ukraine-- remonte au 22 avril, selon les agences russes.

L'Ukraine espère échanger des prisonniers de guerre

L'armée russe a publié vendredi soir des images qu'elle a présentées comme étant celles de la fouille de combattants ukrainiens désarmés par des soldats russes. 

L'Ukraine espère échanger des prisonniers de guerre mais la Russie a fait savoir, visant implicitement le régiment Azov, qu'elle considérait une partie d'entre eux comme des combattants "néonazis". Le Comité international de la Croix-Rouge a exhorté les deux parties à lui accorder l'accès aux prisonniers de guerre et aux internés civils, "où qu'ils soient détenus".

La bataille pour le contrôle de Marioupol a donné lieu à de multiples accusations de crime de guerre par les puissances occidentales, notamment lors de l'attaque d'une maternité.

Plus de 12.000 enquêtes pour crimes de guerre ouvertes

L'Ukraine a ouvert plus de 12.000 enquêtes pour crimes de guerre depuis le 24 février, selon le Parquet ukrainien. Vendredi, le sergent Vadim Chichimarine, 21 ans, a admis avoir tué un civil non armé au début de l'offensive, lors du premier procès d'un soldat russe accusé de crimes de guerre depuis le début de l'invasion, dont le verdcit est attendu lundi.

Le jeune soldat s'est dit "sincèrement désolé", mais son avocat l'a déclaré "non coupable" de meurtre avec préméditation et de crimes de guerre dans ses plaidoiries finales.

Après avoir échoué à prendre Kiev et Kharkiv, la deuxième ville ukrainienne (nord-est), la Russie concentre ses efforts militaires dans l'Est et le Sud. "L'ennemi ne cesse de mener des opérations offensives dans la zone opérationnelle orientale afin d'établir un contrôle total du territoire des régions de Donetsk et de Lougansk et de maintenir le corridor terrestre avec la Crimée temporairement occupée", a indiqué l'état-major des forces ukrainiennes sur Facebook samedi matin.

Dans le bassin houiller du Donbass, partiellement contrôlé depuis 2014 par des séparatistes prorusses, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a assuré que la conquête de la région de Lougansk était "presque achevée".

Le porte-parole du ministère ukrainien de la Défense Oleksandre Motouzianyk a avancé que la situation "montrait des signes d'aggravation", et que "les forces d'occupation russe mènent un feu intense sur toute la ligne de front". "Pendant que nous résistons, nos troupes reçoivent des armes étrangères, se réarment, se regroupent, et je pense qu'en juin nous verrons la contre-attaque", a toutefois assuré dans la nuit de vendredi à samedi le gouverneur local Serguiï Gaïdaï.

A Lozova, une ville de l'Est, au moins huit personnes dont un enfant ont été blessées par une frappe de missile russe sur un centre culturel fraîchement reconstruit, ont annoncé vendredi des responsables ukrainiens.

Des frappes russes avaient fait 12 morts et 40 blessés jeudi à Severodonetsk, dans la région de Lougansk, selon M. Gaïdaï, une attaque qualifiée par M. Zelensky de "brutale et absolument inutile", tandis que les habitants recroquevillés dans les sous-sols décrivaient un interminable calvaire de terreur.

Severodonetsk et Lyssytchansk, séparées par une rivière, constituent la dernière poche de résistance ukrainienne dans la région.

L'Italie propose la constitution d'un groupe international de facilitation

Alors que les négociations menées il y a quelques semaines sous médiation turque sont au point mort, l'Italie a indiqué vendredi avoir proposé la constitution d'un "groupe international de facilitation composé d'organisations internationales" comme l'ONU, l'UE et l'OSCE.

"L'objectif est de travailler pas à pas (...) en partant par exemple des trêves localisées, de l'évacuation des civils, de la possibilité d'ouvrir des couloirs humanitaires sécurisés, et ensuite évidement de monter en puissance pour arriver à un cessez-le-feu général, puis une paix durable avec un véritable accord de paix", a expliqué le ministre italien des Affaires étrangères Luigi Di Maio à Turin.

L'heure est dans l'immédiat à la guerre, et les pays du G7 réunis en Allemagne ont promis vendredi de mobiliser 19,8 milliards de dollars (18,7 milliards d'euros) afin d'aider l'Ukraine à "combler son déficit financier".

La veille, le Congrès américain a débloqué une gigantesque enveloppe de 40 milliards de dollars pour l'Ukraine, visant notamment à permettre à l'Ukraine de s'équiper en blindés et de renforcer sa défense antiaérienne.