Carlos Ghosn 1:57
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Caroline Baudry, édité par Romain David
S’exprimant dimanche sur Europe 1, depuis le Liban où il s’est exilé, Carlos Ghosn, l'ex-PDG de Renault-Nissan, a reproché à la diplomatie française de n’avoir rien fait pour l’aider à sortir de prison lorsqu’il était incarcéré au Japon. Sur Europe 1 lundi, un ancien ambassadeur de France tient à rappeler que les justices étrangères sont indépendantes.
INTERVIEW

C'était une exclusivité sur Europe 1. Invité de Frédéric Taddeï dimanche matin, Carlos Ghosn, ex-PDG de Renault-Nissan, s'exprimait depuis le Liban sur son nouveau livre à paraître mercredi. Ensemble, toujours aux Editions de l'Observatoire, écrit avec Carole, sa femme, et qui retrace la "descente aux enfers" du couple. Le 19 novembre 2018, l'homme d'affaire était arrêté à Tokyo à la sortie de son jet privé. Inculpé d'abus de biens sociaux puis d'abus de confiance, il était emprisonné dans la capitale japonaise, puis assigné à résidence. En décembre 2019, il a gagné illégalement le Liban après une fuite rocambolesque

Désormais, Carlos Ghosn clame son innocence et crie au complot. Au micro d'Europe 1 dimanche matin, le fugitif a notamment reproché à la France de ne pas être venue à son secours. "J'ai appris par ailleurs que le jour de mon arrestation, l'ambassadeur des États-Unis au Japon a communiqué à l'ambassadeur de France au Japon en disant : 'si Monsieur Ghosn était le patron de General Motors, il ne serait pas resté arrêté 24 heures, on l'aurait rapatrié aux Etats-Unis, et si vraiment il y a des problèmes, à ce moment-là on en discute dans son pays'", a-t-il raconté.

"La justice de ce pays est une justice indépendante !"

Un scénario douteux selon Gérard Araud, l'ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis. "On ne voit pas pourquoi l'ambassadeur des États-Unis irait se vanter, comme un gosse de 15 ans. Sauf si l'ambassadeur des États-Unis à Tokyo est vraiment un aventurier bavard, ça me semble plutôt peu probable", estime Gérard Araud auprès d’Europe 1. "Je n'en vois pas l'intérêt, et j'en vois les risques : être répété, être cité, et s’aliéner les Japonais."

"Quand j'ai été ambassadeur, il est arrivé à plusieurs reprises que des nationaux français aient des problèmes avec la justice locale", rapporte encore cet ancien diplomate. "Et à chaque fois, j'étais frappé d'être approché par des amis ou par l'avocat de la personne en question pour me dire : 'naturellement, vous allez le faire sortir de prison ou le faire rentrer en France'. Et ils étaient toujours surpris que je leur dise : 'Mais attendez, la justice de ce pays est une justice indépendante !'", rapporte Gérard Araud. "'Personne ne peut le faire, même pas les autorités locales, et si j'intervenais, cela risquerait plutôt d'être contre-productif.'"