Minneapolis rend hommage à George Floyd, le couvre-feu tombe dans plusieurs villes

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Xavier Yvon et Romain David avec AFP , modifié à
Une cérémonie à la mémoire de George Floyd a eu lieu jeudi à Minneapolis, la ville où est décédé ce père de famille noir à la suite d’une intervention policière. Une autre cérémonie doit se tenir dans son État natal, la Caroline du Nord, avant des funérailles lundi à Houston. En parallèle, les manifestations contre le racisme et les violences policières se poursuivent dans plusieurs villes américaines.
L'ESSENTIEL

Filmée par des passants, la lente agonie de George Floyd, un père de famille noir, sous le genou d’un policier blanc le 25 mai, a provoqué un climat de tension que les Etats-Unis n'avaient plus connu depuis les années 1960 et le mouvement pour les droits civiques. Jeudi, la ville de Minneapolis, lieu du drame, a rendu un vibrant hommage à la victime. Cette cérémonie marque le coup d’envoi de funérailles qui doivent encore passer par la Caroline du Sud et le Texas.

Les informations à retenir :

  • Une première cérémonie à la mémoire de George Floyd s’est tenue jeudi à Minneapolis.
  • Après les débordements du début de semaine, New York, Washington, Seattle et Los Angeles ont mis fin au couvre-feu.
  • L’Association de défense des droits civiques a porté plainte contre Donald Trump.

Un hommage quasi national

Le dernier voyage de George Floyd a pris des allures de funérailles nationales. Jeudi soir, à Minneapolis. Devant le cercueil doré, installé à l'université chrétienne North Central,  le maire de la ville s’est longuement agenouillé et a fondu en larmes.

Puis, le révérend Al Sharpton, figure de la lutte pour les droits civiques, a pris la parole pour élever George Floyd au rang de symbole universel. "L’histoire de George Floyd, c’est l’histoire des Noirs. Voilà 401 ans que vous avez votre genou sur notre cou. Ce qui est arrivé à Floyd arrive tous les jours dans ce pays, dans l’éducation, dans la santé, dans tous les domaines de la vie en Amérique", a-t-il déclaré. Avant d’ajouter : "Il est temps pour nous de nous lever, et de dire : ‘Virez votre genou de nos cous !'"

La cérémonie a également été marquée par une période de silence de 8 minutes et 46 secondes, le temps pendant lequel le policier Derek Chauvin est resté agenouillé sur le cou de George Floyd malgré ses supplications.  

La dépouille de George Floyd va désormais prendre la direction de la Caroline du Nord, où il est né et a grandi, dans ce sud encore imprégné de son passé esclavagiste. Une cérémonie est prévue samedi. Enfin, le cercueil doré arrivera à sa destination finale : Houston, la grande ville du Texas, où vit la famille de George Floyd. Un hommage public lui sera rendu lundi, avant des obsèques privées mardi avec la présence annoncée de Joe Biden, l’ancien vice-président de Barack Obama, et candidat à la Maison-Blanche.

"Nous faisons tout ce qu’il faut pour assurer la sécurité des uns et des autres" : Houston se prépare à des funérailles hors normes

Il est l’homme qui a dit à Donald Trump de se taire. Interrogé par CNN en début de semaine, Art Acevedo, le chef de la police de Houston a conseillé au locataire de la Maison Blanche de "fermer sa bouche" s'il n'avait "rien de constructif à dire" sur la mort de George Floyd. Or, cet officier risque fort d’être au cœur de l’attention dans les jours à venir, puisqu'il aura à gérer la foule immense qui est attendue sur place lundi pour les funérailles de Georges Floyd. Un important dispositif de sécurité devrait être déployé.

"Nous nous attendons à ce que les manifestations se poursuivent, mais dans le calme. Houston est la grosse ville américaine avec la population la plus variée. Jusqu’ici les communautés sont dans un état d’esprit formidable", veut toutefois rassurer Art Acevedo au micro d’Europe 1. "Il peut y avoir des colères, mais nous aimons tous cette ville, Houston est forte et nous faisons tout ce qu’il faut pour assurer la sécurité les uns et des autres", assure-t-il.

"La seule chose qui pourrait éteindre les flammes de la haine et de la colère, c’est l’amour. Il n’y a que l’amour, alors j’espère qu’on pourra s’aimer les uns les autres et qu’on arrivera à une politique et à des lois qui mettent à l’écart les officiers qui violent le serment de confiance", a également déclaré Art Acevedo, à propos des violences policières et du racisme au sein des forces de l’ordre américaines.

>>> Retrouvez ci-dessous l’intégralité de l’interview d’Art Acevedo, chef de la police de Houston, sur Europe 1 :

Fin des couvre-feux dans plusieurs villes

Des manifestations, très généralement pacifiques et recueillies, ont une nouvelle fois eu lieu jeudi dans tout le pays pour réclamer justice et la fin des discriminations raciales. Des milliers de personnes toutes origines confondues ont ainsi défilé dans les rues de New York ainsi qu'à Washington, Seattle et Los Angeles, trois villes où le couvre-feu a été levé.

La police a procédé au total ces derniers jours à près de 10.000 arrestations dans le pays, selon une estimation reprise par les médias américains. Mais après plus d'une semaine de débordements, la situation semblait se calmer dans l'ensemble.

La caution des suspects fixée entre 750.000 et un million de dollars

Le procureur enquêtant sur la mort de George Floyd à Minneapolis a requalifié mercredi les faits en homicide volontaire et inculpé de complicité les trois autres agents présents au moment du drame. Ces derniers ont comparu au tribunal jeudi pour que leur caution soit fixée: entre 750.000 et un million de dollars chacun.

Une plainte contre Donald Trump et plusieurs membres de l’exécutif

Donald Trump a fait évacuer manu militari les abords de la Maison Blanche lundi soir pour poser devant une église, Bible à la main. Cette dispersion des manifestants vaut désormais au président américain une plainte en justice déposée par la puissante association de défense des droits civiques ACLU et d'autres organisations. Elle vise également les ministres de la Justice et de la Défense. "Ce qui est arrivé à nos membres lundi soir, dans la capitale de la nation, était un affront allant à l'encontre de tous nos droits", a déclaré April Goggans, de Black Lives Matter DC, citée dans le communiqué de l'ACLU. "Nous ne serons pas réduits au silence par les gaz lacrymogènes et les balles en caoutchouc. C'est le moment d'être entendu".

"L'ORDRE PUBLIC!", a tweeté de son côté le président américain jeudi au petit matin en lettres capitales dans ce qui sera certainement l'un des thèmes de sa campagne de réélection jusqu'à la présidentielle du 3 novembre.

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Une mobilisation internationale

Depuis la mort de George Floyd, les manifestations se multiplient dans d’autres pays, pour dénoncer le racisme et les violences policières. En Autriche notamment, la police a fait état d'une "très forte affluence" et estimé à environ 50.000 personnes le nombre de participants qui ont défilé jeudi à Vienne.

De son côté, Angela Merkel, la chancelière allemande, a condamné lors d'une interview sur la chaîne publique ZDF le "meurtre" de George Floyd par des policiers et le racisme aux Etats-Unis. "Ce meurtre de George Floyd est une chose terrible. Le racisme est une chose terrible. La société américaine est très polarisée", a-t-elle déploré.