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Fukushima : le Japon va rejeter de l'eau traitée à la mer, "irresponsable" selon la Chine

Europe 1 avec AFP . 3 min

Le Japon va rejeter à la mer, après traitement, de l'eau issue de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima (nord-est), a annoncé mardi le Premier ministre Yoshihide Suga, malgré l'opposition que rencontre ce projet, en interne comme en externe.

Le Japon va rejeter à la mer, après traitement, plus d'un million de tonnes d'eau issue de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima , a annoncé mardi le gouvernement nippon, malgré l'opposition dans des pays voisins, dont la Chine, et des communautés locales de pêcheurs. Cette décision met un terme à sept années de débat sur la manière de se débarrasser de l'eau provenant de la pluie, des nappes souterraines ou des injections nécessaires pour refroidir les cœurs des réacteurs nucléaires entrés en fusion après le tsunami du 11 mars 2011.

1,25 millions de tonnes d'eau contaminée

Environ 1,25 million de tonnes d'eau contaminée sont actuellement stockées dans plus d'un millier de citernes près de la centrale accidentée il y a dix ans dans le nord-est du Japon. L'eau sera rejetée "après nous être assurés qu'elle est à un niveau (de substances radioactives, NDLR) nettement en-dessous des normes de sécurité", a déclaré mardi le Premier ministre Yoshihide Suga, ajoutant que le gouvernement japonais prendrait "des mesures" pour empêcher que cela n'entache la réputation de la région.

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Une décision était d'autant plus urgente que l'eau s'accumule rapidement: en 2020, le site a généré chaque jour environ 140 mètres cube d'eau contaminée. Les limites de la capacité de stockage sur place pourraient être atteintes dès l'automne 2022, selon Tepco, l'opérateur de la centrale.

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L'eau destinée à être relâchée dans cette opération, qui ne devrait pas commencer avant deux ans et pourrait prendre des décennies, a été filtrée à plusieurs reprises pour être débarrassée de la plupart de ses substances radioactives (radionucléides), mais pas du tritium, lequel ne peut pas être éliminé avec les techniques actuelles .

Opposition des pêcheurs japonais et de Greenpeace

Cette option, privilégiée au détriment d'autres scénarios, comme une évaporation dans l'air ou un stockage durable, est très contestée par les pêcheurs et agriculteurs de Fukushima qui redoutent que cela n'affecte davantage l'image de leurs produits auprès des consommateurs.

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"La gestion de l'eau contaminée est une question qu'on ne peut pas éviter" dans la reconstruction à Fukushima, avait déclaré Yoshihide Suga la semaine dernière après sa rencontre avec le dirigeant de la Fédération des coopératives de pêche du Japon, vent debout contre le projet.

Le gouvernement "nous a dit qu'il ne rejetterait pas l'eau (à la mer, NDLR) sans l'adhésion des pêcheurs", a déclaré mardi Kanji Tachiya, responsable d'une coopérative locale de pêche à Fukushima, juste avant l'annonce de la décision. "Maintenant, ils reviennent là-dessus et nous disent qu'ils vont rejeter l'eau, c'est incompréhensible", a-t-il ajouté.

"Le gouvernement japonais a une fois de plus laissé tomber les gens de Fukushima", a réagi mardi Greenpeace, fustigeant une "décision complètement injustifiée de contaminer délibérément l'océan Pacifique avec des résidus nucléaires". L'organisation environnementale a répété son appel à poursuivre le stockage de l'eau jusqu'à ce que la technologie permette de la décontaminer complètement.

La Chine et la Corée déplorent la décision, les Etats-Unis soutiennent

Début 2020, des experts commissionnés par le gouvernement avaient recommandé le rejet en mer , une pratique déjà existante au Japon et à l'étranger sur des installations nucléaires en activité.

"Il y a un consensus parmi les scientifiques sur le fait que l'impact sur la santé (d'un rejet en mer de l'eau tritiée, NDLR) est minuscule", a déclaré à l'AFP Michiaki Kai, professeur et expert des risques des radiations à l'université des sciences de la santé d'Oita (sud-ouest du Japon).

L'agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) plaide aussi pour l'option d'une dilution en mer. "Nous prenons la décision (du gouvernement) au sérieux", a déclaré mardi Tomoaki Kobayakawa, le patron de Tepco, s'engageant à prendre "des mesures pour empêcher que des rumeurs néfastes ne circulent" à l'encontre de l'agriculture, des forêts, de la pêche et du tourisme locaux.

Les voisins du Japon, avec qui Tokyo entretient des relations houleuses sur fond de contentieux historiques, ont manifesté leur mécontentement. La Chine a qualifié mardi "d'extrêmement irresponsable" l'approche du Japon qui "va gravement nuire à la santé et à la sûreté publiques dans le monde, ainsi qu'aux intérêts vitaux des pays voisins". La Corée du Sud a exprimé de "vifs regrets" après cette décision qui représente "un risque pour l'environnement maritime".

Le gouvernement américain, allié de Tokyo, a cependant exprimé son soutien à l'opération, notant que le Japon avait "pesé les options et les effets, avait été transparent dans sa décision et sembl(ait) avoir adopté une approche en accord avec les normes de sûreté nucléaire internationalement reconnues".

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