États-Unis : la cérémonie d’investiture en dix anecdotes

Le 20 janvier 1961, John F. Kennedy devenait le plus jeune président de l'histoire des États-Unis.
Le 20 janvier 1961, John F. Kennedy devenait le plus jeune président de l'histoire des États-Unis. © STF / AFP
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Donald Trump sera officiellement investi président des États-Unis vendredi, au cours d’une journée historique qui, par le passé, a déjà réservé son lot de petites histoires…

C’est une cérémonie plus de deux fois centenaire. L’Inauguration Day verra vendredi le 45ème président américain, Donald Trump, être investi dans ses fonctions, plus de deux mois après son élection. Service religieux, prestation de serment, discours, parade, bals, le programme de ce jour si spécial a hérité de son lot de traditions… Et d’anecdotes, des plus légères aux plus dramatiques.

  • Quand c’est une grande première

La cérémonie d’investiture de Donald Trump sera la 58ème de l’histoire, 228 ans après celle qui a vu George Washington devenir le premier président de l’histoire des États-Unis. Le 30 avril 1789, celui qui est considéré comme l’un des Pères fondateurs de la nation américaine, prit ses fonctions à New York, alors capitale du pays, où il fut accueilli par les membres du gouvernement et les notables de la ville. Quatre ans plus tard, la cérémonie se déroulait à Philadelphie. George Washington délivra alors le discours qui restera comme le plus concis jamais déclamé : 135 mots.

La première photographie prise lors d’une investiture, elle, remonte à 1857. Cette année-là, James Buchanan prenait ses fonctions devant un Capitole encore en construction.

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© Library of Congress

  • Quand certains préfèrent bouder

Dans la tradition politique américaine, l’investiture est avant tout un moment d’union. Deux camps, deux Amériques se retrouvent après une campagne parfois virulente. Celle qui a opposé Donald Trump à Hillary Clinton l'a été. Défaite, la candidate démocrate devrait pourtant être de la partie vendredi. Il y a quatre ans, Mitt Romney, battu par Barack Obama dans les urnes, n’était pas venu à l’investiture de ce dernier. Cette attitude avait attiré beaucoup de critiques au candidat républicain, considéré comme mauvais joueur.

Barack Obama ne fera pas ce genre d'erreur. Il a déjà annoncé qu’il serait lui aussi présent pour passer le témoin, malgré son inimitié non dissimulée envers son successeur. Comme il est de coutume, le futur ex-dirigeant accompagnera le nouveau couple présidentiel entre la Maison-Blanche et le Capitole pour la prestation de serment.

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© AFP

Ce trajet a été parcouru pour la première fois à deux en 1837, par Andrew Jackson et le président élu Martin Van Burren. Les deux hommes avaient alors partagé une calèche. Cette procession n’a pourtant rien d’obligatoire. En 1801 par exemple, John Adams avait refusé d’assister à la cérémonie de son ex-adversaire et ancien vice-président Thomas Jefferson, après une campagne qui avait visiblement laissé beaucoup de traces.

  • Quand il faut marcher

En cette année 1801, Thomas Jefferson décidait de se rendre à la cérémonie… à pied, délaissant la fameuse calèche. Ce qui ne manqua pas d’inspirer Jimmy Carter, 176 ans plus tard. Le prix Nobel de la paix 2002 était descendu de sa limousine et avait pris la tête de la parade, sur la longue et fameuse Pennsylvania Avenue. Il n’en fallut pas plus pour instaurer une tradition. En 2009, Barack et Michelle Obama s’y étaient également prêtés. En talons, la First Lady fut néanmoins contrainte de remonter quelques instants en voiture pour reposer ses pieds.

  • Quand il fait beaucoup trop froid

Jusqu'en 1933, la cérémonie avait lieu le 4 mars. Depuis, les moyens de transport se sont largement modernisés, réduisant les délais d’organisation. En conséquence, la date de la cérémonie a été ramenée au 20 janvier… soit en plein cœur de l’hiver. Si vendredi, la météo prévoit un peu moins de 10 degrés à Washington, il a déjà fait bien plus froid. Le record a été enregistré en 1985, avec une température glaciale de -14 degrés. Ce jour-là, Ronald Reagan avait été contraint de prêter serment à l’intérieur du Capitole, ce qui avait exclu de facto 140.000 invités.

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© AFP

En 1961, l’intronisation de John F. Kennedy s'est quant à elle déroulée sous -5 degrés. Des lance-flammes avaient même été utilisés pour faire fondre la neige tombée sur le tracé de la parade.

Enfin, William Harrison, a dû lui faire face à la tempête, en 1841. Et son allocution d’1h45 – la plus longue jamais enregistrée – lui a très certainement coûté la vie. Sans chapeau ni manteau, il avait contracté un rhume, qui dégénéra en pneumonie. Harrison perdit la vie 32 jours plus tard. Son mandat reste à l’heure actuelle le plus court de l’histoire du pays.

