"Guerre commerciale" : comment les Etats-Unis et la Chine en sont arrivés là

Les relations économiques se tendent entre les deux pays.
Les relations économiques se tendent entre les deux pays. © JIM WATSON / AFP
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Dylan Gamba , modifié à
Pékin a annoncé vendredi son intention de taxer certains produits américains si aucune solution négociée n'était trouvée. Les bourses chinoises dévissent.

La première et la deuxième économies mondiales se toisent. Après la décision de Donald Trump de mettre en place des mesures protectionnistes sur l'acier et l'aluminium, la Chine a décidé de réagir en menaçant de droits de douane plus d'une centaine de produits américains. Retour sur quelques moments clés de cette "guerre commerciale". 

Acte 1 : la promesse de campagne. Durant la campagne présidentielle, le candidat républicain avait déjà laissé entendre qu'il comptait mettre en place des mesures protectionnistes. "Notre Constitution ne parlait historiquement pas d'impôt sur le revenu, mais elle mentionnait les droits de douane, qui devaient taxer la production étrangère plutôt que la production américaine", soulignait-il. Donald Trump avait également promis de taxer les importations chinoises de 45%, celles du Mexique de près de 35% et de "déchirer" les grands traités commerciaux, comme le traité de libre échange en Amérique du Nord (Alena). 

Acte 2 : la Chine ne fait pas de concession. Au début de son mandat, le nouveau président américain semble modérer ses propos. Au G20 d'Hambourg en juillet 2017, Donald Trump ne parvient pas à arracher la moindre concession au président chinois Xi Jinping. Au lieu de taxer les importations en provenance de l'empire du milieu, Donald Trump s'était contenté d'ouvrir une enquête sur la propriété intellectuelle. Il avait également été contraint de s'asseoir à la table des négociations avec le Canada et le Mexique pour renégocier l'Alena.

Acte 3 : Donald Trump lance la "guerre commerciale". Mais le 1er mars, Donald Trump change de braquet. Il annonce d'importantes taxes sur les importations d'acier et d'aluminium. La décision des Etats-Unis, premier importateur mondial d'acier, fait alors craindre une guerre commerciale. "Elles seront appliquées pour longtemps", déclare alors le président américain, qui évoque des tarifs douaniers de 25% pour l'acier et de 10% pour l'aluminium, sans préciser quels pays seront visés. Les déclarations du président interviennent alors que Liu He, conseiller économique du président chinois, est en visite à Washington. Ces annonces provoquent un tollé à travers le monde. Mais Donald Trump n'en a cure et se justifie sur Twitter. "Quand un pays (les Etats-Unis) perd des milliards de dollars en commerçant avec virtuellement tous les pays avec lesquels il fait des affaires, les guerres commerciales sont bonnes et faciles à gagner", écrit le président. 

Acte 4 : réaction chinoise. La Chine fait part de sa "ferme opposition" à cette mesure, dénonçant au passage une "attaque" du système commercial. "L'abus de la clause de sécurité nationale par les États-Unis constitue une attaque délibérée du système commercial multilatéral incarné par l'Organisation mondiale du commerce et aura certainement un impact grave sur l'ordre commercial mondial", estime le ministère du commerce chinois dans un communiqué. La production de l'empire du milieu ne représente toutefois qu'une petite partie des importations américaines (2,7% pour l'acier et 9,7% pour l'aluminium), loin derrière le Canada, le Brésil, ou l'Union européenne. Pékin décide finalement de réagir en publiant vendredi une liste de 128 produits américains qui seront taxés entre 15 et 25%. "La Chine n'a en aucun cas peur d'une guerre commerciale", met en garde le ministère du Commerce de l'empire du milieu. La liste vise des produits tels que le vin, les fruits et la viande de porc. Ces droits de douane seront institués si Pékin ne parvient pas à une solution négociée avec les États-Unis, a précisé le ministère. Pour l'instant, les bourses chinoises ont réagi fortement à la baisse à ces mesures. Dans les premières minutes après l'ouverture, l'indice composite hongkongais Hang Seng perdait 3,44%, quant à la Bourse de Shanghai, l'indice composite chutait à la même heure de 2,78%. Les investisseurs sont hantés par le spectre d'un conflit commercial généralisé après les sanctions annoncés par Washington contre la Chine.

 

Et l'Europe dans tout ça ?

Alors que les relations se tendent avec la Chine, les Etats-Unis font un pas en direction de l'Union européenne. Outre l'UE, le Brésil, le Canada, l'Australie et la Corée du Sud sont exemptés de taxes jusqu'au 1er mai 2018. "Chacun de ces pays a une importante relation dans le domaine de la sécurité avec les États-Unis", a assuré Donald Trump.