L’association française Pilotes volontaires survole la mer à bord d'un petit avion à la recherche de réfugiés en détresse. 1:16
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envoyé spécial à Lampedusa, édité par Clémence Olivier , modifié à
A l’occasion de la journée mondiale des réfugiés, Europe 1 a suivi l’une des dernières ONG qui peut encore témoigner de ce qui se passe au large des côtes libyennes. 
REPORTAGE

Empêchés d’accoster ou menacés ces dernières semaines de très fortes amendes en Italie, tous les navires des ONG présents en Méditerranée ont été obligés de jeter l’éponge ces derniers mois et de renoncer à aller chercher les réfugiés. Seul See Watch 3 campe au large de l’île italienne de Lampedusa mais ce bateau n’a toujours pas reçu l’autorisation de débarquer les 43 migrants qu’ils ont récupérés en mer il y a déjà huit jours.

Dernier témoin de ce qui se passe aux larges des côtes libyennes, l’association française "Pilotes volontaires" qui survole la mer à bord d'un petit avion à la recherche de réfugiés en détresse. Europe 1 a pris place à leurs côtés.

Deux hommes à l’origine de ce projet

Benoit Micolon et José Benavente sont à l'origine de ce projet. En janvier 2018, ils découvrent que les rares navires d’ONG encore sur place en mer méditerranée manquent cruellement d’un appui aérien pour repérer les bateaux de réfugiés qui tentent la traversée. Ces pilotes professionnels décident alors de dépenser leurs deniers personnels – 130.000 euros à eux deux – pour acheter un avion monomoteur de quatre places.

Le 12 mai 2018, ils volent pour la première fois. Depuis, ils ont réalisé 62 missions et aidé à sauver 61 embarcations de fortune. En tout, ce sont plus de 4.500 personnes qu’ils ont aidé à secourir.

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"Retour dans l’enfer libyen" pour ces réfugiés

Quand ils aperçoivent un bateau en détresse, les pilotes envoient un message radio d’urgence aux autres navires – chalutiers, navires commerçants, bateaux d’ONG... -  présents dans la zone. Mais en l’absence des ONG en mer, ce sont le plus souvent les garde-côtes libyens qui arrivent les premiers.

C'est ce qui s'est passé mercredi. "Pilotes volontaires" avait alors repéré un bateau pneumatique avec 80 à 100 personnes à bord. "Nous ne sommes pas restés suffisamment longtemps sur place, faute de carburant", explique José Bénavente. "Mais nous avons toutes les raisons de penser que ce sont eux (les gardes-côtes libyens) qui les ont intercepté. Avec ce qu’on imagine par la suite..." Quand les autorités libyennes les récupèrent, ces réfugiés sont placés dans des centres de rétention à leur arrivée.

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"On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas"

"Ce n’est pas satisfaisant du tout", déplore José Bénavente. "Nous connaissons les conditions dans lesquelles ils sont accueillis. Ce sont des tortures, des viols systématiques, des ventes d’être humains pour pratiquer des travaux forcés. Voilà ce qui les attend à leur retour dans cet enfer libyen". Ces conditions de rétention ont d’ailleurs été documentées et dénoncées dans un rapport du Haut-commissariat des Nations Unies pour les droits de l’homme en décembre dernier.

Pour autant, Pilotes volontaires entend continuer à voler coûte que coûte "pour témoigner de ce drame qui continue de se jouer au large des côtes libyennes", explique José Bénavente. "On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas".

Un appel aux dons pour financer l'association

Benoît Micolon et José Bénavente lancent un appel aux dons pour financer leur association et continuer leurs missions en Méditerranée. Aujourd'hui, ils estiment pouvoir voler, avec les moyens qu'ils ont, durant encore un mois et demi, tout au plus. 

Pour faire un don : https://www.pilotes-volontaires.org/fr/accueil/