  • Quand le président a la fièvre du samedi soir

Voilà un autre record que Donald Trump ne devrait pas battre vendredi : celui du nombre de participations aux bals d’investiture qui ont lieu tous les quatre ans dans toute la ville. Dans ce domaine, le champion incontesté s’appelle… Bill Clinton. Avec Hillary, il avait esquissé un pas de danse lors de quatorze soirées, en 1997. Donald Trump n’en a prévu que trois, dont le traditionnel bal militaire du "Commandant en chef".

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© AFP

Barack Obama, de son côté, avait participé à dix bals en 2009, et seulement deux en 2013… soit deux de plus que Woodrow Wilson (1913-1921), qui goûtait peu à ce genre de festivités. En 1945, pour sa quatrième investiture, Franklin Delano Roosevelt avait lui aussi annulé les bals, alors que la Seconde Guerre mondiale n’avait pas encore pris fin.

  • Quand la cérémonie se déroule dans un avion

C’est sans doute l’une des photos les plus célèbres de l’histoire des investitures. Celle de Lyndon B. Johnson, vice-président de JFK, intronisé par une magistrate à bord de l’avion présidentiel Air Force One, le 22 novembre 1963, le jour de l’assassinat à Dallas du plus jeune président américain de tous les temps. Vingt-sept personnes étaient présentes à bord de l’engin pour assister à la prestation de serment. Parmi elles, Jackie Kennedy, qui venait tout juste d’apprendre la mort de son mari.

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© AFP

  • Quand l’investiture tourne au rodéo

L’investiture du général Dwight Eisenhower, en 1953, s'était déroulée dans une ambiance autrement plus légère. Lors de la parade, le nouveau président s'était même laissé prendre au lasso par un cow-boy de Californie, nommé Montie Montana.

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© Archives nationales

  • Quand le président se trompe dans son serment

En 2009, Barack Obama, sans doute sous le coup de l’émotion, s'était trompé dans son serment. La faute, en grande partie, est imputable au chef de la Cour suprême, qui énonça dans le désordre les mots qu’Obama était chargé de répéter. Résultat : une citation erronée, qui provoqua la fronde de plusieurs juristes notamment. Pour ne froisser personne, le démocrate s’exécuta une nouvelle fois le lendemain, en privé.

En 2013, Barack Obama fit également deux prises. Cette année-là, le 20 janvier tomba en effet un dimanche, jour chômé pour les Américains. Une cérémonie privée eut alors lieu à la Maison-Blanche. La version publique fut organisée le lendemain. À cette occasion, il avait d'ailleurs levé la main droite et posé la gauche sur deux bibles, celle utilisée par Abraham Lincoln lors de son investiture en 1861, et celle de Martin Luther King, fer de lance de la lutte pour les droits civiques dans les années 1950 et 1960. En tout, le premier président noir de l’histoire des États-Unis a donc prêté quatre fois serment, un record partagé avec Franklin Roosevelt et ses quatre mandats consécutifs.

Donald Trump aura lui aussi recours à deux bibles vendredi : celle qui fut utilisée par Lincoln il y a un siècle et demi, mais aussi la sienne, offerte par sa maman en 1955.

  • Quand la foule se déplace en nombre

Voilà un autre record détenu par Barack Obama. Le jour de sa première investiture, entre 1,2 et 1,8 million de personnes s’étaient rassemblées à Washington. Cette année, moins d’un million sont attendues à celle de Donald Trump.

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© AFP

  • Quand la sécurité devient un enjeu majeur

Pour cette investiture, une attention toute particulière sera portée à la sécurité. Le contexte terroriste, les menaces émanant de groupes anti-Trump et la tenue d’une grande manifestation pour le féminisme ont forcé les autorités à prévoir 28.000 agents dans le secteur du Capitole. Selon des responsables de l’organisation interrogés par le New York Times, jamais défi sécuritaire n’a été aussi important autour d’une investiture.

Donald Trump devrait donc connaître la même situation que George W. Bush, seize ans plus tard. En 2001, celui-ci avait dû faire face, pour sa première investiture, à la colère de certains Américains, contestant une élection qu’ils jugeaient truquée. Les manifestations avaient donné lieu à plusieurs scènes d'affrontements avec la police.

La deuxième investiture de Richard Nixon, en 1973, avait elle aussi été perturbée par plus de 15.000 opposants à la guerre du Vietnam. La cérémonie, qui se tenait un mois après les terribles "bombardements de Noël" à Hanoï, avait d’ailleurs été boycottée par 80 parlementaires.

Plus d’un siècle auparavant, lors de celle d'Abraham Lincoln, en 1865, c’est-à-dire au lendemain de la guerre de Sécession, la sécurité avait également été renforcée. Parmi les spectateurs, un certain John Wikes Booth était présent. Quarante-et-un jour jours plus tard, il abattait Lincoln d’une balle dans la tête.