En Syrie, des contrats humanitaires de l'ONU auraient été octroyés à des proches d'Assad

Des convois humanitaires arrivent dans le ville de Madaya en février 2016. (Archive)
Des convois humanitaires arrivent dans le ville de Madaya en février 2016. (Archive)
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avec AFP , modifié à
Des porte-parole de l'ONU ont indiqué mardi "travailler avec toutes les parties au conflit", car l'organisation agit ainsi "dans toutes les crises".

Pour mener à bien sa mission humanitaire dans le pays, l'ONU a octroyé des contrats de plusieurs dizaines de millions de dollars à des organisations ou des personnes proches du président syrien Bachar al-Assad, affirme mardi le quotidien The Guardian. Le journal britannique indique avoir passé au crible des centaines de contrats passés par l'ONU depuis 2011 et le début du conflit qui a fait plus de 290.000 morts. Selon le quotidien, nombre de ces contrats ont été signés malgré l'existence de sanctions prises par l'Union européenne ou les Etats-Unis à l'encontre de leurs bénéficiaires.

"L'ONU agit ainsi dans toutes les crises". A Genève, des porte-parole de l'ONU ont indiqué mardi "travailler avec toutes les parties au conflit", car l'organisation internationale agit ainsi "dans toutes les crises". Selon Jens Laerke, porte-parole de l'OCHA, l'agence de l'ONU pour les affaires humanitaires, si l'on n'accepte pas le fait que le gouvernement syrien décide avec quelles ONG l'ONU peut travailler, "les agences de l'ONU ne pourraient pas sauver autant de vies, comme elles le font actuellement en acheminant des aides" cruciales pour la population du pays.

13 millions de dollars. Selon le Guardian, l'ONU a ainsi versé plus de 13 millions de dollars au gouvernement syrien pour le développement de l'agriculture bien que l'UE ait interdit le commerce avec les ministères concernés par ces aides. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a de son côté dépensé plus de 5 millions de dollars pour soutenir la banque de sang nationale syrienne, contrôlée par le ministère de la Défense syrien. A ce propos, le porte-parole de l'OMS à Genève a affirmé que l'agence ne "travaille pas directement avec le ministère de la défense". "L'OMS a distribué des poches de sang à la banque de sang syrienne, par l'intermédiaire du ministère de la Santé et du ministère de l'Education supérieure", a-t-il déclaré.

L'épouse et le cousin d'Al-Assad. Deux agences de l'ONU sont également partenaires, à hauteur de 8,5 millions de dollars, du Syria Trust charity, une organisation présidée par l'épouse du président Assad, Asma, indique le quotidien. L'Unicef a versé pour sa part 268.000 dollars à Al-Bustan Association, une organisation caritative contrôlée par Rami Makhlouf, richissime cousin du président, frappé de sanctions, et l'une des figures les plus vilipendées par les opposants du régime.

Un choix de partenaires limités. Interrogés par le journal, des responsable de l'ONU soulignent qu'en raison de la dureté et de la complexité du conflit, le choix des partenaires pour répondre aux besoins humanitaires urgents de la population est nécessairement "limité". "Quand il s'agit de choisir entre fournir des biens ou des services via des entreprises qui pourraient être affiliées au gouvernement ou laisser des civils sans l'aide vitale dont ils ont besoin, le choix est clair : notre devoir est d'aider les civils", déclare un porte-parole de l'ONU cité dans l'enquête du Guardian. 

Un autre responsable onusien souligne toutefois que la situation a créé un certain embarras au sein de plusieurs agences onusiennes préoccupées par l'emprise du régime syrien sur le fonctionnement de l'aide humanitaire.