Gabon : son ancien garde des Sceaux accuse Ali Bongo de fraude

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Le président Ali Bongo, dont la réélection est contestée, lors de la cérémonie d'investiture le 27 septembre 2016. © STEVE JORDAN / AFP
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INTERNATIONAL - Séraphin Moundounga a démissionné du gouvernement et fui le pays. Il accuse Ali Bongo d'avoir falsifié le résultat des élections.

La réélection d'Ali Bongo à la présidence du Gabon le 31 août continue d'être contestée, y compris parmi certains de ses plus proches collaborateurs. C'est notamment le cas de son ancien garde des Sceaux, Séraphin Moundounga, qui a démissionné du gouvernement le 6 septembre pour dénoncer le résultat des élections, avant de fuir le pays et de se réfugier en France. Dans un entretien au Journal du Dimanche, il détaille ses accusations contre Ali Bongo. 

Ali Bongo n'aurait recueilli que 38% des suffrages. D'après les résultats officiels, le président du Gabon a été reconduit à son poste avec 50,66% des voix. Certains résultats ont néanmoins de quoi intriguer : dans la province du Haut-Ogooué, fief de l'ethnie dont est issu Ali Bongo, ce dernier aurait recueilli plus de 95% des voix et bénéficié d'une participation record de plus de... 99%. 

Séraphin Moundounga l'assure : les résultats proclamés officiellement ne sont pas fidèles à la réalité. Ce dernier, qui a récolté les PV de chaque bureau de vote en tant que ministre de la Justice, assure que les résultats ont été bien différents : "Sur tout le territoire, Jean Ping l'a emporté avec 60% des voix, contre 38% pour Ali Bongo et 2% pour les autres candidats", déclare-t-il dans les colonnes du JDD. Et ce dernier d'ajouter qu'Ali Bongo lui aurait demandé d'affirmer que ces résultats - défavorables au président - auraient été le fruit d'un trucage réalisé par un pirate informatique ivoirien. Ce que ce dernier a refusé.

Ali Bongo accusé d'avoir recours à des "escadrons de la mort". Ayant refusé de reconnaître les résultats électoraux avancés par la présidence, l'ancien ministre de la Justice assure avoir "subi des représailles : quatre tentatives d'assassinat et d'enlèvement en une semaine". Séraphin Moundounga a donc pris la fuite au Cameroun, avant de rejoindre la France. D'après lui, ce recours à la violence et aux menaces se serait systématisé depuis la réélection contestée d'Ali Bongo : "Bongo a placé partout des forces hautement militarisées qui intimident la population. Elles sont habillées en tenue militaire, cagoulées pour qu'on ne voir pas leur visage".

Ce dernier va plus loin encore en assurant que "les familles attaquées par ces escadrons de la mort témoignent que ces hommes ne parlent ni le français, ni une langue gabonaise, mais l'arabe ou l'anglais. Selon les premiers éléments dont nous disposons, il s'agirait de mercenaires venus de Somalie, des shebabs." 

Pour mettre fin à cette crise, Séraphin Moundounga demande aux Etats européens d'appliquer des sanctions économiques contre le Gabon et espère que l'ONU puisse adopter une résolution autorisant une intervention étrangère.