Les militants chinois pour les droits de l'homme et critiques envers le régime communiste redoutent la surveillance de Pékin. (Illustration) 1:33
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William Molinié
Pékin entend garder un œil très ouvert sur ses ressortissants installés à l’étranger. Ceux qui militent à distance pour la défense des droits humains et critiquent le régime chinois sont d'ailleurs la priorité. Europe 1 a pu en rencontrer certains, une parole rare qui décrit une surveillance et une pression sociale appuyées.

Un Big Brother qui a l'œil sur tous ses citoyens à travers le monde. Et la France ne fait pas exception. Chez nous aussi, les Chinois qui militent pour la défense des droits humains ou qui critiquent le régime sont sous surveillance. Europe 1 est allée à leur rencontre. Sous couvert d'anonymat, un étudiant chinois de 25 ans se confie.

Des postes clandestins de la police chinoise au cœur de Paris

"Si je ne vous donne pas mon nom, mon téléphone ou mes informations personnelles, c'est parce que les agents du parti sont vraiment très forts pour nous surveiller", avance-t-il. Car critiquer le Parti communiste chinois, même à 8.000 kilomètres de Pékin, pourrait lui causer des ennuis.

Lui et ses amis se disent suivis de très près par l'ambassade de Chine dans la capitale, qui déploie des moyens électroniques, des écoutes téléphoniques et exerce une pression sur les familles de la diaspora. Les militants hostiles au régime redoutent les postes clandestins de la police chinoise, sorte d'œil de Pékin en plein Paris. Selon eux, certains se trouveraient dans des appartements anonymes des tours du 13ᵉ arrondissement.

Et des proches harcelés en Chine

"Je pense que ces commissariats ne se limitent pas à arrêter les gens et à les renvoyer en Chine. C'est aussi dans une certaine mesure, pour défier les pays étrangers", prévient un autre ressortissant chinois de 40 ans.

Installé depuis huit ans en région parisienne, ce dernier a fait l'erreur de critiquer le régime autoritaire et c'est sa famille aujourd'hui qui en fait les frais. "Ma famille, qui est restée là-bas, est harcelée par la police. Mes parents, ma sœur, tous reçoivent des coups de téléphone. On leur pose des questions, on leur met la pression pour me forcer à rentrer", raconte-t-il. Pékin lui aurait même proposé de l'argent pour son retour, ce qu'il considère être un piège. Car, dit-il, il aurait alors fini dans une cellule de prison.